Les Etats-Unis et le Canada traquaient vendredi au moins un ballon volant au-dessus de l'Amérique du nord, suspecté d'être un ballon espion chinois, Pékin de son côté appelant à ne pas "monter les choses en épingle".
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L'épisode, qui ravive les tensions entre Washington et Pékin, survient à deux jours d'une visite prévue du chef de la diplomatie américaine Antony Blinken en Chine.
Interrogé, le département d'Etat a refusé de dire si l'incident remettait en cause cette visite, une première depuis 2018.
A Pékin, le gouvernement chinois assure qu'"une vérification est en cours" au sujet de ces informations.
Mais "émettre des conjectures et monter les choses en épingle avant même que les faits ne soient établis n'aident pas à une résolution appropriée du dossier", a mis en garde devant la presse une porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mao Ning.
"En tant que pays responsable, la Chine a toujours strictement respecté le droit international et n'a aucune intention de violer le territoire et l'espace aérien d'un Etat souverain", a-t-elle affirmé, appelant à "gérer ce dossier avec sang-froid et prudence".
Le Pentagone a annoncé jeudi la présence d'un ballon dans l'espace aérien des Etats-Unis, et le gouvernement canadien a dit vendredi enquêter sur "un deuxième incident potentiel".
A la demande du président Joe Biden, le Pentagone a envisagé d'abattre le ballon, mais la décision a été prise de ne pas le faire en raison des risques posés par d'éventuels débris pour les personnes au sol, a indiqué jeudi à des journalistes un haut responsable américain de la Défense, sous le couvert de l'anonymat.
"Nous n'avons aucun doute sur le fait que le ballon provient de la Chine", a-t-il précisé.
"Nous prenons des mesures afin de nous protéger contre la collecte d'informations sensibles", a-t-il encore dit, tout en insistant sur "la valeur ajoutée limitée en termes de collecte d'informations" de l'engin, décrit comme un ballon aux dimensions assez grandes.
"Nous avons considéré qu'il était suffisamment gros pour que les débris provoquent des dégâts" s'il était abattu au-dessus d'une zone habitée, selon la même source.
Le porte-parole du Pentagone, Pat Ryder, a précisé que le commandement de la défense aérospatiale des Etats-Unis et du Canada (Norad) surveillait la trajectoire du ballon.
"Le ballon vole actuellement à une altitude bien au-dessus du trafic aérien commercial. Il ne présente pas de menace militaire ou physique pour les personnes au sol", a-t-il dit dans un communiqué.
- "Deuxième incident" -
"Les Canadiens sont en sécurité et le Canada prend des mesures pour assurer la sécurité de son espace aérien, y compris la surveillance d'un deuxième incident potentiel", a affirmé pour sa part le ministère de la Défense du Canada dans un communiqué, sans plus de précisions.
Le Canada n'a pas fait référence à la Chine.
"Les agences de renseignement du Canada travaillent avec leurs partenaires américains et continuent de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les informations sensibles du Canada contre les menaces des services de renseignement étrangers", s'est contenté d'indiquer le ministère.
"Clairement, ce ballon est destiné à la surveillance et sa trajectoire actuelle l'amène au-dessus de sites sensibles" notamment des bases aériennes et des silos de missiles stratégiques, a assuré le haut responsable de la Défense américain, évoquant l'Etat du Montana (nord-ouest).
Le ballon est entré dans l'espace aérien des Etats-Unis "il y a environ deux jours" mais le renseignement américain le surveillait déjà, selon cette source, qui a ajouté que ce n'était pas la première fois que l'armée américaine constatait une telle intrusion.
Cette fois, cependant, le ballon est resté dans l'espace aérien des Etats-Unis beaucoup plus longtemps.
Des avions de chasse se sont approchés de l'engin au-dessus du Montana, selon la même source.
- "Action déstabilisatrice" -
Washington a évoqué l'affaire avec les autorités chinoises.
"Nous leur avons communiqué la gravité de l'incident", a affirmé le responsable américain. "Nous leur avons dit clairement que nous ferons tout ce qui est nécessaire pour protéger notre peuple sur notre territoire".
Le président républicain de la Chambre des représentants américaine, Kevin McCarthy, a dénoncé une "action déstabilisatrice" d'une Chine qui "méprise éhontément la souveraineté des Etats-Unis". Il a appelé Joe Biden à "ne pas rester silencieux".
Le déplacement d'Antony Blinken en Chine, prévu pour dimanche et lundi, doit constituer la première visite dans le pays d'un secrétaire d'Etat américain depuis octobre 2018, au moment où les deux superpuissances cherchent à éviter que les vives tensions qui les opposent ne dégénèrent en conflit ouvert.
Parmi les nombreux sujets de contentieux figurent Taïwan, que la Chine revendique comme faisant partie intégrante de son territoire, et les activités de la Chine en Asie du Sud-Est.
Aux Philippines, le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a justement signé jeudi des accords visant à y renforcer la présence militaire américaine face à la Chine.
© Agence France-Presse
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