Ce garçon de dix ans avait été arrêté, dimanche dernier, pour vol avec violence sur un adolescent de 15 ans. Il a été transféré au Rehabilitation Youth Centre de Beau-Bassin, vendredi. Un case conference, regroupant parents et officiers de la Child Development Unit, est prévu mardi au siège de l’Ombudsperson for Children pour le « libérer » et le placer au foyer Père Laval.
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Incursion du Défi Plus dans l'univers d'un gamin, âgé de dix ans, à qui on reproche d'avoir commis un vol avec violence sur un adolescent de 15 ans. Le petit garçon a été placé en détention pour ce délit.
« Mon fils n'est pas un voleur. Difficile de croire qu'il soit coupable d'un tel acte », martèle le père de l'enfant. Rencontré aux abords de la cour de Pamplemousses, l'ouvrier confie que « certes, mon fils est turbulent mais pas au point d'agresser quelqu'un à l'arme blanche. »
Des propos que confirment des membres de Caritas Solitude où le petit garçon allait régulièrement. Ils évoquent tous un enfant qui a le coeur sur la main mais qui manque d'encadrement familial.
L'enfant a été jugé coupable d'agression sur un adolescent de 15 ans. Il a été placé dans un centre de détention pour mineurs à Richelieu, faute de pouvoir s'acquitter d'une caution de Rs 10 000.
Le père soutient avoir voulu payer ladite somme, dimanche, après l'arrestation de son fils. « J'avais assez d'argent sur moi pour payer la caution. Mais sa mère a demandé aux autorités de le placer dans un centre d'enfermement. Elle dit qu'elle n'en peut plus de ses agissements », allègue-t-il.
« Quand je me suis séparé de ma femme, j'ai emmené mon fils avec moi. Après sa confirmation en février, il est parti vivre avec sa maman à Plaine-des-Papayes », ajoute le père. « Je n'ai jamais frappé mon fils. Mes quatre enfants n'ont manqué de rien avec moi. »
Transféré au Rehabilitation Youth Centre (RYC) de Beau-Bassin depuis vendredi, des démarches sont en cours afin de libérer le petit garçon.
« Une fois libre, il sera placé sous ma responsabilité. J'entamerai les démarches pour le mettre au foyer Père Laval à Port-Louis », confie le père.
«Perte de repères»
Selon les membres de Caritas Solitude, il s'agit d'un enfant généreux. « Sa mère nous l'a présenté alors qu'il navait que six ans. La Child Development Unit avait été informée de la situation. Nous avons fait de notre mieux pour l'encadrer. Chaque matin, il prenait le petit-déjeuner chez nous. Il participait régulièrement aux sorties que nous organisions. »
Étant l'aîné de sa famille, le petit garçon était très protecteur vis-à-vis de ses deux frères et de sa sœur, dit les membres de l'ONG. Il participait aux tâches ménagères dans la bicoque où il vivait. Sa famille habitait « une maisonnette » détruite peu de temps après la séparation des parents. Selon nos sources, la mère est partie vivre à Plaine-des-Papayes, en mars, avec trois de ses enfants.
«Un Enfant pas comme les autres»
« Le petit est en manque d’affection et d’amour de ses parents. C’est un enfant perdu et malheureux. Il se sent mal dans sa peau et n’a aucun repère. Il était très obéissant et à l’écoute en notre présence. Il agissait toujours comme un grand. Mais il sautait aux yeux qu’il recherchait l’attention des autres. Nous en concluons qu’il souhaite obtenir à tout prix ce qu’il ne peut pas s’offrir. Cela peut-être l’une des raisons qui aurait pu l'inciter à voler », indiquent les membres de l’ONG. « Seule une famille d’accueil pourrait le remettre sur les rails. »
Au niveau de l’école que fréquentait l’enfant, la direction s’est montrée évasive quant aux questions du Défi Plus. Les responsables ont déclaré : « Ce n’était pas un enfant comme les autres. Il était turbulent et ses performances étaient below the average ».
Des proches de la famille concèdent que le petit avait un « comportement atypique », mais ils digèrent mal le fait qu’il ait pu attaquer une personne pour la dépouiller. « Il n’est pas méchant. Il est turbulent comme tous les enfants de son âge ! »
Rouben Mooroongapillay : «Le petit aura un examen psychologique»
L’avocat a accepté de défendre l’enfant Pro Bono, jeudi. Me Rouben Mooroongapillay explique que le père a accepté de prendre l’enfant à sa charge, vu que les parents sont séparés. « Le père a consigné une déclaration au poste de police de Plaine-des-Papayes, vendredi. Il a déposé une motion en cour de Pamplemousses pour que son fils soit relâché sous caution. Le case conference qui se tiendra mardi au bureau de l’Ombudsperson for Children décidera de la marche à suivre. L’enfant aura probablement un examen psychologique », affirme l’avocat.
Le Commissaire des prisons injoignable
Difficile d’obtenir, à vendredi soir, une déclaration du Commissaire des prisons, Vinod Appadoo. Ce dernier a été sollicité à maintes reprises par Le Défi Plus, mais en vain. Dans de précédentes déclarations à notre hebdomadaire, il avait exprimé son désarroi quant à la détention de mineurs (es) dans les Rehabilitation Youth Centres (RYC) et Correctional Youth Centres (CYC) gérés par le milieu carcéral.
L’Ombudsperson for Children : «Il ne comprend pas ce qui lui arrive»
Rita Ventakasawmy, défenseur des droits de l’enfant, déclare que « l’enfant de 10 ans mérite un suivi psychologique intensif ». L’Ombudsperson soutient qu’elle rencontrera le Commissaire des prisons, Vinod Appadoo, la semaine prochaine pour évoquer cette détention.
« Nous avons rendu visite à cet enfant dans le courant de la semaine. Nous voulions nous assurer de ses conditions de détention et du respect de ses droits. L’enfant ne comprend pas ce qui lui arrive. Il est complètement perdu. En manque de repères, il est à la fois réceptif et perdu. Je n’ai pas encore établi de bilan pour l’heure. Mais, il faut faire de sorte à ce que cet enfant bénéficie d’un suivi psychologique », a déclaré Rita Venkatasawmy.
Elle confirme que la rencontre prévue avec le Commissaire des prisons vise à « entamer des discussions pour trouver un encadrement approprié à cet enfant. » « Ce garçon est le plus jeune détenu du centre de réhabilitation. Nous devons respecter les droits des enfants en conflit avec la loi ou la société, dans un contexte difficile, avec des ressources limitées. C’est pourquoi, le gouvernement doit adopter le Children’s bill. Il est temps de définir l’âge de la responsabilité criminelle à Maurice », martèle-t-elle.
« La famille a besoin d’aide pour mieux encadrer cet enfant. Hélas, Maurice ne possède pas suffisamment d’éducateurs spécialisés. Les encadreurs apprennent le métier sur le tas. Il faudrait des personnes formées pour encadrer les enfants qui font face des troubles graves », dit-elle.
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