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Ukraine : des responsables américains à Kiev pour la première fois depuis le début de la guerre

Les chefs de la diplomatie et de la défense des Etats-Unis ont rencontré dimanche à Kiev le président ukrainien Volodymyr Zelensky, deux mois exactement après le début de l'invasion russe de l'Ukraine, qui a célébré tristement la Pâque orthodoxe.

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"Les Américains sont à Kiev aujourd'hui. Ils discutent en ce moment même avec le président", a déclaré en soirée sur YouTube un conseiller du président ukrainien, Oleksiï Arestovitch.

La venue à Kiev du secrétaire d'Etat Antony Blinken et du ministre de la Défense Lloyd Austin est la première de dirigeants américains depuis le début du conflit le 24 février. Elle intervient après celles de plusieurs dirigeants européens ces dernières semaines.

Le président Zelensky avait annoncé samedi qu'ils venaient discuter de livraisons d'armes américaines à l'Ukraine.

"L'amitié et la collaboration entre l'Ukraine et les Etats-Unis sont plus fortes que jamais", s'est-il félicité dimanche en fin de soirée sur Twitter.

M. Arestovitch a répété l'envie de Kiev de se voir livrer "des armes offensives": "Tant qu'on ne pourra pas contre-attaquer, il y aura un +nouveau Boutcha+ tous les jours", a-t-il lancé, faisant allusion à cette ville de la banlieue nord-ouest de Kiev devenue symbole des atrocités commises lors de l'occupation russe de la région en mars.

"Sauvez tous les Ukrainiens!" a lancé dimanche M. Zelensky dans un message pour la fête de Pâques.

"Nos âmes sont remplies d'une haine ardente pour les envahisseurs et tout ce qu'ils ont fait", a-t-il poursuivi. "Transformez-la en force bénéfique pour défaire les forces du mal".

La visite de MM. Blinken et Austin intervient alors que la poursuite des combats a  assombri les cérémonies de Pâques, malgré les multiples appels à une trêve. Le pape François a renouvelé dimanche son appel à une trêve et à l'arrêt des attaques contre "des populations épuisées".

Dans la petite église de Lyman (est), sous le feu régulier des obus russes, une cinquantaine de civils s'étaient regroupés dès l'aube, alors que le grondement de l'artillerie se faisait entendre.

"Si nous faisons les mauvais choix, les ténèbres nous ruineront, comme les ténèbres nous détruisent pendant cette guerre", a déclamé le prêtre dans son sermon.

Trève "immédiate" à Marioupol

Au lendemain de l'échec à Marioupol (sud-est) d'une nouvelle tentative d'évacuation de civils par les autorités ukrainiennes, qui ont incriminé les Russes, l'ONU a appelé à une trêve "immédiate" dans ce port stratégique de la mer d'Azov presque entièrement contrôlé par l'armée russe, afin de permettre l'évacuation de quelque 100.000 civils encore coincés dans la ville en ruines, assiégée depuis début mars.

Les bombardements et les combats ont coûté la vie à plus de 20.000 civils à Marioupol, selon le maire Vadym Boychenko, qui a dénoncé sur la chaîne Ukraine 24 que "les forces d'occupation russes empêchent les évacuations".

"Ils doivent être autorisés à évacuer maintenant, aujourd'hui. Demain ce sera trop tard", selon le coordinateur de l'ONU en Ukraine, Amin Awad.

"Chaque jour, chaque heure qui passe a un coût humain terrible", a déploré le Comité international de la Croix-Rouge, réclamant urgemment "le passage volontaire et en sécurité de milliers de civils et de centaines de blessés hors de la ville, y compris dans la zone de l'usine Azovstal", ultime poche de résistance des combattants ukrainiens.

Les forces russes assiègent et bombardent toujours des unités retranchées dans l'usine, selon le ministère ukrainien de la Défense dimanche sur Telegram. Mais "les lignes de défense (ukrainiennes) sont sur le point de s'effondrer" à Marioupol, a précisé Oleksiï Arestovitch. 

Le commandant de la 36e Brigade des Marines de Marioupol, Sergey Volyna, a lui souligné l'urgence d'accélerer les efforts pour libérer les soldats assiégés dans l'aciérie.

"Il est très difficile de se défendre avec une mitrailleuse contre des bombardiers ou des missiles de croisière, ou encore des groupes d'assaut qui avancent sur des dizaines de chars", a souligné M. Volyna.

"Je pense que nous avons mérité (...) une réponse digne, et le respect des diplomates, des dirigeants mondiaux, des citoyens et de personnes qui comprennent que la paix est meilleure que la guerre", a-t-il dit.

Le conseiller du président Zelensky a déclaré que l'Ukraine avait proposé à la Russie de tenir "une session spéciale de pourparlers juste à côté du site d'Azovstal", indiquant "attendre la réponse" russe.

La présidence ukrainienne a également à nouveau proposé des négociations "pour prendre ou échanger" des soldats, proposition ignorée par Moscou jusqu'ici.

L'OSCE "extrêmement inquiète"

L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) s'est dite elle dimanche "extrêmement inquiète" suite à l'arrestation, dans les territoires ukrainiens séparatistes prorusses de l'Est, de quatre membres de sa mission d'observation du cessez-le-feu de 2014, installée après le conflit qui avait éclaté entre ces régions et Kiev après l'annexion russe de la Crimée (sud).

L'OSCE avait évacué plusieurs centaines d'observateurs de dizaines de pays dès le début de l'invasion russe. Mais restaient sur place des employés ukrainiens "effectuant des tâches administratives", dont quatre sont détenus à Donetsk et Lougansk (est), a déploré l'OSCE dans un communiqué, disant "utiliser tous les canaux disponibles pour faciliter leur libération".

Cette situation, qui dure "depuis un certain temps maintenant", est "inacceptable", a commenté Zbigniew Rau, chef de la diplomatie polonaise et président en exercice de l'OSCE.

Les forces de sécurité séparatistes accusent les employés de l'OSCE arrêtés de "haute trahison". Elles avaient indiqué vendredi que l'un d'entre eux avait "avoué" avoir transmis des "informations militaires confidentielles à des représentants de services spéciaux étrangers".

L'ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'OSCE, Michael Carpenter, a dénoncé "des mensonges répréhensibles de la part de la Russie".

Les négociations de paix restent au point mort, alors que les combats continuent à faire rage dans l'est et le sud de l'Ukraine.

Selon l'état-major ukrainien, la ville de Kharkiv, deuxième ville du pays, reste "partiellement bloquée" par les forces russes qui continuent de bombarder. Une femme y a été tuée et un homme blessé dimanche, selon les autorités ukrainiennes.

Dans le bassin du Donbass (est), formé des régions de Donetsk et de Lougansk, les troupes russes ont "intensifié leurs offensives" dans trois directions, selon l'état-major ukrainien: Severodonetsk, capitale de facto de la région de Lougansk sous contrôle ukrainien, Popasna, une cinquantaine de kilomètres plus au sud, et Kourakhikva, proche de Donetsk.

Le gouverneur de Lougansk, Sergiy Gaiday, a indiqué à Ukraine 24 que des dizaines de milliers de civils restaient dans la région malgré les bombardements constants. "Malheureusement, il y a essentiellement des vieilles personnes qui estiment que comme elles sont nées ici, elles doivent mourir ici", a-t-il déclaré.

Et dans la région de Donetsk, cinq civils ont été tués et cinq blessés dimanche, a écrit le gouverneur Pavlo Kyrylenko sur Telegram.

A Koroviy Iar, localité du nord du Donbass où les Russes ont pris position depuis samedi, des combats se déroulaient à l'entrée du village, a constaté l'AFP. Des chars et des blindés ukrainiens renforçaient la contre-offensive et couvraient une tentative d'évacuation de 30 civils.

Guterres à Moscou puis Kiev

L'armée russe a de son côté indiqué dimanche avoir mené des frappes de missiles contre neuf cibles militaires ukrainiennes, dont quatre dépôts de munitions au sud de la région de Kharkiv.

Moscou a aussi dit avoir mené des frappes aériennes contre 26 cibles, et 423 frappes d’artillerie, sans préciser de lieux.

En Russie, toute voix contestant la guerre continue à être étouffée. Le populaire site consacré aux échecs Chess.com y a été bloqué, à la demande du parquet général russe, après la publication de deux articles sur l'Ukraine qualifiés de "fausses informations", selon le gendarme russe des télécoms Roskomnadzor.

Sur le front diplomatique, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen doit rencontrer lundi en Inde le Premier ministre Narendra Modi, avec qui elle devrait évoquer la neutralité affichée par New Delhi sur la guerre en Ukraine.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres est lui attendu lundi en Turquie, pays qui tente de jouer les médiateurs dans le conflit, avant de se rendre à Moscou puis à Kiev.

Le nombre de réfugiés ayant fui l'Ukraine depuis l'invasion russe approche des 5,2 millions, selon l'ONU. Plus de 7,7 millions de personnes ont aussi quitté leur foyer mais se trouvent toujours en Ukraine.

 AFP

 

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