Moscou a affirmé dimanche avoir "détruit un grand entrepôt" d'armes fournies par les Occidentaux dans l'ouest de l'Ukraine alors que la bataille fait rage à Severodonetsk, ville clef de l'Est, où la défense ukrainienne apparaît en grande difficulté.
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Sur le plan diplomatique, après avoir promis la veille à Kiev une réponse "d'ici la fin de la semaine prochaine" à la demande de l'Ukraine d'entamer un processus d'adhésion à l'Union européenne, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a reconnu que "le défi [serait] de sortir du Conseil européen [prévu pour les 23 et 24 juin] avec une position unie [à la hauteur d'un enjeu] historique".
Au plan militaire, le ministère de la Défense russe a dit avoir détruit à Tchortkiv, à 140 km de la frontière avec la Roumanie, "un grand entrepôt de systèmes de missiles antichars, de systèmes portatifs de défense aérienne et d'obus fournis au régime de Kiev par les Etats-Unis et les pays européens".
L'armée russe n'a pas précisé quand a eu lieu cette frappe réalisée selon elle à l'aide de missiles de croisière tirés depuis la mer, mais selon les autorités ukrainiennes locales, cette petite ville de l'ouest du pays, une zone largement épargnée par la guerre, a été touchée samedi soir par "quatre missiles" ayant fait au moins 22 blessés, dont des civils, et partiellement détruit un site militaire.
Dans l'Est, sur la ligne de front où l'offensive russe s'intensifie depuis plusieurs jours, la présidence ukrainienne a fait état dans la matinée d'"assauts et de bombardements d'artillerie constants sur Severodonetsk et les villages alentours".
La prise de la cité ouvrirait à Moscou la route d'une autre grande ville, Kramatorsk, une étape pour conquérir l'intégralité du bassin du Donbass, région essentiellement russophone en partie tenue par des séparatistes prorusses depuis 2014.
- Usine chimique -
"La situation à Sevorodonetsk est extrêmement difficile", a reconnu sur la messagerie Telegram Serguiï Gaïdaï, le gouverneur ukrainien de la région.
Les assaillants veulent "sceller complètement la ville" et empêcher tout passage en hommes et en munitions, a-t-il ajouté, disant craindre que l'ennemi lance "toutes ses réserves pour prendre la ville" sous 48 heures.
Samedi, M. Gaïdaï avait reconnu que les Russes contrôlaient "probablement" 70% de la ville, tandis que Leonid Passetchnik, dirigeant de la région séparatiste prorusse de Lougansk, reconnaissait buter sur le contrôle de "la zone industrielle".
"C'est un site d'industrie chimique", a souligné M. Passetchnik, "notre objectif principal est de nettoyer la zone [des combattants ukrainiens] sans provoquer de catastrophe environnementale".
Samedi soir, M. Gaïdaï avait affirmé qu'un incendie était en cours sur le site de l'usine chimique Azot, cible de l'armée russe. Dimanche midi, on ignorait toutefois quelle était la situation sur place.
Plus au sud, dans la région de Donetsk, la présidence ukrainienne affirmé que "les Russes [intensifiaient] leurs efforts pour détruire les infrastructures essentielles".
A l'autre bout de la ligne de front, à Mikolaïv, grand port de l'estuaire du Dniepr, dans le Sud, l'avancée russe a été stoppée aux abords de la ville, selon une équipe de journalistes de l'AFP sur place.
Dans un quartier résidentiel vidé de ses habitants, les tirs d'artillerie résonnaient samedi, à quelques kilomètres. Les plus pauvres ne sont pas partis. Les débris et les branches jonchent encore le sol, de nombreuses fenêtres sont brisées, un cratère causé par un obus n’est pas comblé.
Tetyana Tsaryk, 62 ans, nourrit les chiens abandonnés. "Je suis la seule à le faire maintenant", dit-elle. "Avant, ils étaient nourris par les agents d’entretien mais ils ne viennent plus depuis qu’il y a eu des morts. Les jardins ne sont plus entretenus."
Selon Moscou, l'armée russe a par ailleurs abattu trois avions de chasse Soukhoï Su-25 entre samedi matin et dimanche matin, deux en combat aérien, et le troisième par des tirs de DCA.
En rentrant de Kiev, où elle a rencontré samedi le président Volodymyr Zelensky et le Premier ministre Denys Chmygal, Mme von der Leyen est revenue sur la demande d'adhésion de Kiev à l'UE.
"J'espère que dans 20 ans, lorsque nous regarderons derrière nous, nous pourrons dire que nous avons fait ce qu'il convenait de faire", a-t-elle déclaré à des journalistes à Varsovie.
- "Chemin fondé sur le mérite" -
"L'Ukraine a fait de grandes choses au cours des dix dernières années et il reste encore beaucoup à faire. Notre opinion reflètera cela avec soin", a-t-elle dit à propos de la recommandation sur la candidature de l'Ukraine que la Commission s'apprête à formuler en vue du prochain Conseil européen.
"Le chemin qui mène à l'Union européenne est bien connu", a-t-elle ajouté, "il est fondé sur le mérite".
L’Ukraine réclame un "engagement juridique" lui permettant d'obtenir au plus vite un statut de candidat officiel à l'UE, mais les Vingt-Sept sont très divisés sur la question.
Pour l’Ukraine, le statut de candidat serait "un point de départ", avec à la clé un long processus de négociations et de réformes, a reconnu M. Zelensky.
Il n'empêche, a-t-il dit dans un message vidéo samedi soir, "nous allons travailler de façon encore plus puissante à tous les niveaux pour obtenir la bonne décision. Elle est très importante pour nous".
En Russie, après le départ de McDonald's précipité par l'invasion de l'Ukraine, les premiers "McDonald"s russes" ont ouvert leurs portes dimanche avec le slogan "Le nom change, l'amour reste".
"Vkousno i totchka" (Délicieux. Point) est le nouveau nom de l'enseigne, dévoilé dimanche à Moscou devant une centaine de journalistes russes et étrangers. Le nouveau logo représente lui deux frites stylisées orange et un point rouge sur fond vert.
© Agence France-Presse
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