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Un anniversaire spécial le 23 décembre - Centenaires : les secrets de leur grand âge

Les jumelles Noélie et Noëlla sont devenues centenaires en décembre 2020.

Ils défient le temps et les années. Au nombre de 165, ils ont démontré qu’une alimentation équilibrée et un état d’esprit positif constituaient la meilleure des résiliences face au vieillissement et à ses conséquences. Les chiffres, depuis 2015, montrent une progression dans le nombre des centenaires, dont la majeure partie est constituée de femmes.

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En décembre 2019, l’ile Maurice découvrait avec émerveillement l’histoire des jumelles centenaires Noélie et Noëlla, à Beau-Bassin. Le récit de leurs vies l’une à côté de l’autre dans la joie et la tristesse, les incertitudes et l’adversité. Pour traverser ces dizaines d’années dans leur cour où habitaient d’autres membres de leurs familles, il leur fallait aussi accepter les aléas d’une existence sans luxe ou fioritures, les privations et les ravages des cyclones et les salaires dérisoires. Ce qu’on appelle la bonne chair ne faisait pas partie de leurs repas, seule la poule qui trainait dans la cour et mangeait les graines ou le cresson, constituait le roi de l’assiette pour les fêtes de fin d’année. « Ce sont ces repas sains, provenant d’un sol sans engrais chimiques qui ont donné à ces personnes une bonne santé. Mais il ne faut pas oublier qu’elles n’étaient pas stressées, même si elles faisaient des sacrifices. Ceux qui ne possédaient le téléviseur aillaient voir les émissions chez le voisin. C’était une entente joviale, fraternelle et solidaire », explique Brinda Oogarah-Pratab, nutritionniste et pédagogue.

Mental, physique et social

Que ce soit en ville ou dans le village, le mental, le physique et le social ont favorisé une vie équilibrée dans ces années après-guerre, poursuit-elle. « La famille, souvent présente dans une même cour, a apporté la sécurité physique et mentale qui fait défaut aujourd’hui », fait-elle ressortir. 

Cette présence solidifiait le tissu familial et les conseils de famille agissaient comme un rempart contre les dérives sociales, dont l’alcoolisme. Durant leur jeune âge et leur vie de mariage, la précarité leur a donné une résilience à toute épreuve. « Ils connaissent la valeur de l’argent et du sacrifice, ils ont le sens de l’effort. Par contraste avec la nouvelle génération de jeunes qui obtient tout sur un plateau et qui sera peut-être vulnérable face aux temps durs », dit-elle encore.

À ces valeurs qui ont structuré leur vie, la nutritionniste attire l’attention sur le sens de la discipline observée avec rigueur. « Ce sont des personnes qui mangent selon des horaires réguliers et qui se réveillent et vont se coucher toujours à la même heure. Cette discipline équilibre leur métabolisme, d’autant plus qu’ils ne mangent pas entre les repas », fait-elle observer. « Lorsque vous mettez ensemble ces facteurs, dans une société où on marchait beaucoup, vous avez un individu qui, à la fin, n’avait pas besoin d’aller dans une salle de gym pour brûler les calories excédentaires », indique-t-elle.

Centenaires 2015- 2018-2019-2020

Régions 2015 2018 2019 2020
Port-Louis 16 20 22 24
Rivière-Noire 3 5 5 5
Pamplemousses 9 10 14 13
Flacq 7 12 14 12
Grand-Port 9 7 9 12
Savanne 8 7 9 8
Upper P.-Wilhems 29 29 35 31
Lower P.-Wilhems 27 29 39 38
Moka 3 2 8 6
Rivière-du-Rempart 8 8 8 9
Rodrigues 3 8 5 7

Vijay Ramanjoloo, psychologue : «Plus on est bien encadré affectivement plus on vit longtemps»

Comment expliquez-vous la longévité de certaines personnes à Maurice - celles atteignant cent ans notamment ? Est-ce qu’une alimentation saine et équilibrée explique tout ?
On constate effectivement que l’âge du décès a reculé dans la plupart des pays développés dans le monde. Les explications à cela sont certes génétiques (je tiens à le rappeler qu’on n’a pas le même terrain génétique), une alimentation saine et équilibrée, mais aussi la prospérité économique, l’éducation, les traitements médicaux, et surtout l’affection. Plus on est bien encadré affectivement, plus on vit longtemps  !  

La présence de la famille est un facteur qui est souvent mis en avant, comment y contribue-t-elle ?
L’importance de la famille dans la vie d’une personne âgée est vraiment incommensurable. Non seulement la famille fournit un réseau social cohérent, mais les faits nous ont poussés à penser que la relation qu’une personne âgée entretient avec sa famille a un impact direct sur sa qualité de vie globale.

La plupart des centenaires interrogés ne semblent pas être au courant de la Covid-19 ou alors en font peu état… Ont-ils vu pire ?
Tout va dépendre de leur état cognitif, par exemple des troubles liés à la sénescence comme la démence ou d’autres pathologies pourraient rendre difficile la compréhension de la Covid-19, etc. Mais je reste convaincu qu’ils doivent être sensibles à l’aspect émotionnel. C’est sûr qu’ils ont vu pire, car il ne faut pas oublier qu’un siècle de cela ils ont connu la grippe espagnole, qui a tué plus de 50 millions de personnes !  

Quelle est la psyché de ces centenaires ?
Une typologie de la personne âgée existe et elle se déploie entre deux représentations extrêmes. D’une part une vision terrifiante et menaçante, de l’autre une image idéalisée du grand âge. Dans le premier cas de figure, l’âge fait de nous une personne diminuée soumise à une longue dégénérescence dont la mort semble la conséquence logique. La personne âgée est trahie tant par ses organes perceptifs (ouïe et vision particulier) que par ses organes moteurs. Elle devient chaque jour plus dépendante d’autrui. Elle perd la mémoire de l’immédiat, mais conserve celle des temps anciens. Ses traits de caractère dominants sont la rigidité, la méfiance, la méchanceté, l’égoïsme. Elle a peu d’intérêt pour les choses ou les êtres du présent et se retire dans son monde. À côté de ce tableau d’horreur existe la vision idéalisée de la personne âgée, auréolée de cheveux blancs et de sagesse, être de raison au jugement sûr et averti, guide éclairé par les ans pour les jeunes générations.

Prem Seebaruth, Chairperson Senior Citizen Council : «Il faut donner les noms des centenaires aux rues»

Comment rendre hommage aux centenaires et perpétuer leur mémoire. À ce titre, Prem Seebaruth, Chairperson du Senior Citizen Council (SCC) propose que certaines rues portent leurs noms et que ceux-ci soient inscrits aux tableaux des mairies et des conseils de districts. « Il faut que leurs noms passent à la postérité, comme ceux des anciens maires et présidents de conseils de districts. Ce doit être un sujet de fierté pour la population. Ces personnes illustrent les progrès accomplis dans le domaine de la santé publique », fait-il ressortir. Il attribue à deux principaux facteurs le fait que le nombre de centenaires ait augmenté durant ces quinze dernières années : « D’abord, l’espérance de vie est passée de 69,22 en 1990 à 75,21 en 2020, démontrant que le système public de santé s’est beaucoup amélioré et a été étendu à toutes les régions de Maurice. Des investissements massifs y ont été consentis, avec l’acquisition d’équipements modernes, soutenus par un personnel médical et paramédical très bien formé. Puis, grâce aux médias, la population est devenue plus consciente de sa santé. » 

Le Chairperson du SCC cite la création des Day-Care Centres à travers l’ile, où des professionnels de santé offrent régulièrement des conseils pratiques aux seniors. « De manière générale, on voit un ministre de la Sécurité sociale, Fazila Daureeawoo-Jeewa, très impliquée dans les enjeux du vieillissement de la population et de son bien-être. Les augmentations très substantielles de la pension universelle ont permis aux seniors de vivre mieux et de soutenir leurs enfants en ces temps rendus difficiles par la pandémie de Covid-19 », fait-il observer. 

 

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