Le suivi psychosocial accordé aux prisonniers sous traitement à la méthadone sera réintroduite dans deux semaines. Mais cette fois-ci, le traitement sera entièrement revu. Les détenus seront confrontés à une motivating interview alors qu’un behavioural change program sera dispensé par les représentants des ONG et autres officiers du département Welfare de la prison. Le programme est entièrement financé par le United Nations Office on Drugs and Crime (UNODC).
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«La distribution de la méthadone ne sera pas abolie mais plutôt réorganisée », font ressortir des officiers du département Welfare basés à la prison centrale de Beau-Bassin. Ils expliquent que le département pénitentiaire a imposé des critères stricts en ce qu’il s’agit de l’encadrement destiné aux détenus sous méthadone. Le traitement psychosocial a, selon des recoupements, été suspendu pendant approximativement un mois afin d’être revu. Une « méthode rigoureuse » sera dorénavant appliquée afin que le programme puisse produire les résultats escomptés.
Dans une déclaration au Défi Quotidien Josian Babet, le chargé de communication à la prison, avance que les intéressés sont appelés à signer un contrat médical pour être intégrés au programme. L’une des clauses du contrat est le fait que le détenu doit être incarcéré pour un laps de temps minimal de trois mois. « Une fois cette étape franchie, les prisonniers sont soumis à un programme d’évaluation et ensuite à une motivation interview et c’est ainsi que débute la distribution de la méthadone qui est suivie de l’encadrement psychologique », précise Josian Babet. Et d’ajouter que « le suivi psychosocial comprend deux phases notamment l’aspect médical et paramédical par le médecin de la prison, puis le behavioural program dispensé par des représentants d’ONG et autres Welfare Officers du milieu carcéral ».
La distribution de la méthadone en prison ne semble pas plaire à certains gardiens. Rencontrés à la prison centrale lundi après-midi, ces officiers sont plutôt en faveur des centres de désintoxication au niveau de chaque prison. Cela éviterait, selon nos interlocuteurs, le trafic de méthadone, ou encore de la « méthabave » parmi les détenus.
Plus de 300 patients
Ils sont plus de 300 patients à être inscrits au programme de la méthadone dans les prisons, selon le Principal Health Officer à la prison Cadress Rungen. Un contrôle strict est appliqué par rapport à ce programme qui ne concerne que les usagers de drogues qui se retrouvent à la prison. Avec la collaboration des ONG, ils sont préparés au traitement médical à la méthadone. Il y a, pour les encadrer, toute une équipe composée de médecins, d’infirmiers, d’officiers de la prison et d’un membre d’une ONG. Durant le programme, ceux qui sont sous traitement de méthadone sont coupés des autres détenus. Le nombre de détenus dans ce programme : Beau-Bassin – 128, Melrose – 87, Petit Verger – 71, New Wing – 42 et Female prison – 5. Le traitement est réservé uniquement à ceux qui ont la volonté de sortir de la toxicomanie ou qui étaient déjà sous traitement avant de se retrouver en prison.
Vinod Appadoo : «Trop de détenus suivent ce traitement depuis trop longtemps»
Malgré certaines réserves, le Commissaire des prisons Vinod Appadoo est en faveur du traitement à la méthadone dans les prisons. Mais pour une « durée limitée ». « Je ne suis pas contre le programme de traitement à la méthadone, mais j’aurais préféré une cure de réhabilitation. Un patient ne peut rester sur un tel traitement pendant 10 ans », estime-t-il.
Le Dr Jhugroo, de la Harm Reduction Unit, rétorque que « la méthadone sert, à stabiliser le patient afin qu’il ne se retrouve pas en situation de manque. Mais même si le traitement n’a pas une durée définie, chaque patient est encouragé à arrêter le traitement à travers une diminution graduelle de la dose », dit-il.
Quid de ceux qui s’adonnent au trafic de méthadone ? « À travers l’encadrement offert pour ce programme, il est facile de déceler les fraudeurs. » Selon lui, il y a un protocole qui doit être observé pour s’assurer que chaque patient a bien avalé son médicament. « À la prison il est encore plus facile de faire la vérification. »
Saoud Muthy, psychothérapeute et Program Executive à l’Organisation non-gouvernementale Kinouété, affirme que le traitement de substitution à la méthadone est généralement proposé pour une durée de six mois. Passé cette première phase du traitement, le patient est encouragé à sortir du programme. « Pour ceux qui ont été dans la drogue pendant de longues années, il est très difficile d’arrêter le traitement », dit-il. D’où l’importance de l’encadrement psychosocial qui accompagne le programme de méthadone.
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