Certains membres influents de l’opposition britannique ont déjà entamé un lobby intense auprès des Républicains pour faire capoter le deal politique entre le Royaume-Uni et Maurice sur la rétrocession des Chagos. La réélection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis pourrait menacer cet accord.
L’ «accord politique » scellé le 3 octobre dernier par les gouvernements mauricien et britannique sur la rétrocession de l’archipel des Chagos est-il remis en question avec le retour de Donald Trump, élu mercredi président des États-Unis ? Pour l’instant, les avis divergent, mais ce qui est sûr, c’est qu’un lobby intense a déjà démarré par certains membres influents de l’opposition britannique auprès des Républicains pour faire capoter le deal. Ce qui priverait ainsi Maurice des « milliards et des milliards de roupies » annoncés par le Premier ministre à plusieurs reprises, ces derniers jours, pour la location de la base militaire anglo-américaine sur Diego Garcia.
Sateeaved Seebaluck, ancien Secrétaire au Cabinet, ancien Chef de la fonction publique, et ancien conseiller spécial du Premier ministre, notamment sur le dossier Chagos, affirme que cet accord politique agréé entre le Royaume-Uni et Maurice est déjà un engagement formel. Toutefois, « quand ces deux parties ont négocié entre elles, cela s’est passé en consultations permanentes avec les États-Unis et l’Inde ». Il précise aussi que Donald Trump ne sera pas président tout de suite, mais au début de l’année prochaine. « Les choses peuvent avancer par rapport au dossier Chagos d’ici là. Et je ne pense pas que Trump va vouloir changer quoi que ce soit, car si les Britanniques ont finalement conclu un accord avec les Mauriciens, c’est aussi parce que les Américains ne se sentaient pas trop à l’aise avec la situation. Il ne faut pas oublier que la Cour internationale de justice a fait dans son avis consultatif un ‘statement of fact’ par rapport à la situation et a dit que les Britanniques occupent illégalement l’archipel. Du coup, les Américains, avec leur base, sont eux aussi en infraction à la loi internationale, et ils n’aiment pas cela », commente-t-il.
Toutefois, concède Sateeaved Seebaluck, « concernant les détails du deal, les Américains peuvent éventuellement tirer un peu fort sur la corde concernant la location pour la base, mais il faut attendre de voir. N’oublions pas que l’Inde est partie prenante de l’accord et que Donald Trump et Narendra Modi font bon ménage ensemble ».
Vijay Makhan, ancien Secrétaire aux affaires étrangères de Maurice, a une lecture différente.
« Cette élection remettra en question beaucoup de choses. Des amis de Donald Trump, tels que Nigel Farage, leader du UK Reform Party, font beaucoup de désordre sur ce dossier. Cette élection va bouleverser la donne géopolitique du monde, que ce soit l’Ukraine, le Moyen-Orient ou encore la région indo-pacifique dont nous faisons partie. Je pense qu’il va bouleverser l’ordre établi un peu partout. Rien n’est impossible avec lui. Il faut attendre », analyse-t-il.Vijay Makhan espère que le gouvernement mauricien n’a pas fait uniquement du lobbying auprès des Démocrates, mais aussi auprès des Républicains sur ce dossier.
Kris Valaydon, légiste et ancien haut fonctionnaire international, craint que Donald Trump « va démolir tout ce que Joe Biden a fait. De plus, Trump est anti-chinois alors que l’opposition anglaise brandit l’influence de la Chine sur Maurice pour faire peur ». Il fait également remarquer que l’accord politique n’engage à rien : « C’est plus une déclaration d’intention qu’autre chose. Je pense que l’élection de Donald Trump aura de grandes conséquences par rapport aux Chagos. »
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