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Un an après le Drame de Mare-Longue : des parents sans répit depuis la perte de leurs fils

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Une année s’est écoulée depuis que Rohan Dorjan, 22 ans, et Parmeshwar Dookeea, 35 ans, ont perdu tragiquement la vie à Mare-Longue. Ces deux pèlerins et amis proches rentraient de Grand-Bassin. Leur disparition subite est une épreuve douloureuse pour leurs proches.

Le 16 février 2023 restera gravé dans la mémoire collective du pays comme un jour de deuil et de chagrin. Ce jeudi-là, deux pèlerins, Rohan Dorjan, âgé de 22 ans, et Parmeshwar Dookeea, 35 ans, ont été tragiquement électrocutés dans la région de Mare-Longue, sur la route menant au lac sacré de Grand-Bassin. Leur pèlerinage, empreint de dévotion et de spiritualité, a été brutalement interrompu lorsque leur kanwar a heurté un câble à haute tension du Central Electricity Board (CEB). 

Un an après cette tragédie, les familles et les proches des victimes continuent de souffrir. Ils peinent à remonter la perte. Pour eux, le temps n’a pas atténué la douleur de la séparation, ni la cruauté du destin qui les a privés de leurs êtres chers.

Swastee, la mère de Rohan Dorjan : «Quand je suis à la maison, je parle comme si mon fils était là»

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Les parents de Rohan Dorjan vivent très mal sa perte subite, surtout dans de telles circonstances.

Au domicile des Dorjan, le temps semble s’être figé. Dans la soirée du vendredi 1er mars, la mère de Roshan nous a ouvert les portes de sa douleur, partageant l’agonie de son deuil. Ajoutant à cette peine, la famille a marqué, dans la tristesse, le 23e anniversaire du défunt, le 25 décembre dernier. 
« Nou anplas mem. Mais quand il (NdlR : Rohan) était là, tout était différent », confie la mère endeuillée. Elle exprime une tristesse infinie en réalisant que jamais plus elle ne retrouvera son enfant. Alors, les larmes viennent à elle... « Lorsque je me réveillais le matin, je le trouvais dans son lit. Maintenant, quand je me lève, son lit est vide... Ce n’est pas facile. C’est très triste », poursuit-elle, la voix étouffée par le chagrin.

C’est pour cette raison, explique Swastee, que la famille s’est rendue sur les lieux de l’incident à Mare-Longue, le 16 février dernier, afin d’honorer la mémoire des disparus. « Nous avons voulu leur rendre hommage en déposant un modeste bouquet. Là-bas, je me suis sentie encore plus seule. Parce que je sais que c’est le dernier endroit où ils se trouvaient de leur vivant », ajoute-t-elle. 

Comment fait-elle pour surmonter cette douloureuse disparition ? « Quand je suis à la maison, je parle comme si mon fils était là. Mais ce n’est pas facile. Mon fils m’a été brutalement arraché. Tout ce qu’il me reste, ce sont les souvenirs de lui à l’époque où il était heureux. J’ai agrandi ses photos. Où que vous regardez dans la maison, vous trouverez ses photos. Même dans sa chambre, il y a aussi ses portraits », pleure Swastee. 

Et quel est le meilleur souvenir qu’elle garde de son fils ? « Ce que je retiens le plus de mon fils, c’est la façon particulière dont il me regardait. Il avait un style bien à lui... » avoue la mère du disparu.

Le père de Rohan partage le même sentiment que Swastee. Il révèle qu’ils ont été contraints de consulter un psychologue pour tenter de surmonter cette situation. « Mon fils était en bonne santé. Il n’avait aucun problème de santé. En un instant, tout a basculé. Ce n’est pas facile. Mais que pouvons-nous y faire ? Peut-être que son destin était ainsi... » confie-t-il. 

Le père souligne que la famille a finalement accepté cette douloureuse disparition. Pourtant, leur présent est souvent assombri par ce passé tragique.

Soorekha, la mère de Parmeshwar Dookeea : «Je fixe la porte en espérant son retour…»

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Mahesh et Soorekha, le frère et la mère de Parmeshwar Dookeea, tenant un portrait de lui.

L’absence de mon fils se fait sentir chaque jour. C’est comme s’il manquait un morceau de la maison... « Je suis encore sous le choc de la disparition de mon fils », témoigne Soorekha Dookeea, la mère de famille. 

Elle révèle avoir été malade après ce drame, mais avoue qu’aucune souffrance ne peut être comparée à la perte de son fils. « La situation est insurmontable. Je sais que mon deuil prendra du temps. Parfois, j’arrive à oublier cette douleur lorsque je suis loin de la maison, par exemple lorsque je vais travailler. Mais la douleur revient toujours lorsque je rentre à la maison, comme un rappel brutal », se désole-t-elle.

Soorekha se souvient que son fils avait l’habitude de rentrer tard le soir, vers 22 ou 23 heures. « Je suis très attachée à mes enfants. C’est pour cela que j’attendais toujours mon fils avant de verrouiller la serrure de la porte. Mais depuis sa disparition, je reste juste là, fixant la porte en espérant son retour… », pleure-t-elle. 

Elle confie que certains amis de son fils ont du mal à accepter sa mort. « Mon fils, qui était un skipper professionnel, et maçon à ses heures perdues, était aimé de tous. C’était un bon garçon. Il était très populaire dans la région. Il passait la plupart de son temps avec ses clients. Parfois, il les ramenait chez nous pour partager un repas… » raconte-t-elle.

La mère endeuillée révèle qu’elle n’a pas le courage de toucher aux affaires personnelles de son fils défunt. « Je n’arrive pas à ouvrir l’armoire de mon fils. Je me contente de la regarder fermée. Je n’ai même pas encore eu le courage de ranger ses vêtements. Tout reste en place dans son armoire. Quand j’ouvre son armoire, je la referme immédiatement… »

Selon Soorekha, son fils, à l’aube de ses 36 ans, avait des projets de fonder une famille. « Mon fils avait tant de rêves. Il venait juste de terminer la construction de sa maison. Il cherchait une femme pour se marier. Mais cela ne se réalisera jamais », regrette-t-elle.

Deux morts et une quinzaine de blessés : L’effroyable jeudi 16 février 2023… 

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Le Premier ministre et le ministre de la Santé avaient rendu visite aux familles endeuillées, le lendemain du drame.

Le jeudi 16 février 2023 restera gravé dans les mémoires comme une journée d’horreur et de deuil pour la communauté d’Albion. Rohan Dorjan et Parmeshwar Dookeea, deux résidents du village et amis proches, ont perdu la vie dans un incident tragique, alors qu’ils rentraient du pèlerinage à Grand-Bassin, dans le cadre de la fête Maha Shivratree. Leur kanwar, mesurant environ 22 pieds de haut, a heurté un câble électrique à haute tension du CEB, déclenchant un incendie dévastateur. 

L’accident s’est produit près de Mare-Longue vers 15 h 30, faisant également une quinzaine de blessés graves parmi les pèlerins. Ils ont été rapidement transportés à l’hôpital Victoria de Candos pour recevoir des soins médicaux. 

Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, s’est rendu à Albion dès le lendemain matin pour présenter ses condoléances aux familles endeuillées. Accompagné du ministre de la Santé et du Bien-être, Kailesh Jagutpal, il a d’abord rendu visite à la famille Dorjan, puis à la famille Dookeea, exprimant sa solidarité en cette période de deuil intense. 

Cette tragédie a profondément marqué la communauté d’Albion, laissant derrière elle une atmosphère de chagrin et de désolation. 

Les survivants hantés par les souvenirs

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Avishek, le cousin de Rohan Dorjan, a dû subir des greffes au bras et aux pieds, ainsi que l’amputation d’un orteil.

Ces deux hommes portent encore les stigmates de cette tragédie sur leur corps. Leurs témoignages révèlent l’ampleur des séquelles émotionnelles laissées par cet événement tragique. Greffés sur certaines parties et amputés de plusieurs orteils, ils vivent au quotidien avec le souvenir de cette terrible épreuve. Ils bénéficient également d’une pension de la Sécurité sociale pour les aider dans leur convalescence.

Si Avishek, le cousin de Rohan Dorjan, était avare de mots, tel n’est pas le cas pour Mahesh, le frère de Parmeshwar Dookeea. « J’ai été blessé au ventre, aux mains et aux pieds. J’ai été amputé d’un orteil », dit Avishek Dorjan. Il a également été greffé aux pieds et à la main droite. 

Ce dernier se dit très attristé par ce qu’il s’est produit. « La vie n’a pas été facile après l’incident de Mare-Longue. J’éprouve des difficultés à marcher. Mes pieds enflent rapidement et je ressens une fatigue constante lorsque je marche trop. C’est peut-être en raison d’une mauvaise circulation sanguine. Je ressens un sentiment de fatigue très rapidement. Mon rythme cardiaque s’accélère rapidement », avoue le jeune homme de 24 ans. Il perçoit une pension de la Sécurité sociale d’environ Rs 11 000. 

« Tout a basculé dans ma vie depuis l’incident. Je reste à la maison. Je dors. Je regarde le téléviseur. Sans plus », dit-il. Avec le pèlerinage en marge de la fête Maha Shivratree, que ressent-il ? « Je pourrai regarder le pèlerinage, mais les images de Mare-Longue resteront présentes dans mon esprit », avoue-t-il. 

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Mahesh, le frère de Parmeshwar Dookeea, promet d’honorer la mémoire des victimes de Mare-Longue chaque année.

« Vous savez », avance pour sa part Mahesh Dookeea, « ce dont nous avons été victimes à Mare-Longue a bouleversé ma vie. Je ne mangeais plus. Et le pire, je n’arrivais plus à dormir une fois la nuit tombée. La disparition de mon frère et de mon ami me pèse énormément. Cette double disparition m’attriste énormément. Latet bizin solid pou sirmont sa », confie le rescapé. 

Mahesh Dookeea avoue se souvenir du fil des événements menant à l’incident. « J’ai repris connaissance peu après avoir trébuché. Monn trouv dife pe pran lor ‘kanwar’. Monn al rod enn porte leve. Enn garson inn may mo zepol dir mwa koumsa : ‘Na pa leve, tone blese.’ Kan mo get mo lame ek mo lipie, mo reperdi konesans. Letan mo regagn konesans, mo trouv bann-la pe met mwa dan lanbilans. Mo reperdi konesans dan lanbilans. Mo regagn konesans lopital Victoria. Mo reperdi konesans. Kan mo regagn konesans mo trouv bann-la pe koup mo ‘tracksuit’ ar sizo. Mo reperdi konesans. So landemin ki mo regagn konesans lerla », se remémore-t-il. 

Ce dernier dit être « hanté » par les images de l’incident. « J’ai eu vent des critiques à l’effet que nous transportions un gros kanwar. Ce n’est pas une question de dimension. Il y avait beaucoup de kanwars qui étaient de même dimension que le nôtre. Si notre kanwar était vraiment surdimensionné, comme le prétendent certaines personnes, l’incident aurait pu se produire à l’aller et non au retour », termine l’homme de 29 ans. 

 

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