Un mois de prison pour avoir fauché un cycliste : le DPP conteste l’indulgence de la magistrate

Neuf jours après l’énoncé du verdict, le Directeur des poursuites publiques réagit. Il a déposé trois points d’appel pour contester la condamnation à un mois de prison infligée par la cour intermédiaire à Dheeraj Takooree. Ce dernier, qui conduisait en état d’ivresse, avait renversé trois cyclistes en mai 2012. L’un est décédé et un autre est tétraplégique.

Le Directeur des poursuites publiques (DPP) a déposé, le 27 juillet 2018, trois points d’appel pour contester la condamnation à un mois de prison infligée, le 18 juillet par la cour intermédiaire, à Dheeraj Takooree. Cet homme de 45 ans a été jugé coupable d’homicide involontaire par imprudence.

Il a également écopé d’une amende de Rs 120 000 et son permis de conduire a été suspendu pour une période de trois ans. Il a aussi été reconnu coupable d’avoir refusé de rapporter l’accident, de conduite en état d’ivresse et de deux accusations d’involuntary wounds and blows.

Le lundi 30 juillet 2018, Dheeraj Takooree a été remis en liberté conditionnelle, en attendant que son appel soit entendu en Cour suprême. Une condition à sa remise en liberté est qu’il devra se présenter trois fois par semaine au poste de police de sa localité, soit les lundis, les mercredis et les samedis, entre 6 heures et 18 heures.

Dans ce même procès, sa compagne Sabita Padaruth, 53 ans, a, elle, écopé d’une amende de Rs 10 000 pour ne pas avoir porté assistance aux blessés. Toutefois, dans son cas, le DPP n’a pas fait appel.

Les trois points d’appel du DPP ont été rédigés par Karen Parson, State Counsel. Celle-ci soutient que primo la cour intermédiaire était indûment indulgente ; secundo, elle n’a pas tenu compte de la gravité des délits commis par Dheeraj Takooree, des circonstances et des conséquences de cette affaire ; et tertio, la Cour n’a pas infligé une sentence appropriée vu la gravité des délits. Car Dheeraj Takooree a agi inconsciemment en conduisant alors qu’il était ivre.

De plus, il a un long casier judiciaire pour des délits routiers. En attendant que l’appel soit entendu en Cour suprême, la cour intermédiaire a gelé, le 27 juillet 2018, le verdict infligé par cette instance à Dheeraj Takooree le 18 juillet 2018.

L’accident de la route a eu lieu, il y a six ans, soit le 10 mai 2012. Neuf cyclistes pédalaient sur l’autoroute de Nouvelle-France en direction de Curepipe lorsque la voiture conduite par Dheeraj Takooree a percuté trois d’entre eux : Jérôme Joseph Alain Tennant, Philippe Barthelemy Colin et David Bathfield, respectivement âgés de 38, 31 et 59 ans à l’époque.

Dheeraj Takooree avait un taux d’alcool de 78 milligrammes dans le sang. Il roulait à 80 km/h. Il a perdu le contrôle de son véhicule et a fauché les trois cyclistes. Jérôme Joseph Alain Tennant a été traîné sur une distance de 400 mètres. Il est mort sur le lieu de l’accident. L’autopsie, pratiquée par le Dr Salim Saib, a conclu que Jérôme Joseph Alain Tennant est décédé de ses multiples blessures.

Après l’impact, Dheeraj Takooree ne s’est ni arrêté, ni n’a porté secours aux blessés. Il a pris la fuite. À l’issue du procès, sa compagne et lui avaient plaidé coupable. Ils avaient aussi présenté des excuses.

Gérard Chasteau de Balyon, beau-frère de David Bathfield : « Nous avons confiance en la justice »

Gérard Chasteau de Balyon, le beau-frère de David Bathfield, s’était indigné de la sentence que la Cour avait infligée à Dheeraj Takooree. Il se dit satisfait de la démarche du Directeur des poursuites publiques (DPP) de faire appel. Sollicité pour une réaction, Gérard Chasteau de Balyon dit avoir eu raison de croire en le DPP. D’autant qu’au lendemain du verdict, il lui avait écrit une lettre réclamant justice dans cette affaire. « Je le félicite pour cette action. Nous attendons dorénavant de manière sereine que la justice suive son cours. Nous sommes dans un état de droit et nous avons confiance en la justice », affirme-t-il.