* Prix inchangés pour l’essence et le diesel
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Le Petroleum Pricing Committee (PPC), qui s’est réuni jeudi soir, a décidé de maintenir le prix de l’essence à Rs 74,10, alors que le ministère du Commerce a ordonné de laisser celui du diesel à Rs 54,55.
Se chiffrant à 87,01 dollars le 1er décembre dernier, le cours du pétrole Brent à l’international a poursuivi sa tendance baissière depuis. Il a oscillé entre 76 dollars et 85 dollars jusqu’au 13 janvier 2023. C’est là un facteur qui aurait pu influencer le prix du carburant à la pompe à Maurice lors de la rencontre du Petroleum Pricing Committee (PPC) le 12 janvier.
Toutefois, l’ancien directeur de la State Trading Corporation (STC), Megh Pillay, fait comprendre que la STC n’achète pas le pétrole sur une base quotidienne. Ainsi, les fluctuations entre deux achats n’affectent pas le prix pratiqué à Maurice. Parmi les facteurs pris en compte par le Pricing Mecanism, il y a les prix à l’international trois mois avant et après l’achat, mais aussi les futures, soit les forward purchases.
La STC soutient que la situation déficitaire du Price Stabilisation Account (PSA) à hauteur de Rs 4,4 milliards a été la motivation principale du Petroleum Price Committee (PPC) de maintenir le prix de l’essence. Le comité avait proposé une révision à la hausse du prix du diesel. Cela a toutefois été rejeté par le ministère du Commerce. Selon les données publiées par la State Trading Corporation (STC), le déficit du PSA est passé de Rs 1,5 milliard le 28 décembre 2021 à Rs 4,5 milliards le 13 septembre 2022 et de l’ordre de Rs 4,4 milliards le 12 janvier 2023.
Qu’est-ce qui peut expliquer l’augmentation d’environ Rs 3 milliards du déficit du compte de stabilisation des prix en un peu plus d’un an ? La STC, par l’entremise d’un communiqué daté du 13 janvier, fait comprendre que la totalité de la hausse des prix du Mogas et du Gasoil n'a pas été répercutée sur les consommateurs lors des précédentes réunions du PPC, « malgré la forte hausse des prix mondiaux qui a entraîné des majorations de plus de 10 % du prix de détail calculé. En effet, la limite d'augmentation autorisée par les règlements est de 10 % ».
Toutefois, Megh Pillay pointe du doigt la mauvaise gestion du PSA. Selon lui, les règles n’ont pas été respectées afin d’assurer l’alimentation de ce compte lorsque les prix à l’international étaient bas. Pour l’ancien directeur de la STC, le montant de Rs 4,4 milliards (déficit du PSA) est un aveu que ce fonds ne fonctionne pas. La période où le prix à l’international affichait le négatif à environ -35 dollars, notamment en 2020, aurait dû être bénéfique au PSA. Or, Megh Pillay dénonce que les surplus n’ont pas été utilisés pour alimenter le PSA, mais ont été redirigés vers d’autres fonds.
« Les prix à l’international ont tourné autour de la moyenne observée cette semaine, soit 80 dollars, en trois occasions depuis 2010. Quand c’était le cas en 2010/11, l’essence se vendait à Rs 45 environ à Maurice. En 2018/19, le prix fixé par la STC était à Rs 48/Rs 49 environ et en 2021 c’était à Rs 50,70. Comment expliquer aujourd’hui que le litre d’essence à la pompe est à Rs 74,10 ? Qu’est-ce qui a changé ? Nous payons entre Rs 24 et Rs 25 en plus sur chaque litre d’essence, sous forme de taxe », argue Megh Pillay.
Du côté de l'Association des consommateurs de l'île Maurice (ACIM), l’on soutient analyser la situation du Price Stabilisation Account. Jayen Chellum, le secrétaire général, affirme qu’une conférence de presse se tiendra en début de semaine prochaine où la question du PSA sera évoquée.
Niveau du Price Stabilisation Account
Par ailleurs, au vu des explications de la STC concernant la situation du PSA, une baisse des coûts des carburants à Maurice semble s’éloigner davantage. Dans la journée du 13 janvier, Rajiv Servansingh, le directeur général de la State Trading Corporation (STC), avait confié sur les ondes de Radio Plus que « conformément aux dispositions de la loi, le PCC avait, lors de la réunion du 12 janvier, recommandé une augmentation de 10 % du prix du diesel. Toutefois, le ministre du Commerce a utilisé son pouvoir, selon la loi, pour bloquer cette hausse de 10 %. Ainsi, les prix des produits pétroliers restent inchangés. Sur le plan international, le prix du diesel a grimpé, et celui de l’essence a connu une baisse ».
Cependant, Jayen Chellum n’est pas du même avis concernant le coût du diesel. Pour lui, le maintien des prix des carburants à Maurice est une injustice flagrante qui est insensée. « Les prix de l’essence et du diesel ont diminué de 40 % sur le marché mondial. Ce que dit Servansingh est faux. La STC a transféré l’argent dans le Consolidated Fund et c’est inacceptable », martèle le secrétaire de l’ACIM. Ce dernier est catégorique : la STC continue d’enfoncer le clou pour les consommateurs qui sont déjà dans une situation difficile.
Le PSA est-il condamné à rester déficitaire ? Megh Pillay affirme que la STC a perdu le contrôle sur le mécanisme de prix du pétrole. Elle risque de ne plus avoir d’issues si la structure du PSA est maintenue comme telle. Dans cette éventualité, le prix du carburant à Maurice pourrait atteindre de nouveaux sommets. « Le Price Stabilisation Account ne pourra être redressé. Il faut restaurer les réserves de la STC et annuler ses dettes. Celles-ci sont l’argent que le gouvernement a emprunté. Pourquoi est-ce aux consommateurs qui payent déjà le prix fort du carburant, de le payer ? Il faut également voir ce qui est raisonnable en termes de taxation sur le carburant », tonne l’ancien directeur de la STC.
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