Joseph Marion, 63 ans, qui habite Quatre-Bornes mais qui fait des va-et-vient entre Maurice et Rodrigues, est écrasé par un énorme poids financier. Cet entrepreneur a frappé à toutes les portes pour essayer de s’en sortir, en vain.
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En 2014, la DBM Rodrigues avait approuvé un prêt de Rs 2,1 millions en faveur de Joseph Marion. Le but de l’emprunt : « For the purchase of building/renovation/equipment and working capital ». Le bâtiment en question a été construit par celui dont le bail, accordé par l’Assemblée régionale de Rodrigues (ARR), était à son nom, un certain C.C.S.C. Ce dernier a vendu le bâtiment à Joseph Marion, qui lui a fait un premier versement de Rs 100 000, puis un second de Rs 300 000 l’année suivante.
Le manager de la DBM Rodrigues a alors demandé à l’acquéreur que le futur ex-propriétaire du bâtiment signe un « pledge » mentionnant que le bail serait transféré au nom de Joseph Marion. La démarche a été effectuée. Ensuite, l’entrepreneur a commencé à investir dans le bâtiment, soit Rs 2,5 millions de son propre argent et non de celui venant de l’emprunt puisqu’il ne l’avait pas reçu.
À un moment, il a voulu louer le bâtiment à une tierce personne. C’est alors qu’il a appris que la construction s’était faite sans permis !
Comme le bail se terminait en 2019, la DBM Rodrigues a exigé que Joseph Marion fasse le nécessaire pour le prolonger. Ce qui a été fait. Entre-temps, la DBM a révisé le montant du prêt, le ramenant à Rs 1,7 million. L’entrepreneur n’ayant pas le choix, il a accepté.
Nouvel obstacle : la DBM a réclamé, en gage de sécurité, un « pledge » de la part de l’ARR. « Malheureusement, l’assemblée régionale ne veut rien entendre », soupire Joseph Marion.
Ainsi, tout est bloqué. Pas d’emprunt et impossible de louer le bâtiment. En plus, il a perdu pas mal d’argent. Et comme le propriétaire a maintenant entamé une action en justice contre Joseph Marion pour non-respect d’engagement, il lui paie Rs 10 000 chaque mois depuis 2016 pour que le bâtiment ne soit pas saisi.
Pour être mieux éclairé sur ce problème, « Explik ou ka » (EOK) a contacté l’ARR. Cette dernière affirme avoir tout expliqué à Joseph Marion dans une correspondance qu’elle lui a adressée le 17 aout 2022 et que ce ne serait pas élégant de sa part de venir discuter de tout cela en public. En clair, l’ARR a déjà fait savoir à l’entrepreneur pourquoi elle ne peut pas lui remettre le « pledge » qu’il cherche à obtenir.
Sous certaines conditions
EOK a aussi écouté Jaywant Pandoo, le Managing Director de la DBM. Il a déclaré : « Toute personne qui souhaite faire un emprunt auprès d’une institution financière passe d’abord par une ‘letter of offer’. Cela ne veut pas dire que le prêt est approuvé mais que l’institution financière est disposée à l’accorder sous certaines conditions. Dans le cas de ce monsieur, le terrain sur lequel le bâtiment a été construit n’appartient pas à lui mais à l’ARR. En plus de cela, il y a d’autres choses qu’il n’a pas encore finalisées. L’accord existant, qu’il a lui-même signé avec l’ARR, contient une section qui stipule qu’à tout moment, s’il a recours à un financement, il doit au préalable obtenir l’aval de l’ARR. C’est primordial. Cela dit, la DBM est au courant que le monsieur n’a pas respecté certaines conditions. Donc, ce n’est pas correct de sa part de dire qu’il n’arrive pas à obtenir l’emprunt qu’il a demandé à la DBM. »
Jaywant Pandoo rappelle que Joseph Marion a déjà manifesté devant le siège de la DBM pour dire que la banque choisissait à qui elle voulait bien accorder un prêt. Tel n’est pas le cas, assure-t-il. « La DBM est là pour gérer le portefeuille du peuple et d’une manière correcte. » Il souligne que la DBM est prête à accorder un prêt à Joseph Marion s’il satisfait tous les critères. En même temps, il rappelle qu’une « letter of offer » n’est pas de durée illimitée. Ce qui explique pourquoi la première offre a été annulée et remplacée par une deuxième. « Si M. Marion obtient le ‘pledge’ de l’ARR que la DBM exige, nous verrons ce que nous pouvons faire pour lui. Il ne lui sera pas nécessaire de faire une nouvelle demande », indique Jaywant Pandoo.
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