Un ancien toxicomane de 27 ans a récemment soulevé des préoccupations sérieuses concernant la qualité de la méthadone, un médicament essentiel dans le traitement de la dépendance aux opioïdes. Selon lui, la substance serait diluée et les flacons utilisés ne sont pas scellés. Les autorités concernées ont ouvert une enquête.
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Son témoignage met en lumière les problèmes persistants auxquels sont confrontés les patients sous traitement de méthadone, lesquels pourraient compromettre leur rétablissement et leur réintégration dans la société.
Stéphane, qui a lutté contre sa dépendance pendant des années, a finalement été admis au programme de méthadone il y a deux mois. Cependant, depuis quelques semaines, il a remarqué des changements troublants dans la qualité du médicament qui lui est fourni.
Chaque matin, à 7h30, il se rend au poste de police d'Eau-Coulée pour recevoir sa dose de méthadone. Toutefois, depuis ces deux dernières semaines, il a remarqué que la méthadone n'est plus aussi concentrée qu'auparavant et semble avoir été diluée avec de l'eau. « Auparavant, le liquide était plus concentré et plus sombre en couleur. Quand je le prenais le matin, cela me permettait de ne pas ressentir les symptômes de manque pendant 24 heures. Mais ces deux dernières semaines, le liquide dans le flacon est devenu plus clair et moins concentré. Au bout de huit heures, je ressens déjà les symptômes du manque, dit fatyen, et je suis obligé de me droguer à nouveau parfois », relate-t-il.
Cette situation l'a contrainte à se tourner vers d'autres substances, y compris des drogues synthétiques, pour apaiser ses douleurs. Lorsqu'il ressent le manque, il éprouve des douleurs atroces.
Stéphane dit avoir déjà signalé le problème à l'officier responsable du centre de distribution de méthadone à Eau-Coulée et à la police. D’autres toxicomanes sous méthadone ont également exprimé leurs préoccupations.
alheureusement, indique Stéphane, il a été confronté à des réponses méprisantes et à un manque de prise en compte de ses préoccupations. « Si to pa kontan, pa pran li. Nou pa pou kapav fer nanyn. Nou gagn li koumsa mem. Li sorti direk dan la famasi minis. Ale lavan si to envi », confie-t-il.
Outre la qualité de la substance, Stéphane a également remarqué que les flacons de méthadone étaient souvent ouverts avant même qu'il ne les utilise. En effet, le sceau sur le bouchon de la méthadone a déjà été retiré. Cette situation soulève des questions quant à l'intégrité du processus de distribution et suscite des doutes quant à la provenance des flacons ouverts. Selon lui, le prix d'un flacon de méthadone sur le marché noir avoisine les Rs 1 200, alors que dans le passé, son prix était de Rs 200. Avant de commencer le traitement, il en avait lui-même acheté pour soulager ses douleurs lorsqu'il était en manque, ce qui indique clairement une demande croissante pour ce médicament.
Devant l'ampleur du problème, Stéphane a contacté le centre Dr Bouloux à Cassis, chargé de superviser la qualité de la méthadone distribuée à Eau-Coulée. Malheureusement, ses préoccupations ont été balayées d'un revers de main, un officier affirmant ne rien savoir de ces problèmes. « J'ai exprimé mes préoccupations, mais les responsables m'ont dit que le produit était scellé et contrôlé depuis la pharmacie du ministère, et qu'il était livré dans les points de distribution », déclare-t-il.
Face à ces révélations alarmantes, le ministère de la Santé a annoncé que l'affaire serait confiée au Programme de Réduction des Méfaits (Harm Reduction Programme) pour une enquête approfondie. L'objectif est de déterminer si les protocoles de distribution de la méthadone sont respectés et d'évaluer la qualité du médicament fourni aux patients.
Il est important de souligner que 7 500 personnes sont actuellement sous traitement à la méthadone à Maurice, dont environ 400 femmes.
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