
- Les bandits toujours dans la nature
- Insécurité : le Ward 4 tire la sonnette d’alarme
Un sentiment d’insécurité s’est intensifié au Ward 4, à Port-Louis, après une violente attaque à main armée survenue dans la nuit du samedi 4 octobre. Des individus cagoulés et gantés, circulant à bord d’une voiture volée à Pétrin quelques heures plus tôt, ont minutieusement ciblé et agressé un couple d’entrepreneurs bien connu du quartier.
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Ahmed (prénom modifié), 55 ans, a été grièvement blessé au sabre en tentant de protéger son épouse, gérante du restaurant familial. Il doit son salut à l’intervention rapide de ses voisins, face à laquelle les assaillants ont pris la fuite. Presque une semaine après les faits, la police n’a pas encore identifié les auteurs, malgré l’interpellation d’un suspect. Ce dernier, qui nie toute implication dans cette affaire, a été relâché La même bande est responsable d’une précédente agression contre des randonneurs à Pétrin, Mare-Longue, où ils ont volé le véhicule utilisé pour l’attaque à Ward 4. La brigade criminelle (CID) met les bouchées doubles pour retracer les auteurs de cette agression.
L’attaque a eu lieu vers 21 h 45, à l’avenue Raoul Rivet. Les suspects avaient été aperçus auparavant devant le restaurant du couple, puis leur voiture stationnée à proximité, semblant observer les lieux. À l’arrivée de l’épouse d’Ahmed à bord de sa Mercedes, l’entrepreneur, qui était alors au second étage, a été alerté par des coups de klaxon répétés. « Tronp Mercedes-la bien for mem sa », raconte-t-il.
En consultant ses caméras, il découvre les malfrats dans son garage. « Monn trouv de garson dan garaz. Monn fini kone ki voler inn rantre. Zot inn atas mo madam dan loto, zot inn atas so lame e inn dimann li si ena kiken lakaz. Mo madam inn dir pena personn, zot inn pran li pou amenn lao lor deziem letaz kot nou reste », raconte Ahmed.
Quand Ahmed descend au rez-de-chaussée pour secourir son épouse, il tombe face aux assaillants. « Mone gagn enn ladan, monn pran li monn apiy li ar laport », raconte-t-il, la tête recouverte d’un bandage. Il subit alors plusieurs coups : « Li tir so lars-bardo li tap mwa lor mo latet… Monn tonbe ek monn blese dan mo pous. Mo ti an san. » Malgré ses blessures, l’entrepreneure se relève et tient tête aux malfrats. Sa vie et celle de son épouse sont alors en jeu. L’un des agresseurs lui ordonne d’obéir. « Li dir mwa pa pwena nanie, amenn nou lao, mo dir li atann nou get enn kou, selma pa fer brit », poursuit le quinquagénaire.
Lors de cette attaque éclair, les malfaiteurs n’ont pu mener à terme leur plan initial. « Ti enn zafer extra vit sa, enn sekans kinn pase dan lespas minit. Inn ariv sa dan de minit 50 a trwa minit », dira l’entrepreneur.
L’arrivée inopinée du cuisinier du couple perturbe de nouveau le plan des assaillants. « Kouma kwizinye vini tou sanze. Zot al trouve ki ena dimounn ki res la ankor. Sa kou la zot inn bizin galoup deryer mo kwizinye ki ine servi ene lot la porte », explique Ahmed, qui somme l’employé de s’enfuir et de prévenir la police. Alertés par les cris, les voisins interviennent, contraignant les malfrats à prendre la fuite. La voiture utilisée par les agresseurs a été retrouvée quelques heures plus tard au parcours de santé Le Dauguet, à quelques kilomètres du domicile.
Le ras-le-bol des habitants
L’attaque a ravivé la colère des habitants du Ward 4, regroupés au sein du collectif citoyen et du Neighbourhood Watch. Mardi, ils se sont réunis pour exprimer leur ras-le-bol face à l’insécurité. Zubeyr Kurrimbokus et Mehfooz Keenoo, membres actifs depuis plus de cinq ans, expliquent que le problème provient en partie de la présence accrue de toxicomanes liée au centre de distribution de méthadone à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo. Selon eux, certains toxicomanes ont élu domicile dans des maisons abandonnées, et le groupe intervient pour sécuriser ces lieux et alerter la police en cas d’activités suspectes.
« Distribision metadonn dan landrwa ek distribision manze dan bann sant fer boukou dimounn andeor vinn dan kartie », précise Zubeyr. Le groupe WhatsApp du Neighbourhood Watch facilite le partage de vidéos et de signalements avec la police. « Nou ena lapolis lor group-la, zot si zot an kontak », ajoute Mehfooz. Ils interviennent rapidement pour protéger les habitants, notamment les personnes âgées. « Kan ena ban aktivite sispe e ki nou gagn alert, nou ale vit vit, an atandan ki lapolis vini . »
Malgré ces efforts, le quartier fait face à deux problèmes majeurs : le centre de méthadone et les maisons et terrains abandonnés, souvent squattés et utilisés comme repaires pour malfaiteurs.
Noor, commerçant et résident de longue date, soutenu par Hassen, doyen du quartier, réclame davantage de patrouilles policières et le déplacement du centre de méthadone. « Sak kwin sime mo montre ou sa bann plas abandone-la », dit Noor. Ces lieux sont jugés dangereux : « Ou zis koze, zot kapav tir kitsoz pik ou. »
Les habitants déplorent un manque de présence policière et l’exposition des jeunes à la drogue. Hassen évoque aussi la présence des « voler mang ». « Sa ousi ou koz ar zot ou gagn lamerdman », déplore l’habitant. « Nous gagn seans travay ek depite pou rod solision, me souvan lapolis dir pena transpor kan sonn zot », lâche Noor.
Les demandes sont claires : sécuriser les espaces abandonnés, déplacer le centre de méthadone et renforcer la présence policière, notamment durant les heures creuses. Malgré tout, les habitants saluent la coopération entre voisins et le Community Policing, jugée efficace pour prévenir les incidents et améliorer la sécurité dans Ward 4.
- À voir le reportage-vidéo sur www.defimedia.info
DASP Lidialam : « Zot sekirite se nou priorite »
Le porte-parole de la police, le Deputy Assistant-Surintendant of Police (DASP) Suhail Lidialam rappelle que les forces de l’ordre sont à la disposition des habitants pour des patrouilles renforcées.
Le DASP Lidialam tient à rassurer les habitants du Ward 4 : la police veille au grain pour garantir leur sécurité. « Mo konpran ki ena enn sertenn preokipasyon parmi bann abitan, sirtou apre sa insidan ki finn bien mediatize. Mo tenir a rasir zot : se enn ka isole », souligne le responsable de la cellule de presse de la police, tout en précisant que la vigilance reste de mise. « Lapolis pe mintenir enn sirveyans ranforse dan Ward 4 », fait-il ressortir.
« Une opération a récemment été menée à Ward 4, menant à plusieurs arrestations pour possession de drogue. D’autres sont prévues dans les prochains jours », précise le DASP Lidialam. « Sa bann operasion-la pe kontinie. Mo dir bann abitan : la polis la pou zot sekirite, sa res nou priorite », soutient l’officier.
Ward 4 : 300 personnes dans le Neighbourhood Watch sur WhatsApp
Selon le DASP Lidialam, les actions de la police s’articulent autour de deux axes principaux : la prévention et l’application de la loi. Il affirme que le Neighbourhood Watch du quartier fonctionne efficacement.
« Ena enn tre bon Neighbourhood Watch. Mo finn koz avek Neighbourhood Officer. Ena enn system kot ena plis ki 300 dimounn landrwa ki kominik avec lapolis a traver WhatsApp — kot ou gagn plizir inite lo rezwenn e kot kapav feed lapolis », poursuit-il. « Sa permet nou gagn bann linformasyon an tan reel lor seki pe arive dan la rezion », explique le responsable du Police Public Relations Office (PPRO).
En parallèle, un Community Policing Forum se tient régulièrement en collaboration avec les forces vives de la localité, explique-t-il. Une réunion s’est tenue cette semaine aux Casernes centrales, au cours de laquelle plusieurs jeunes ont pu exprimer leurs préoccupations. La police leur a donné l’assurance quant à la sécurité du quartier.
Les autorités et les habitants sont conscients de la réalité : la criminalité dans ce secteur de la capitale demeure une source d’inquiétude. Depuis 2021, le Ward 4 a connu plusieurs semaines d’angoisse marquées par des vols à la tire et des agressions en pleine journée. Des individus masqués sévissaient alors dans les ruelles, certains étant capturés en flagrant délit par les caméras de surveillance. Grâce aux images CCTV, la police avait pu retracer plusieurs suspects. Depuis, des habitants ont décidé de prendre les choses en main en organisant eux-mêmes des patrouilles dans le quartier, notamment durant les heures creuses et en début de soirée.

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