Un prévisionniste amateur à la Météo : un dangereux précédent, selon les syndicalistes Peerun et Sadien

Le météorologue amateur Afzal Goodur propose bénévolement ses services pour améliorer les prévisions météorologiques. Les représentants syndicaux soulignent de leur côté l’importance des qualifications pour se joindre aux Mauritius Meteorological Services.

Un météorologue amateur n’a pas sa place aux Mauritius Meteorological Services (MMS), qui comptent en son sein des professionnels qualifiés en météorologie et qui ont l’expérience nécessaire pour exercer leur métier. C’est ce qu’estiment Haniff Peerun, président du Mauritius Labour Congress (MLC), et Radhakrishna Sadien, président de la State and Other Employees Federation (SEF).

 Ils répondent à la proposition d’Afzal Goodur qui voulait intégrer la station météo nationale en tant que consultant pour les prévisions météorologiques. Les deux syndicalistes s’accordent à dire qu’Afzal Goodur devrait rester à sa place en tant que passionné de la météorologie. Ils ne s’opposent pas à ce qu’il partage ses prévisions sur les réseaux sociaux où il s’est fait une renommée. 

Prévisions

Adulé par de nombreux Mauriciens, Afzal Goodur a avancé qu’il voulait épauler les MMS pour ses prévisions. Malgré son statut de météorologue amateur, il croit fermement pouvoir aider l’organisme. Passionné de météorologie depuis son enfance, Afzal Goodur souhaite ainsi aller au-delà du partage de ses prévisions sur les réseaux sociaux. « Je ne cherche aucun honneur en aidant les MMS. Je suis disposé à apporter mon aide bénévolement », déclare-t-il.

En tant que consultant, il propose de comparer les notes de l’organisme avec ses propres observations avant que les MMS ne publient ses bulletins. Il indique que c’est la station de Vacoas qui aura le dernier mot en tant qu’autorité responsable de la météorologie nationale. L’organisme devra cependant assumer ses responsabilités si les observations d’Afzal Goodur ne sont pas prises en considération. Il devra aussi le faire si le public considère que les prévisions de ce dernier sont plus précises que celles des MMS, fait-il observer. 

Qualifications

Selon un professionnel du métier, le diplôme de base pour être météorologue est une licence en physique, en mathématiques ou en ingénierie. Une fois sélectionné comme météorologue stagiaire, le titulaire est envoyé à l’étranger pour suivre un cours en météorologie, équivalent à un diplôme d’études supérieures en météorologie. Ce cours est principalement dispensé en Inde pendant une année.

Pour Haniff Peerun, il faut avoir les bagages académiques et la formation nécessaire pour prétendre travailler aux MMS. « C’est vrai que les MMS ont fait preuve de certaines lacunes ces derniers temps, mais il faut aussi savoir que la météorologie n’est pas une science exacte », dit-il. Il ajoute que c’est aux MMS d’améliorer ses prévisions et de ne pas permettre des ingérences politiques. « Comment un amateur peut-il donner des conseils à des professionnels ? Ça n’a pas de sens », fait ressortir le président du MLC.

Selon les deux syndicalistes, si sous la pression populaire, un amateur intègre les MMS, un organisme gouvernemental, ce sera un dangereux précédent. Ils expliquent qu’un nominé politique qui n’a pas les qualifications requises ne peut faire partie d’un organisme au détriment de personnes qui ont les compétences requises.

Pour Radhakrishna Sadien, les MMS ont des liens avec d’autres organismes, dont l’Organisation mondiale de la météorologie. De ce fait, n’importe quelle personne ne peut prétendre offrir ses services. Si c’était le cas, on pourrait placer n’importe qui n’importe où, fait remarquer le président de la SEF. Cependant, il plaide pour que les personnes qui ont l’expertise nécessaire collaborent avec les MMS ou le National Emergency Operations Command. C’est dans l’intérêt national du pays et pour la sécurité de la population, indique-t-il. 

Volonté

 Pour Afzal Goodur, les certificats ne signifient rien. Selon lui, c’est l’intelligence qui prime et c’est ce qui est le plus important. « Quelqu’un qui ne détient pas de certificat et  qui n’a pas fait de grandes études peut devenir millionnaire avec de la volonté », fait-il remarquer.