
À partir de ce 1er octobre 2025, plusieurs mesures annoncées dans le Budget 2025-2026 entrent en application. Elles visent à renforcer les finances publiques, mais impliquent des contributions accrues d’acteurs économiques locaux et étrangers.

En première ligne, les touristes. Désormais, chaque visiteur devra s’acquitter d’une Tourism Fee de 3 euros par nuit passée dans un établissement reconnu par les autorités. Cette taxe, introduite comme un levier budgétaire, devrait rapporter quelque Rs 775 millions pendant l’année financière à venir. Si cette somme reste modeste en comparaison du budget global de l’État, elle s’inscrit dans une logique plus large de diversification des recettes fiscales.
Les visiteurs ne sont pas les seuls concernés. Les consommateurs devront aussi faire face à des hausses indirectes. Le droit d’accise appliqué sur le sucre passe de 6 à 12 sous par gramme sur les produits transformés comme les chocolats et les glaces. Cette décision s’inscrit dans la volonté du gouvernement de promouvoir une consommation plus responsable tout en générant des revenus supplémentaires pour l’État.
Le Premier ministre et ministre des Finances, Navin Ramgoolam, a été clair lors de la présentation du budget en juin. Il s’agit d’un moment de transition économique qui requiert des choix difficiles. Pour le chef du gouvernement, les mesures adoptées sont nécessaires pour renforcer la résilience du pays sur les plans économique et social.
Mais ces décisions ont un coût pour les ménages et les entreprises. Le debrief du cabinet PwC, publié après la présentation budgétaire, notait que Maurice entre dans une phase d’austérité relative. Selon leurs experts, les aides publiques diminuent. Dans ce contexte, tout le monde est mis à contribution.
Ces mesures visent à renforcer les finances publiques, mais impliquent des contributions accrues de la part de différents acteurs économiques.»
Du côté des entreprises, la pression fiscale s’accentue également. L’abaissement du seuil d’enregistrement à la TVA, désormais fixé à Rs 3 millions au lieu de Rs 6 millions, entraînera l’entrée de nombreuses petites structures dans le système de taxation indirecte. Cette réforme vise à élargir l’assiette fiscale sans toucher au taux de TVA, un choix que les autorités présentent comme équilibré dans un contexte de tension budgétaire.
Fazeel Soyfoo, spécialiste en fiscalité internationale chez Andersen, estime que l’orientation prise par le gouvernement est ambitieuse. L’objectif affiché de ramener le taux d’endettement à 75 % pendant le mandat, avec une cible légale de 60 % à plus long terme, implique une gestion rigoureuse des finances publiques. Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement a choisi de renforcer certaines impositions plutôt que d’augmenter la TVA, mesure souvent impopulaire.
Mais selon Soyfoo, le résultat reste le même pour de nombreux contribuables : une pression fiscale accrue. La stratégie budgétaire actuelle vise à prévenir une possible dégradation de la note souveraine, un enjeu qui pèserait lourdement sur les conditions d’emprunt du pays.
À travers ces mesures effectives dès octobre, l’État mauricien entend sécuriser ses finances tout en posant les jalons d’une économie plus durable. Il mise sur une répartition plus large de la charge fiscale. Mais pour les entreprises, les ménages et les visiteurs, la transition se fera au prix d’un effort financier supplémentaire.
TVA : les PME ayant un chiffre d’affaires de Rs 3 M touchées

Le seuil d’enregistrement à la TVA, désormais fixé à Rs 3 millions contre Rs 6 millions auparavant, fera entrer de nombreuses petites entreprises dans le régime de taxation indirecte.
Ajay Beedassy, président de la SME Chambers : « Ce n’est pas une bonne mesure. Cette mesure touche plusieurs petits magasins et commerces. Les PME engagées dans le textile seront principalement influencées. Il aurait fallu avoir une consultation et voir si certaines entreprises auraient pu être exemptées de cette taxe. Notre compétitivité est réduite. L’impact se fera aussi sentir sur les consommateurs. Les entreprises n’auront d’autres choix que de revoir leurs prix à la hausse. »
Maya Sewnath, directrice de SSS Furniture : « C’est une mesure qui va affecter les PME, en termes administratifs et financiers. Ce n’est pas encourageant. Le ministre des PME n’écoute plus les PME, tout comme les instances en place. La voix des PME n’est pas entendue. Nous avons rencontré le ministre de tutelle. Il prend note de ce qu’on dit, sans pour autant le prendre en considération. C’est peine perdue que de tenter de le rencontrer par rapport à cette mesure. Le ministre des PME dira que la décision revient au ministère des Finances. »
Tourist Fee : des recettes d’environ Rs 775 millions attendues sur un an
À partir de ce 1er octobre 2025, chaque touriste séjournant à Maurice devra s’acquitter d’une Tourism Fee de 3 euros par nuit, applicable dans les établissements reconnus. Cette mesure du Budget 2025-2026, vise à générer environ Rs 775 millions pour l’État au cours de la prochaine année financière.
Combien déboursera un touriste ?
Un touriste séjourne en moyenne dix nuits sur l’île.
Ce qui fait environ 30 euros (Rs 1 500) par visiteur.
Qui n’est pas tenu de payer la taxe touristique ?
- Les touristes de moins de 12 ans ;
- Les touristes qui séjournent gratuitement ;
- Les résidents de Maurice ;
- Les Mauriciens vivant à l’étranger et titulaires d’un passeport mauricien ;
- Les titulaires d’un Visa Premium valide ; ou
- Les titulaires d’un permis de résidence valide.
Taxe sur le sucre : les chocolats et les glaces coûtent plus cher
À partir de ce 1er octobre 2025, le droit d’accise sur le sucre sera étendu aux chocolats et aux glaces, selon les annonces faites lors du Budget 2025-26 à Maurice. Le taux de cette taxe passe de 6 à 12 sous par gramme de sucre.
Mesure fiscale
Produits concernés : chocolats et glaces
Nature de la mesure : doublement du droit d’accise sur la teneur en sucre
Ancien taux : 6 sous/gramme
Nouveau taux (à partir du 1er octobre 2025) : 12 sous/gramme
Entrée en vigueur : 1er octobre 2025
Contexte
- Cette mesure fait partie d’une stratégie nationale de réduction du sucre.
- Elle s’inscrit dans la continuité des politiques publiques visant à améliorer la nutrition et à réduire les risques liés à une consommation élevée de sucre.
- Les prix des chocolats et glaces ont déjà commencé à augmenter en anticipation de cette taxe.
Objectifs
Santé publique
Réduire la consommation excessive de sucre.
Encourager des habitudes alimentaires plus responsables.
Lutter contre les maladies non transmissibles (diabète, obésité, maladies cardiovasculaires).
Impact attendu
- Pour les consommateurs : hausse des prix, incitation à réduire la consommation.
- Pour les producteurs et importateurs : adaptation des recettes et reformulation possible pour réduire la teneur en sucre.
- Pour l’État : augmentation des recettes fiscales
Ils ont dit …
Suttyhudeo Tengur, président de l’Association pour la protection des consommateurs et de l’environnement : « La principale raison qui a poussé le gouvernement à augmenter la taxe sur les produits sucrés, désormais étendue aux chocolats et aux glaces, est de décourager leur consommation excessive. Dans plusieurs pays, notamment en Europe, la consommation de sucre reste très élevée, et Maurice tend à adopter ce même mode de vie. Certes, cette mesure fiscale ne devrait pas entraîner une baisse immédiate de la consommation, mais ses effets devraient se faire sentir d’ici petit à petit. »
Uttam Sumaroo, secrétaire général de Masters Express : « La hausse du prix du sucre entraîne une augmentation des coûts de gros pour les glaces et les chocolats. Les consommateurs risquent de réduire leurs achats ou de se tourner vers des marques moins chères, ce qui ralentira les ventes. Les marques haut de gamme seront les plus touchées par ce changement de comportement. »
Sydney Pierre, junior minister au Tourisme : « Ce frais ne servira pas à financer la promotion de la destination, car un budget spécifique est déjà accordé à cet effet. L’objectif du “Tourism Fee” est tout autre. Il s’agit de générer des revenus qui seront réinvestis dans le développement de l’écotourisme et l’amélioration de nos sites touristiques. »
Shakeel Nundlall, directeur de l’hôtel Le Grand Bleu : « Cette taxe pourrait représenter un véritable obstacle pour leur clientèle. Nos clients n’ont pas un pouvoir d’achat élevé comme ceux des grands hôtels. Ce sont des touristes très attentifs à leurs dépenses et qui se limitent souvent à l’essentiel. »
Jocelyn Kwok, CEO de l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM) : « Le pays compte actuellement plus de 1 200 établissements enregistrés auprès de la Tourism Authority, dont 120 hôtels. De plus, il y a 1 000 opérateurs proposant 3 000 à 5 000 chambres selon les estimations des autorités et de l’AHRIM. Nous invitons les autorités à formaliser rapidement tous les hébergements remplissant les conditions requises par la TA et à bien communiquer sur cette nouvelle taxe de séjour. Si cette taxe est mal introduite dès le 1er octobre, l’État pourrait passer à côté de recettes importantes. »

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