Qu’est-ce qui peut expliquer le retrait soudain d’un médicament très prisé du marché local ? La Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM) avance plusieurs hypothèses pour expliquer cela.
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Une mère de famille rapporte que le Lamictine, un médicament qu’elle a recours pour traiter les crises d’épilepsie de sa fille de 10 ans, n’est plus disponible sur le marché local. Du moins, pas le grammage voulu. En fait, la rupture de stock est déjà une réalité.
Pour elle, c’est un choc. Car selon des médecins de l’île Maurice comme de La Réunion qu’elle a consultés, le Lamictine est le meilleur médicament pour contrôler les crises de sa fille. D’ailleurs, depuis que cette dernière prend ce médicament, elle n’a pas eu de crise au cours de ces deux dernières années. Les médecins lui ont donc conseillé de ne pas changer de médicament.
Suite à notre petite enquête, nous avons appris que trois grossistes importaient ce médicament. L’un d’eux a expliqué que c’est le laboratoire qui fabrique ce médicament qui a pris la décision de ne pas l’exporter vers Maurice, et cela pour des raisons inconnues. On ne connaît pas la raison véritable derrière cette décision, nous a-t-on fait comprendre.
Pour faire la lumière sur ce cas, la rédaction s’est tournée vers Nuvin Jugessur, le président de la PAM.
Pharmaco-vigilance
« Si un produit n’est plus disponible sur le marché local, il y a plusieurs facteurs qui peuvent en être la cause. La première raison est au niveau du laboratoire qui fabrique le médicament. Cela peut avoir quelque chose à faire avec un ingrédient actif du produit ou encore peut-être que la molécule a été vendue à un autre laboratoire. Durant cette phase de transition, s’il y a un mauvais ‘ forecast ’, le produit va disparaître du marché. Ceci pour éviter un risque, dans un souci de pharmaco-vigilance », explique Nuvin Jugessur.
Marché lucratif ou peu rentable
Nuvin Jugessur poursuit : « Autre situation possible, c’est si la molécule a été effectivement vendue à un autre laboratoire, l’acquéreur pourrait ne pas être intéressé par le marché mauricien. Une question d’appréciation de la chose lucrative : on pourrait estimer que Maurice n’est pas un business-oriented area. »
Et d’ajouter : « Statistiquement, Maurice, en ce qui concerne l’épilepsie, c’est un 1 % de la population. 50% de ceux affectés finissent par guérir. 30% prendront les médicaments à long terme avant d’être guéris. 20% seulement resteront éternellement sur le traitement. Donc, c’est malheureux pour le volume des patients, mais c’est un fait. Si ce n’est pas lucratif pour le laboratoire, il ne voudra pas rester sur le marché mauricien. »
Effets secondaires
Nuvin Jugessur avance une autre raison. « Pour revenir à l’aspect risque de pharmaco-vigilance, nous avons un souci avec les pays d’Afrique, Maurice y compris, pour ce qui est des rapports sur les effets secondaires. Rappelons que c’est ce domaine qui est le plus réglementé après celui de l’aviation. Le rapport ira jusqu’à la maison-mère et des institutions internationales pourraient poursuivre au pénal le laboratoire en question. Peut-être pas en Asie, mais des laboratoires ont été poursuivis au pénal aux États-Unis. Pour éviter de telles situations, le laboratoire concerné préférera se retirer du marché. »
Patient Basis
Dans le cas cité ici, le président de la PAM avance qu’il est possible de prendre contact directement avec le ministère de la Santé pour obtenir une prescription au nom de sa fille où seront mentionnés la quantité, le volume du médicament ainsi que la durée du traitement. Ainsi, avec l’aval du ministère, le médicament pourra être importé directement. Un grossiste pourrait aider le demandeur en ce sens. Le prix sera certainement plus cher vu les frais.
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