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Tuning : Ces férus d’automobile carburant à la passion

À chaque ronronnement de moteur, leur cœur bat la chamade. Quand leur bolide a besoin de nouvelles jantes ou d’un nouvel amortisseur, ils sont prêts à investir des sommes astronomiques. On croirait presque que ces férus d’automobile, hommes et femmes confondus, ont du diesel dans le sang tellement ils sont passionnés.

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«Ma voiture, c’est comme mon bébé. » Cette affirmation de Kim, 22 ans, en dit long sur la relation qu’elle entretient avec sa voiture. La jeune femme voue une passion sans bornes aux automobiles. « Les préjugés à l’effet que cela ne concerne que les hommes ne sont pas justifiables. Cela intéresse aussi énormément les femmes. »

Mais il arrive parfois que la passion pour les voitures frise la folie, particulièrement pour des jeunes de 20 à 30 ans. Leur voiture les aide à se sentir puissant et heureux, flattant ainsi leur ego.

Pour Ansh, c’est un moyen sain de dépenser son argent et de se faire plaisir : « Amortisseurs, jantes cosmiques, système de freinage, l’esthétique, la couleur, les stickers… tout doit être beau et efficace. Peu importe le prix. » Les amateurs de grosses cylindrées prennent des mois, voire des années pour économiser afin de s’offrir la plus belle et la plus performante. Ils ne résistent pas à tout ce qui peut améliorer le look et le rendement de leur véhicule.

Je bois pas, je fume pas, j’investis !

Pour cela, on parle d’espèces sonnantes et trébuchantes, soit entre Rs 25 000 et Rs 300 000. « Je ne dépense pas beaucoup en vêtements. Je ne fume pas et je ne bois pas. J’investis dans ma voiture. Je trouve toujours quelque chose à changer ou à améliorer », avoue Ansh.

Les jeunes adeptes d’automobiles ont aussi le goût du risque. Ils participent régulièrement aux courses de voitures. Qui dit risque dit danger, même s’ils en sont rarement conscients. Ce sont surtout leurs proches qui s’en inquiètent, comme en témoigne la mère de Prith âgé de 23 ans. « J’ai constamment peur que le téléphone sonne et que quelqu’un m’annonce une mauvaise nouvelle. »

Hélas, aveuglés par leur passion, les amateurs de la puissance automobile ne font pas grand cas des inquiétudes de leurs proches. Ce besoin d’adrénaline et de mettre le turbo à leurs risques et périls l’emporte toujours sur la raison.


Témoignages

Kim : «Elle est ce que j’ai de plus précieux»

Pour Kim, 22 ans, sa voiture, c’est sa vie. « Elle est ce que j’ai de plus précieux au monde. Je l’ai appelée BB White. Je la considère comme mon enfant. » L’odeur de l’essence et du caoutchouc, le bruit du moteur et la vitesse la font craquer. « J’ai un faible pour les voitures de sport. Aujourd’hui j’ai la chance de conduire celle de mes rêves ! » Persévérante et dotée d’une forte personnalité, Kim trouve toujours le moyen de s’offrir ce qu’elle veut.

« C’est une voiture modifiée au Japon. Elle a un double pot d’échappement sur les deux côtés et un body kit complet. J’ai aussi métamorphosé le turbo avec un boîtier pour que BB White ait un son plus puissant. » En fine connaisseuse de la chose mécanique, elle ne s’arrête pas aux critiques sexistes sur les femmes et les voitures.

Jiveetesh : «Le bruit du pot d’échappement ressemble à de la musique»

C’est avec son groupe d’amis que Jiveetesh, 23 ans, partage sa passion. Pour lui, il est important de développer une relation avec sa voiture. « Certaines personnes ne comprennent pas ce que représente une voiture. Tout ce qu’elles voient, c’est une carrosserie et des roues alors que chacune a un caractère propre et symbolise bien plus. »

Pour Jiveetesh, modifier sa voiture comporte plusieurs avantages, autres que la frime et la puissance. « Cela permet d’économiser sur l’essence ainsi que d’avoir une meilleure conduite et une performance améliorée.»

Loin d’être naïf, il se dit conscient que sa sécurité compte avant tout. Il en veut pour preuve le fait qu’il ait modifié son système de freinage. Celui-ci, précise-t-il, est plus efficace que le précédent. « Certains disent que c’est une folie. Pour moi, c’est une passion tout comme le sont le chant, la danse et la cuisine pour d’autres. Le bruit du pot d’échappement est comme une musique qui fait battre mon cœur… »

Il ajoute qu’au lieu de dépenser son argent dans l’alcool, les cigarettes ou dans des drogues, il préfère investir dans sa voiture. « Je veille aussi à toujours être en règle avec les exigences de la National Transport Authority. »

Ansh : «C’est mieux que de dépenser mon argent dans la drogue»

Ce qui passionne Ansh, 25 ans, c’est le sentiment de liberté que peut lui procurer une voiture. À commencer par la vitesse, le bruit du moteur et celui du pot d’échappement. « Les voitures doivent provoquer un effet wow en apparence et en performance. »
Pour ce jeune amoureux de l’automobile, tout est une question de feeling. Ansh se dit méticuleux. Il veille au moindre détail afin que tout soit beau et efficace pour son bolide.  Il estime que c’est loin d’être de la folie. Il dit qu’il éprouve de l’amour pour sa voiture. « Je n’ai jamais regretté mes choix. Je fais des recherches et je dépense dans des accessoires que je trouve élégants et performants. »

Oonesh : «Je dois tout à mon père»

Oonesh, 28 ans, a hérité sa passion de son père. « Papa et moi passions beaucoup de temps ensemble. Il m’a tout appris des automobiles. J’ai eu la chance de grandir entre de belles carrosseries et le vrombissement des moteurs. Les voitures, ça me connaît. Je le dois à mon père et à nos moments partagés. »

Pour lui, performance et esthétisme ne veulent pas forcément dire voiture de luxe. D’ailleurs, sa première voiture a été une classique. « J’ai eu un coup de cœur pour celle qui est dans la famille depuis 22 ans. » Ensuite, il s’en est acheté une, destinée aux personnes âgées, pour la métamorphoser en une voiture inspirée du film Tokyo Drift.

C’est donc tout naturellement qu’Oonesh a emboîté le pas à son père, un pilote de rallye automobile. Depuis plus de six ans, il collectionne les trophées. Des victoires toujours dédiées à son père. « Mais la sécurité est importante. Il faut modifier sa voiture en respectant les normes. »

La crainte des proches 

Alors que les accidents sont légion sur nos routes, la passion des fous du volant n’est pas sans conséquences. Mère, épouse et compagnes vivent dans la crainte permanente d’apprendre une mauvaise nouvelle. La mère de Prith en est la preuve vivante. Elle prie tous les soirs pour qu’il n’arrive rien à son fils. À  chaque fois que la radio annonce le nombre de décès liés à des accidents de voitures, elle espère que son fils n’en fait pas partie. « J’ai deux fils et j’ai peur que l’aîné influence le cadet qui n’a pas encore l’âge de conduire. Je sais qu’ils font parfois les fous en voiture. » Tout en reconnaissant que son fils est responsable et qu’il fait tout pour veiller sur elle et son petit frère, cette maman avoue qu’elle ne peut pas se défaire de son inquiétude et de ses angoisses. « S’il lui arrive quelque chose, je ne sais pas comment je vivrai… »

Ce que dit la loi  

Pour leur sécurité et celle des usagers de la route, les automobilistes ont le devoir de respecter la Road Traffic Act.  Parmi les principaux règlements : 

  • Peu importent les circonstances dans lesquelles vous dépassez la limite de vitesse fixée, vous commettez une offense. L’amende oscille entre Rs 5 000 et Rs 10 000. Une personne peut être passible de six mois de prison dépendant de la nature, des conditions et du danger causé sur autrui. Pour une deuxième infraction du même type, l’amende se situe entre Rs 10 000 et Rs 20 000 si ce n’est pas 12 mois de prison.
  • Il est interdit de faire des courses de voiture sans l’autorisation du commissaire de police.
  • Si vous prenez part à une course de rue illégale, vous risquez une amende de Rs 1 000.
  • Le commissaire de police peut limiter le nombre de courses de voiture, voire les interdire pour une raison de sécurité.
  • Une personne qui a causé mort d’homme en conduisant à vive allure ou d’une manière dangereuse et, dépendant des circonstances, peut écoper d’une amende entre Rs 25 000 et Rs 50 000. Le coupable est aussi passible de trois ans de prison.

Reshmee Bheemuck

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