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Ukraine: "Combats de rue" à Severodonetsk, Moscou "jette tout son poids" dans la bataille

Des "combats de rue" se poursuivaient samedi dans la zone industrielle de Severodonetsk, ville clé dans l'est de l'Ukraine où, selon Kiev, Moscou "jette tout son poids" dans la bataille, plus de 100 jours après le début de la guerre.

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La Russie concentre son offensive dans cette région du Donbass dans l'espoir d'en prendre totalement le contrôle. Il s'y joue une "guerre d'usure", sur le long terme, selon le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg.

"La situation dans toute la région est extrêmement difficile. Les combats se concentrent actuellement à Severodonetsk car (...) l'armée russe a jeté tout son poids et ses réserves" dans cette bataille, a déclaré le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, dans une interview postée sur ses réseaux sociaux officiels.

"Des premières informations indiquent qu'ils ont réussi à prendre le contrôle de la majeure partie de la ville. Mais nos forces les repoussent maintenant", a-t-il assuré.

Les "opérations sont en cours dans la zone industrielle de Severodonetsk. Les combats de rue se poursuivent", a précisé samedi matin le service de presse de la présidence ukrainienne.

Les forces russes ont pour objectif affiché de contrôler l'intégralité du grand bassin minier du Donbass, dont des forces séparatistes pro-russes appuyées par Moscou ont pris le contrôle partiel en 2014.

La ville de Severodonetsk, avec celle voisine de Lyssytchansk, situées à quelque 80 km de la capitale administrative régionale ukrainienne de Kramatorsk, est une agglomération-clé pour y parvenir. Severodonetsk comptait avant la guerre quelque 100.000 habitants.

"Au moins six tours d’habitation ont été endommagées à Severodonetsk et à Lyssytchansk" et "il y a eu quatre morts et un blessé" dans des attaques russes dans la région orientale de Lougansk, selon la présidence.

Vendredi, le gouverneur de la région de Lougansk avait affirmé que les troupes russes n'avaient "pas entièrement pris le contrôle" de Severodonetsk et étaient même contraintes de reculer.

Eviter un autre Marioupol

Et à l'instar du président ukrainien, il avait réclamé des armes lourdes pour éviter ce qui s'est produit à Marioupol. Ce port stratégique sur la mer d'Azov (sud-est) a été dévasté par les bombardements avant d'être conquis le 20 mai malgré une longue résistance dans la zone industrielle de la ville.

Après 100 jours de guerre, la Russie a affirmé vendredi avoir rempli certains des objectifs de "l'opération militaire spéciale" qu'elle a déclenchée le 24 février pour - selon ses propres termes - "dénazifier" l'Ukraine et protéger sa population russophone.

"La victoire sera nôtre", a rétorqué le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans une vidéo où il apparaît devant le bâtiment de l'administration présidentielle à Kiev avec plusieurs de ses collaborateurs.

Outre la région de Severodonetsk, les combats continuaient de faire rage samedi sur les autres fronts.

Dans la région de Kherson (sud), "des habitants ont quitté le village de Trudolyubivka" et les forces russes "continuent de bombarder les territoires occupés et les positions de l'armée ukrainienne", a assuré la présidence ukrainienne, mettant en garde contre une crise humanitaire dans les zones sous contrôle russes.

Toujours dans le Sud, Kiev a fait état d'un missile de croisière russe qui a frappé une entreprise agricole dans le grand port d'Odessa: "des entrepôts ont été endommagés". Selon les premières informations, l'attaque a fait deux "victimes" mais la présidence n'a pas précisé s'il s'agissait de personnes tuées ou blessées.

"Mercenaires étrangers"

De son côté, le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov, a fait un point samedi sur les dernières opérations.

Moscou affirme ainsi avoir détruit un "point de déploiement de mercenaires étrangers" près de Datchnoe, dans la région d’Odessa, et deux centres de commandement ukrainiens et six dépôts de munitions près des localités de Vessioloe, Bakhmout (région de Donetsk) et Spornoe, Podlesnoe et Loskoutovka (région de Lougansk).

L’armée russe assure également avoir frappé avec des missiles un centre de formation d’artilleurs ukrainiens près de Stetskovka, dans la région de Soumy, où des "instructeurs étrangers ont formé des militaires ukrainiens à l’utilisation d’obusier M777".

Selon Moscou, l’aviation et l'artilleries russes ont frappé de nombreuses concentrations de troupes et de matériel ukrainiens lors des dernières 24 heures.

Les services de secours des séparatistes de Donetsk ont, eux, affirmé que 2 civils avaient été tués par des tirs ukrainiens sur les zones séparatistes et 8 autres blessés lors des dernières 24 heures.

Quatre militaires volontaires étrangers dont un Français ont été tués en combattant l'invasion russe en Ukraine, a par ailleurs annoncé samedi la Légion internationale de défense de l'Ukraine, organisme officiel des combattants volontaires étrangers.

La Légion a cité les noms d'un Néerlandais, d'un Australien, d'un Allemand et d'un Français sans préciser la date ni les circonstance de leur mort.

Depuis l'invasion de l'Ukraine lancée il y a tout juste cent jours par Vladimir Poutine, son armée a triplé la portion de territoire ukrainien qu'elle contrôle: avec la péninsule de Crimée et les territoires occupés du Donbass et du sud de l'Ukraine, la Russie contrôle désormais près de 125.000 km2, selon le président Zelensky.

Aide humanitaire

La situation restait par ailleurs très fragile dans les zones bombardées par les russes et reprises par les forces ukrainiennes, comme à Horenka, en périphérie de Kiev (nord-ouest), où a eu lieu vendredi une distribution d'aide humanitaire

Hanna Viniychuk, 67 ans, pleure en expliquant avoir tout perdu: "Quand l'appartement a été bombardé, je n'ai presque rien pu emporter et maintenant c'est trop cher de prendre le bus, donc je suis venue chercher dans les locaux de la mairie des produits de première nécessité. Je suis logée ailleurs provisoirement. Je suis reconnaissante pour cette aide".

Tetyana Shepeleva, responsable de la communauté de Horenka, distribue l'aide humanitaire dans les locaux municipaux. Elle donne des packs de lait à une habitante. "On a une liste de gens qui ont besoin d'aide gérée par l'armée, environs 5.000 personnes actuellement".

Elle montre les cartons de l'Unicef entassés jusqu'au plafond: "Il y a des draps, des matelas, des plats préparés par le réseau World Center Kitchen. Les gens n'ont rien et tentent toujours d'avoir un peu plus".

L'ONU est également inquiète des risques de crise alimentaire, particulièrement en Afrique qui importe plus de la moitié de ses céréales d'Ukraine et de Russie. Leur prix en Afrique a déjà dépassé les niveaux atteints lors des crises du printemps arabe en 2011 ou lors des émeutes de la faim en 2008.

Le président en exercice de l'Union africaine (UA) et chef de l'Etat sénégalais Macky Sall s'est toutefois dit "rassuré" vendredi sur ce point après sa rencontre avec le président russe.

AFP

  • defimoteur

     

 

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