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Une haltérophile battante dans l’âme : Ketty Lent (16 ans) au chevet de ses parents

Courage, force, détermination… Ce ne sont là que quelques mots pour décrire le quotidien de la jeune leveuse de fonte, Ketty Lent. Entre les séances d’entraînement au centre national de Vacoas, l’adolescente de 16 ans doit s’occuper de ses parents qui sont gravement malades.

Tout comme lors des compétitions d’haltérophilie, Ketty Lent doit faire preuve de courage dans sa vie, tous les jours. La médaillée d’argent aux derniers championnats du Commonwealth doit prendre en charge ses parents. Sa mère, Pierette (61 ans), a été victime d’un accident vasculaire cérébral et souffre aussi d’une paralysie du bras et de la jambe gauche. Son père, Vivian (63 ans), souffre d’une insuffisance cardiaque.

La famille au complet.

Avant de quitter la maison tous les matins, Ketty Lent doit préparer le repas pour ses parents et aussi s’assurer qu’ils ont leurs médicaments pour la journée. « Ma maman mange à peine, mais je prépare le repas pour que mon père puisse lui donner à manger durant mon absence. Des fois, je dois me rendre au marché pour acheter les provisions, et ensuite prendre le bus pour aller à l’entraînement », explique-t-elle.

La jeune haltérophile, qui évolue chez les moins de 58 kg, souligne que sa sœur aînée, Emmanuella Labonne-Lent, a dû revenir à la maison familiale pour lui prêter main forte. « Ma mère ne pouvait plus marcher et cherchait désespérément à voir ma grande sœur.  Malheureusement, elle n’était pas au pays en décembre dernier et à son retour, elle a fait le nécessaire pour être à nos côtés. Mon père ne peut pas faire de gros efforts physiques car il a subi deux interventions chirurgicales au cœur. Ma sœur et moi, nous faisons de notre mieux pour nous occuper de la maison », confie-t-elle.

Allocation de Rs 3 500

Ketty Lent perçoit Rs 3 500 mensuellement de la High Level Sport Unit. Une allocation qui n’a jamais été revue à la hausse par le ministère de la Jeunesse et des Sports, malgré les performances de la jeune haltérophile. La famille Lent habite au cœur du village de Camp-de-Masque-Pavé dans une maison de quatre pièces, qu’elle loue à Rs 5 000 par mois. « Ce n’est pas toujours évident de trouver l’argent à la fin du mois. Heureusement que mes parents touchent une pension qui permet d’arrondir nos fins de mois.

Mon père ne peut plus travailler, alors que ma sœur essaie de nous aider du mieux qu’elle peut », fait-elle ressortir. Malgré tout, Ketty Lent ne baisse pas les bras et veut poursuivre sa carrière de leveuse de fonte. « C’est grâce à ma sœur que j’ai pu intégrer le centre national. Et depuis, je m’entraîne tous les jours pour pouvoir progresser et faire partie de l’élite. L’haltérophilie m’a permis de m’épanouir et aussi de rencontrer des gens qui sont devenus mes amis, à l’instar de Shalinee Valaydon », ajoute Ketty Lent.

Loin des yeux, près du cœur

Même lors de ses séances d’entraînement, Ketty Lent se fait un devoir de prendre des nouvelles de ses parents pendant la journée. « Je reste en contact avec mon papa pour m’assurer que tout va bien. Il y a aussi mes amis qui me soutiennent pendant les entraînements », nous dit Ketty Lent. L’entraîneur national, Ravi Bhollah, précise que la Fédération mauricienne d’haltérophilie (FMH) apporte son soutien à Ketty Lent pour ses frais de déplacement vers le centre national.

« On essaie de l’aider à notre façon. Elle est très attachée à ses parents et demeure une fille exemplaire et une battante », dit-il et d’ajouter : « On a pu constater que des fois, elle  vient s’entraîner sans avoir mangé durant toute la matinée. Elle préfère économiser l’argent provenant de la pension de ses parents pour l’achat des médicaments et les consultations chez les médecins. »

Une lueur d’espoir

La Fédération mauricienne d’haltérophilie a fait une demande auprès du ministère de la Jeunesse et des Sports pour que Ketty Lent puisse bénéficier d’un cours d’alphabétisation. L’haltérophile a arrêté ses études alors qu’elle était en Std IV. « On a pu discuter avec la FMH pour que ma sœur puisse suivre des cours d’alphabétisation. Cela va certainement l’aider à l’avenir.

Ces cours lui permettront de mieux comprendre les démarches administratives et lui serviront dans sa vie de tous les jours », avance Emmanuella Labonne-Lent. Ketty Lent peut aussi compter sur le soutien indéfectible de l’ancienne Sportswoman of the year, Shalinee Valaydon. « Je dois dire que Shalinee a toujours été là pour me  prodiguer de précieux conseils. Elle est comme une autre grande sœur pour moi », avoue Ketty.

Nominée pour les Sports Awards

Ketty Lent figure parmi les nominées pour le titre de ‘Most Promising Sportswoman’ cette année. Aux derniers Jeux des îles en 2015 à La Réunion, elle avait pris la 4e place chez les moins de 58 kg. En 2016, elle est montée en puissance. En effet, elle a ramené la médaille d'argent aux derniers Championnats du Commonwealth Youth, tenus en octobre dernier, en Malaisie. Ketty Lent a aussi établi des records nationaux Espoirs et Youth à l'arraché, à l'épaulé-jeté et au total olympique aux championnats nationaux de décembre.

Elle avait notamment remporté le trophée commémoratif Yvan Pierrot à l'issue de la compétition pour ses performances. Elle fait aussi partie de la présélection qui sera appelée à défendre nos couleurs lors des prochains championnats d’Afrique qui se tiendront en juillet prochain à Maurice.

 

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