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TVA sur les PME : les prix des fruits et légumes sous pression

Shemida Ramdewar-Emrith, présidente de la Vegetables & Fruits Auctioneers Association, alerte sur l’impact de la TVA sur la filière fruits et légumes.

La TVA de 15 % sur les PME dont le chiffre d’affaires annuel dépasse Rs 3 millions entre en vigueur. Une situation qui suscite inquiétude et confusion parmi « encanteurs » et marchands.

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La décision gouvernementale d’appliquer une TVA de 15 % aux petites et moyennes entreprises (PME) réalisant un chiffre d’affaires annuel supérieur à Rs 3 millions, annoncée dans le dernier exercice budgétaire, est entrée en vigueur mercredi 1er octobre. Une mesure qui, déjà, fait grincer des dents sur le terrain, notamment dans le secteur des fruits et légumes. Les « encanteurs », intermédiaires essentiels entre planteurs et marchands, expriment leurs inquiétudes face à ce qu’ils qualifient de « manque de clarté » et redoutent « une hausse immédiate des prix sur les marchés ».

De sources proches du dossier, nous apprenons que la taxe sera prélevée non pas sur le chiffre d’affaires total, mais sur la marge bénéficiaire de chaque transaction, c’est-à-dire le profit réalisé lors de la revente. Si cette nuance peut sembler rassurante sur le papier, elle n’efface pas les zones d’ombre ni les inquiétudes. Plusieurs acteurs estiment que la mesure a été imposée sans période de transition, sans explications précises ni directives concrètes sur son application réelle. « Le problème, c’est que nous avons reçu la communication tardivement, et personne ne sait comment calculer et appliquer cette TVA. Nous devons faire face à une réforme fiscale dès aujourd’hui, mais avec très peu d’accompagnement », déplore un « encanteur ».

Ce climat de confusion se répercute déjà sur toute la filière. Les fruits et légumes sont des produits sensibles, soumis aux variations climatiques, aux fluctuations de l’offre locale et à la concurrence des importations. L’introduction d’une taxe supplémentaire, même limitée à la marge, risque de déséquilibrer davantage le marché. Les marchands de détail craignent d’être contraints d’augmenter leurs prix au risque de perdre leur clientèle, tandis que les planteurs redoutent d’être impactés indirectement si les encanteurs réduisent leurs achats ou négocient leurs récoltes à la baisse afin de compenser cette nouvelle charge.

Dans ce contexte, la présidente de la Vegetables & Fruits Auctioneers Association, Shemida Ramdewar-Emrith, tire la sonnette d’alarme. Elle souligne que la TVA, telle qu’introduite, risque d’affaiblir la production locale et de créer une distorsion face aux importations déjà favorisées par un coût plus faible. Pour elle, la mesure pourrait même dissuader certains acteurs de continuer à opérer sur le marché, au détriment des consommateurs. « C’est un coup additionnel qui ne va pas encourager la production locale. Donc, le prix des fruits et légumes va inévitablement augmenter dans les jours à venir. C’est un coup dur pour les consommateurs. »

Au-delà de l’aspect fiscal, la communication officielle est jugée insuffisante. Plusieurs professionnels estiment que le ministère des Finances aurait dû prévoir une phase préparatoire, avec des séances d’information, des directives claires et une explication détaillée des implications pour chaque acteur de la chaîne. Or, la réforme est entrée en application immédiate, laissant de nombreux intermédiaires démunis, qui ne savent pas encore comment adapter leur comptabilité et leur facturation. « On ne peut demander aux gens d’appliquer une TVA du jour au lendemain. Cela crée instabilité et incertitude », explique un marchand de Port-Louis.

Si l’objectif du gouvernement est d’élargir l’assiette fiscale et de renforcer l’équité entre entreprises, sur le terrain, la perception est toute autre. Pour les consommateurs, l’inquiétude est déjà palpable : toute hausse, même minime, sur les fruits et légumes se répercute immédiatement sur le budget familial. Dans un contexte où le coût de la vie ne cesse de grimper, la TVA introduite sur les « encanteurs » pourrait devenir synonyme d’un panier de courses encore plus lourd pour les ménages.

 

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