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Un métier en voie de disparition - Swalay : «Je ne regrette pas d’avoir choisi cette voie»

Mohammad Swalay Oozeer

Autrefois nombreux, aujourd’hui, les tailleurs ou encore les couturiers se font rares. Peut-on conclure pour autant que ce métier est en voie de disparition ? Le prêt-à-porter, l’habitude de racommoder ses vêtements ou de les coudre soi-même, ou encore la facilité, de nos jours, de les commander en ligne à des coûts moindres, sont autant d’éléments qui indiquent que ce métier est en danger.

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Mohammad Swalay Oozeer, un habitant de la rue Inkerman à Port Louis, est couturier depuis 48 ans. Nous le rencontrons dans son atelier, un endroit discret, sans enseigne. Le tailleur y travaille avec son épouse et une employée. « Au début, il y avait huit personnes qui travaillaient avec moi. Aujourd’hui, nous ne sommes plus que trois à faire fonctionner l’atelier », explique Swalay. Ce père de deux fils déplore que ces derniers ont choisi de poursuivre leurs études et ne s’intéressent guère à son métier.

Ses débuts

C’est à l’âge de 13 ans que Mohammad Swalay Oozeer débute dans ce métier. Issu d’une famille modeste, il a été obligé de quitter l’école pour subvenir aux besoins de sa famille. Il a appris ce métier de son oncle, qui faisait de la couture à la maison. « Jadis, nous n’avions pas les moyens et c’était plus facile d’arrêter l’école et d’apprendre un métier », raconte-t-il.

À l’âge de 25 ans, Swalay décide d’ouvrir son propre atelier chez lui. « À cette époque, le métier était en pleine expansion et les commandes pleuvaient », se souvient-il. Ainsi, ses activités se sont rapidement développées. Il fabriquait des vêtements pour les magasins, de la literie pour les hôtels et des vêtements haut de gamme sur mesure.

« À partir de l’an 2000, avec l’essor du prêt-à-porter importé de Chine, le nombre de commandes a commencé à diminuer. C’était une situation très perturbante. Par contre, durant les périodes de fête, il y avait beaucoup de travail. De plus, les clients fidèles continuaient à nous faire confiance. De nos jours, le travail a changé radicalement. La jeune génération préfère les vêtements de marque. Ils entrent dans un magasin et en ressortent avec le vêtement de leur choix. Par contre, avec moi, tout se fait sur commande », explique Swalay.

La modernisation

Pour rester dans la course, Swalay a modernisé son travail. Dans son modeste atelier, il regarde défiler sur sa tablette les commandes qu’il reçoit à travers WhatsApp. « Beaucoup de mes clients recherchent la touche unique, exceptionnelle et de qualité. Ils repèrent les modèles dans des films, des magazines ou portés par des chanteurs. Puis, ils viennent avec leurs photos ou me les envoient et me commandent les modèles choisis. De ce fait, je me plie à leur volonté. Satisfaits d’avoir le modèle unique, ils reviennent par la suite pour passer d’autres commandes et ainsi de suite », raconte joyeusement Swalay. « Dans les magasins, tous les vêtements sont déjà cousus, mais la qualité n’est pas la même. De plus, comme ils sont produits à grande échelle, l’originalité est absente », souligne notre interlocuteur.

Grâce à sa longue expérience, Swalay reçoit régulièrement des personnalités qui lui sont fidèles. « Mes clients sont, certes, compliqués par moment, mais je prends beaucoup de plaisir à confectionner leurs vêtements. Parfois, le client me montre trois photos pour en faire qu’un vêtement », explique-t-il.

Kaviraj : « Le métier demande une reconversion »

kavirajKaviraj Parsuramen, âgé de 63 ans, tient un magasin situé dans le village de Goodlands. Ce « tailleur » de profession s’est vu dans l’obligation de réinventer son métier en ouvrant un magasin il y a 7 ans. « Au fil des années, j’ai constaté que les commandes de longue durée ne marchent plus, car le client d’aujourd’hui est pressé et ne veut plus attendre pendant des jours, voire des semaines, que sa commande soit prête », explique Kaviraj.

Aujourd’hui, pour y faire face, le père de famille, avec l’aide de trois autres couturiers, propose des vêtements déjà cousus. Son astuce pour conserver sa clientèle est de leur livrer les vêtements en 2 heures au maximum. « Je ne couds plus. À la place, je gère mon magasin. Les vêtements sont confectionnés par mes trois couturiers. Le client choisit les vêtements en magasin et nous les ajustons, selon la demande, en 2 heures au maximum », explique-t-il.

La clairvoyance de Kaviraj a porté ses fruits. En effet, il a vu juste puisque les clients se ruent dans son magasin. Avec un minimum de Rs 2500, le client peut se permettre de s’offrir une veste et un pantalon, comme chez le tailleur.

 

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