
Danaa Laeticia Malabar avait 25 ans. Jeune maman d’une fille de cinq ans et d’un garçon de trois ans, elle était décrite par ses proches comme une mère dévouée, attentionnée, et une jeune femme souriante, généreuse, sur qui sa famille pouvait toujours compter. Elle était l'aînée des trois filles de Vanessa, sa mère.
Son histoire est celle d'un amour de jeunesse qui s'est transformé en bourreau. Il y a six ans, à seulement 18 ans, Danaa rencontrait Brandon Malabar, originaire de Résidence Beau-Vallon, Mahébourg. Contre l’avis de sa famille, elle avait choisi de vivre avec lui. « Mo tifi inn ale », confie sa mère, Vanessa, résignée. Le couple s’était marié civilement, et Danaa
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Ces altercations dégénéraient souvent en violence. Chacun s’accusait d’entretenir une relation extraconjugale, et Brandon finissait souvent par lever la main sur son épouse. Une situation devenue insupportable pour cette mère dévouée. Danaa confiait à sa sœur qu’elle subissait régulièrement les violences de son mari, provoquées, disait-elle, par les infidélités de ce dernier. « Il s’affichait avec une autre femme sur TikTok », affirmait sa sœur, confirmant la douleur de la trahison. Une tante raconte qu’elle avait eu un mauvais pressentiment dès la première fois qu’elle avait rencontré Brandon. Ce pressentiment ne l'avait jamais quittée. Danaa venait seule avec ses enfants lors de ses rares visites chez sa mère. En 2021, lorsque la maison du couple a brûlé, sa mère voulait qu’elle revienne vivre à Eau Coulée. Alors que sa fille de cinq ans venait habiter chez sa grand-mère, Danaa, qui allaitait encore son fils, est restée auprès de Brandon. Ses proches ne cessaient de la réclamer : « Li pa ti enn pwa lour pou so mama », ajoutait sa sœur, mais Danaa, aveuglée par l’amour qu’elle lui portait, restait.Malgré les coups – « Li ti pe gagn bate, zame linn al lapolis », souffle sa sœur. La dernière fois que sa tante l'avait vue, c'était lors de l’anniversaire des trois ans de son fils, organisé chez sa mère, et Brandon n’était pas là.
Le week-end dernier, lors d’une énième dispute, Danaa avait voulu retourner chez sa mère, Vanessa, à Lapeyrouse, Eau-Coulée. Tôt dimanche matin, le couple est arrivé chez elle, mais la tension restait palpable. Le 12 octobre, jour du drame, Vanessa croyait que sa fille allait enfin rester à la maison. « Elle m’a dit que depuis samedi, ils se disputaient. Je lui ai dit de venir, ici ena touzour plas pou li », explique-t-elle. Ce jour-là, le destin de Danaa s’est scellé. Sa mère lui conseillait de ne pas repartir, mais la jeune femme est ressortie malgré tout. « Ils se sont encore disputés. Il avait endommagé son cellulaire et la carte SIM. Je lui ai dit de rester, mais elle est partie », se souvient Vanessa, dévastée.
La terrible nouvelle est arrivée mercredi matin, non par la police, mais à travers les réseaux sociaux. « Monn aprann sa dan travay, sete enn sok », lâche Vanessa, le cœur meurtri, peinant à contenir ses larmes. Danaa Malabar a été poignardée mortellement par son époux Brandon. Elle laisse derrière elle deux enfants, ses sœurs, ses tantes et une mère anéantie. « Elle était tellement douce… Sa mort nous bouleverse », confie sa tante. Ses funérailles ont eu lieu jeudi.
Les aveux de Brandon Malabar aux enquêteurs « Danaa voulait qu’on passe un dernier moment ensemble »
Brandon Malabar, 31 ans, est passé aux aveux concernant le meurtre de son épouse, Danaa Laeticia. Longtemps après avoir prétendu qu’elle avait disparu, le suspect a expliqué aux enquêteurs de la Criminal Investigation Division (CID) d’Eau-Coulée comment le drame s'est produit, évoquant une ultime dispute ayant dégénéré dans une maison abandonnée.
Le couple, qui traversait une période difficile, se soupçonnait mutuellement d’infidélité. Cette tension a atteint un pic le dimanche 12 octobre au matin, alors que Brandon raccompagnait Danaa chez sa mère, à Lapeyrouse, Eau-Coulée. Malgré l'altercation chez la mère de Danaa, le couple aurait fini par se calmer. Le suspect a confié aux enquêteurs, sous la supervision du Deputy Superintendent of Police (DSP) Auhammud : « Nou ti fini desid pou nou separe ».
Alors qu’ils marchaient le long de l’impasse Théodore-Sauzier avec leur fils de trois ans, Danaa lui aurait fait une proposition inattendue pour sceller cette séparation. « Linn dir mwa nou kass enn poz, pas enn letan enn dernye fwa ansam », a raconté le suspect.
Ils se sont rendus dans une cour boisée abritant une maison abandonnée, laissant leur fils jouer seul dans une pièce. C’est là, isolés, qu’une nouvelle et fatale dispute a éclaté.
Selon Brandon, Danaa se serait jetée sur lui : « Linn trangle mwa ». En réaction, il aurait sorti un couteau qu'il portait toujours sur lui, affirmant : « Mo ena boukou lennmi ». Il a ensuite porté deux coups à son épouse : « Monn tir kouto, monn pik li ». Danaa s’est effondrée. L’autopsie a confirmé qu’elle est morte d’un coup de couteau à la poitrine.
Pris de panique, Brandon dit avoir fui avec leur enfant. Il a été interrogé par les sergents Kistnen, Ramyad, Ganoobapjee, Raout, Prayagsing et la constable Massandy, et reste en détention pour meurtre.
Un couple parfait sur TikTok… mais une réalité marquée par la violence
Cela faisait six ans que Brandon et Danaa Laeticia étaient en couple. Originaire d’Eau Coulée, la jeune femme était partie s’installer à Beau-Vallon, où habitait le jeune homme. Les deux semblaient filer le parfait amour. « Linn kontan sa garson-la, linn al ress ek li », lâche un proche, qui précise que les autres membres de la famille n’étaient pas d’accord. Le jeune homme, passionné de football et de musique et exerçant comme maçon, prit goût à réaliser des vidéos sur TikTok. Il s’est inscrit sur différents profils — tik.to.king, brandon_tiktoking, Brandon__malabar — qui furent les plus suivis. Très actif, il partageait des pronostics sur les matchs de la Premier League, faisait de l’humour, chantait et invitait son épouse Danaa à participer avec lui dans ses nombreuses vidéos.
Derrière les écrans de leurs portables, ils paraissaient très complices. Tous deux faisaient preuve de créativité pour s’exprimer : chansons d’amour, mises en scène humoristiques, chorégraphies, baisers — parfois avec leur enfant. Chaque lieu visité devenait un décor pour une ou plusieurs vidéos ; poster sur TikTok était presque devenu un réflexe quotidien. Les milliers de personnes qui les suivaient les félicitaient pour le bonheur qu’ils dégageaient à l’écran. Il gagnait en popularité à chaque vidéo, suscitant même l’attention des médias.
Dans une vidéo TikTok, aux côtés de son épouse, tournée dans un supermarché et publiée en août 2022, le jeune homme lançait : « Bann ki kontan fer piti… ale pa pran zot kont — mwa mo travay mwa — mo get mo fam mo zanfan — mo ena 2 zanfan — monn amenn mo fam sipermarse, mo pran li kont — mo travay pou pran mo fami kont mwa… ».
Cependant, depuis quelque temps, ces vidéos du « couple parfait » ne reflétaient guère la réalité. Danaa, qui affichait toujours le sourire sur ses vidéos, cachait une souffrance qu’elle subissait en silence. Des soupçons d’infidélité de la part de son époux, devenu populaire et s’affichant au bras d’une jeune rivale, la tourmentaient. Cette situation engendrait des conflits répétés. À chaque fois qu’elle réclamait des explications, elle en subissait les conséquences. « Son époux la battait fréquemment. Mais elle n’osait pas le dénoncer à la police pour ces violences. Elle avait des bleus. », confie une tante de la jeune maman, dévastée
En septembre 2021, la maison du couple et celles de leurs proches furent ravagées par un terrible incendie. Trois familles — au total 17 personnes — vivaient alors dans des habitations faites de tôle et de bois. Brandon et Danaa, comme les autres membres de la famille, avaient tout perdu lors de ce sinistre. N’ayant nulle part où aller, ils trouvèrent refuge au centre communautaire de Beau-Vallon. Le Défi Média avait d’ailleurs couvert le drame et un appel à la solidarité avait été lancé pour aider les familles à reconstruire.
« …nou respekte bann fam… mo konn valer bann fam mwa »
Dans ses nombreuses vidéos sur TikTok, Brandon Malabar montrait toute une panoplie de compétences : soudeur, services divers, connaissances footballistiques — et souvent il se posait en donneur de leçons. Dans l’une de ses vidéos, les cheveux teints, il s’exprime ainsi : « To pe dimann mwa si mo madam al avek enn lot zom eski mo ti pou aksepte? Si mo madam inn fer sa ar mwa ki mo pou fer — mo pou trap li, mo pou bat li… mo touy li ki mo pou fer? Non… li anvi ale mo less li ale — linn plin ar mwa — li pa anvi ress ar mwa mo less li ale… dan la mer pa mank pwason — kan to la pess to bizin gagn pwason — mo kontan mwa — mo regagn mo lavi zeness — to kone komie zom p rod sa. Monn al marye boner, gagn zanfan — to kone komie zom rod sa liberte la — enn fardo lor nou… si enn fam anvi al ar lot zom — less li ale — fam fer pou respekte — nou respekte bann fam — ena zom p maltrete — mo konn valer bann fam mwa — zom pann fer pou lager fam sa. »

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