Un navire chargé d'aide pour Gaza attaqué par des drones au large de Malte

Des militants de la cause palestinienne qui acheminaient de l'aide vers la bande de Gaza, soumis au blocus total d'Israël depuis deux mois, ont vu un de leurs navires attaqué par des drones vendredi au large de Malte.

Les militants de la Flottille de la Liberté ont dit "soupçonner" Israël d'être à l'origine de cette attaque, qui n'a pas fait de blessés, tandis que les services de secours de Chypre ont déclaré avoir été informés par les autorités de l'île d'une frappe de drone israélienne.

L'armée israélienne, contactée par l'AFP, n'a pas fourni d'information.

"A 00H23, heure maltaise (22H23 GMT), le Conscience, un navire de la Coalition de la Flottille de la liberté, a été directement attaqué dans les eaux internationales", a annoncé l'organisation.

"Des drones armés ont attaqué l'avant d'un navire civil non armé à deux reprises, provoquant un incendie et une importante brèche dans la coque", a-t-elle ajouté, appelant à convoquer les ambassadeurs israéliens pour "répondre des violations du droit international, y compris le blocus en cours et le bombardement de notre navire civil dans les eaux internationales".

En début d'après-midi, après l'intervention des secours maltais et chypriotes, notamment pour éteindre l'incendie, la porte-parole en France de la Flottille de la Liberté a indiqué à l'AFP que les personnes à bord du bateau n'étaient plus en danger.

"Le feu provoqué par la première frappe est circonscrit, le trou dans la coque colmaté. L'eau n'entre plus", a déclaré Claude Leostic.

Israël mène régulièrement des opérations de renseignement au-delà de ses frontières, dont plusieurs depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza en octobre 2023, que les autorités n'ont admises que plus tard.

La Flottille de la Liberté, fondée enen 2010, est un mouvement international non-violent de solidarité avec les Palestiniens, avec une dimension humanitaire et de plaidoyer politique contre le blocus de Gaza.

Selon ses militants, l'électricité a été coupée sur le navire après l'attaque qui semblait viser le générateur.

Après le lancement d'un signal de détresse, Malte a dépêché un remorqueur sur place qui a permis de circonscrire l'incendie une heure après l'attaque "à 01h28" (23h28 GMT) selon un communiqué maltais.

Le secours en mer chypriote a aussi répondu présent. Le centre de Larnaca a indiqué avoir "été informé par le ministère chypriote des Affaires étrangères qu'un bateau susceptible de transporter de l'aide humanitaire vers Gaza avait été visé par un missile tiré par un drone israélien dans la zone de recherche et de sauvetage de Malte".

Un bateau chypriote est venu aider à éteindre l'incendie, selon ce communiqué.

- "Attaque d'un navire civil" -

Des militants de plusieurs pays, notamment des Turcs, se trouvent à bord du navire, participant à ce qu'ils appellent une "mission pour contester le blocus illégal et meurtrier de Gaza imposé par Israël et pour livrer une aide humanitaire vitale, désespérément nécessaire".

Israël impose depuis le 2 mars un blocus total sur l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza et les opérations humanitaires à Gaza sont "au bord de l'effondrement total", selon le Comité international de la Croix-Rouge.

La Turquie a condamné l'"attaque d'un navire civil" et appelé à "toutes les initiatives nécessaires pour faire le plus rapidement possible toute la lumière sur l'attaque et en juger les auteurs", selon le ministère turc des Affaires étrangères.

En 2010, Israël avait lancé un assaut meurtrier contre un navire d'une flottille internationale d'aide humanitaire venant de Turquie pour tenter de briser le blocus israélien imposé à Gaza, faisant dix morts et 28 blessés parmi les militants.

Vendredi, le Hamas a dénoncé "un acte de piraterie et du terrorisme d'Etat".

La guerre à Gaza a été déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque du mouvement palestinien contre Israël, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Selon des chiffres publiés jeudi par le ministère de la Santé du Hamas, 52.418 Palestiniens ont été tués depuis le début de la guerre, dont au moins 2.326 depuis qu'Israël a mis fin le 18 mars à deux mois de trêve.

© Agence France-Presse