À trois semaines de la fin du 1er trimestre - des pédagogues : «Il n’y a pas lieu d’étendre le calendrier scolaire» 

Le premier trimestre scolaire prend fin le vendredi 5 avril prochain. À trois semaines des prochaines vacances de 15 jours, faisons un bilan des dernières semaines passées. Ce qui retient l’attention pour le moment est la fermeture des écoles pendant 11 jours. Voyons comment faire pour que les élèves ne soient pas perdants.

11. C’est le nombre de jours où les établissements scolaires n’ont pas opéré depuis la rentrée des classes le 10 janvier dernier. Les raisons de ces fermetures sont les alertes cycloniques ou les avis de fortes pluies. La dernière en date a été le mardi 5 mars dernier, pour cause d’avis de fortes pluies.

Au ministère de l’Éducation, il n’est pas question que les élèves en soient les perdants. C’est ainsi que des mesures ont été prises pour la tenue des classes en ligne. Tout a été fait afin que les élèves soient connectés. Cependant, diverses raisons sont mises en avant, là où il n’y a pas eu de connexion. Arvin, un enseignant de Grade 10 dans un établissement secondaire public de Curepipe, soutient que : « Le but d’un enseignant est que tous ses élèves puissent réussir. Lorsqu’il n’y avait pas de cours à cause du mauvais temps, je me suis assuré qu’à la rentrée, tous mes élèves ne ratent aucune leçon. J’ai tout fait pour que ceux qui n’étaient pas connectés, puissent se rattraper. Pour ce faire, j’ai expliqué à nouveau les cours aux élèves qui avaient des difficultés et les devoirs ont suivi ».

Extension des classes - pas à l’ordre du jour 

À chaque fermeture d’école, le ministère de l’Éducation émet un communiqué mettant l’accent sur l’importance des cours en ligne. C’est ainsi que tous les élèves des Grades 1 à 8 peuvent suivre les cours sur les chaînes de la MBC. Ceux des Grades 9 à 13 ont des cours en ligne dispensés par leurs enseignants. Ces derniers soulignent que ledit ministère a établi au préalable les conditions pour la bonne marche de cet exercice. 

Au niveau du primaire, Vishal Baujeet, le président de la Governement Teachers Union (GTU), fait ressortir que : « les mauvaises conditions météorologiques ont eu un impact sur le secteur de l’éducation. Les autorités concernées ont réagi selon les prévisions météorologiques. Ce qui a valu des congés scolaires pendant ce trimestre. Néanmoins, nous ne pouvons pas dire avec certitude, à ce stade, qu’il n’y aura pas d’autres situations comme cela au cours de ce mois ou le mois suivant.  Les conditions météorologiques ne sont pas sous notre contrôle... »

Vishal Baujeet salue l’initiative des cours disponibles sur les chaînes de la MBC qui permettent une continuité de l'apprentissage. « Au cours des derniers jours de fermeture, ces programmes ont été diffusés sur les chaînes de la MBC pour les différents grades, selon des horaires définis.  Nous espérons que les élèves ont profité au maximum de ces programmes ». 

Une fois de retour en classe, le président de la GTU soutient que les enseignants font un suivi avec les élèves. Les profs ont pour tâche d’encadrer les élèves pour qu'ils soient prêts pour les différentes évaluations à venir. 

Ainsi, Vishal Baujeet précise qu’il n’y a pas lieu d’étendre le calendrier scolaire comme ce fut le cas l’année dernière. « Il n’y a pas lieu d’étendre le calendrier scolaire, malgré les cas de fermeture d’école. Il faut savoir que les jours pluvieux ou cycloniques sont pris en considération quand le calendrier du premier trimestre est établi. De plus, les enseignants savent comment faire pour rattraper le retard, si jamais il y en a. Ils le font depuis des années. Ce sont de vrais professionnels », affirme-t-il. 

Au niveau du secondaire, même son de cloche. Yugeshwur Kisto, président de la Government Secondary School Teachers Union (GSSTU), affirme que les cours en ligne ont porté leurs fruits. « Malgré des moyens limités, les éducateurs ont pu accompagner leurs élèves pendant les intempéries.  Dans les quelques rares cas où une infime partie du programme n’a pu être complétée, le nécessaire sera fait au cours du deuxième trimestre », avance-t-il.

Il souligne que la mise en place des cours en ligne requiert des infrastructures et des ressources adéquates. Selon lui, malgré les progrès accomplis depuis l'expérience de la Covid-19, il est essentiel d’améliorer continuellement les programmes en ligne et d’avoir une planification proactive. « Nous plaidons en faveur de mesures renforcées pour garantir la réussite des cours en ligne pour chacun de nos élèves… », dit-il. 

Harrish Reedoy, le président de la United Deputy Rectors and Rectors Union (UDRRU), reconnaît les efforts déployés par les éducateurs pour offrir des cours en ligne aux élèves des Grades 9 à 13. Il souligne que cela est fait en parallèle aux cours en ligne volontaires effectués par certains enseignants pour les Grades 7 et 8. « Cela démontre une approche proactive pour assurer la formation continue, en particulier lors de conditions météorologiques défavorables. Je souhaite que le ministère envisage d’étendre le système en ligne aux élèves des Grades 7 et 8. Cela constituerait une alternative viable aux cours en présentiel en cas d’intempéries et garantirait la continuité pédagogique pour tous les élèves du secondaire. Cependant, les parents et les élèves doivent être sensibilisés afin que ces derniers restent connectés. S'il est vrai que les cours en ligne ne pourront jamais remplacer complètement ceux en présentiel, ils offrent un moyen précieux de maintenir le processus d'enseignement et d'apprentissage. Malgré leurs limites, les cours en ligne offrent un sentiment de continuité et permettent aux élèves de s'intéresser au contenu pédagogique même dans des circonstances difficiles ».

Harrish Reedoy ajoute que si le ministère envisage de prolonger le calendrier scolaire, il devrait le planifier au cours des deuxièmes et troisièmes trimestres. « Les expériences passées ont montré que la prolongation du premier trimestre peut ne pas être aussi efficace en termes de résultats scolaires. En prolongeant le calendrier au cours des trimestres ultérieurs, nous pouvons garantir un impact maximal sur l'apprentissage et les progrès académiques des élèves », est-il d’avis.

Extended Programme 

Tout comme dans le mainstream, les élèves de l’Extended Programme ont aussi eu des cours en ligne durant les jours de fermeture d’école. L’enseignant Brian Pitchen affirme que certains élèves étaient présents alors que d’autres ont brillé par leur absence. « Nous ne pouvons pas dire que les cours en ligne se font comme il le faut, parce que tous les élèves n’ont pas les mêmes moyens ! »

Selon lui, au niveau de l’Extended Programme, il y a encore beaucoup d’élèves qui ne sont pas au niveau… Brian Pitchen est aussi d’avis qu’un prolongement dans le calendrier scolaire à cause du mauvais temps ne va pas résoudre le problème.

L’enseignant est catégorique, il faut changer le calendrier scolaire, démarrant au mois de février pour prendre fin en novembre. Il affirme que c’est une solution pour assurer une scolarité continue.

Rappelons que les élèves de l’Extended Programme sont ceux qui ont échoué aux examens du Primary School Achievement Certificate (PSAC). Ils prennent par la suite les mêmes examens que ceux de Grade 9 après quatre années scolaires. Ils sont alors en Grade 9+ et passent les épreuves du National Certificate of Education (NCE). Les résultats de la cuvée 2023 s’étaient certes améliorés comparés à 2022, mais les pédagogues affirment que les mesures mises en place ne suffisent pas. 

Ainsi, nous avons pu constater que le taux de réussite est de 8,9 % en 2023. Ce nombre représente 192 élèves qui ont réussi sur 2 149. En 2022, seuls 71 élèves sur 3 291 ayant pris part à ces examens avaient réussi, soit 2,2%. L’enseignant souhaite que des mesures concrètes soient prises pour qu’un plus grand nombre d’élèves puissent réussir cette année. 

Manque de manuels

Alors qu’il ne reste que trois semaines avant la fin de ce trimestre, certains manuels manquent toujours à l’appel, notamment en ce qui concerne les matières principales des Grades 7, 8 et 9. Cependant, des éducateurs soutiennent qu’il est rassurant de constater que la majorité des manuels ont été reçus à ce jour. 

Rappelons que comme au primaire, des livres sont aussi offerts gratuitement aux élèves des Grades 7 à 9. Ce faisant, le ministère de l’Éducation veut assurer une éducation de qualité à chaque élève. Cependant, la non-distribution de certains manuels est déplorable. 

Au niveau du mainstream, les enseignants ont reçu comme instruction de faire des photocopies pour les chapitres qui sont enseignés et les distribuer aux élèves afin de garantir que l'apprentissage se poursuive sans interruption jusqu'à l'arrivée des manuels. 

Harrish Reedoy précise qu’il est essentiel que le ministère réponde rapidement aux pénuries de manuels, afin de garantir un accès équitable aux ressources éducatives pour tous les élèves. 

Par ailleurs, en ce qui concerne l’Extended Programme, Brian Pitchen déplore aussi le manque de livres. « Dû au manque de livres, il y a beaucoup de retard au niveau des différentes classes. Cela ne nous aide pas, les élèves ne sont pas motivés. Les parents doivent aussi assumer leurs responsabilités et nous donner un coup de main pour la réussite de leurs enfants ». 

90 élèves pour la filière de Technology Education

Dans une démarche visant à innover le secteur éducatif, la matière Technology Education (TE) a été introduite en Grade 10. Ce nouveau programme, lancé en janvier 2024, fait partie de la stratégie d’offrir une éducation et une formation complètes à la jeunesse de la nation. Quelque 90 élèves ont opté pour ce cours. Ils sont répartis dans 10 établissements secondaires issus des quatre zones éducatives, notamment : 

1. Goodlands SSS
2. Royal College Port-Louis
3. Islamic Cultural College Vallée-des-Prêtres
4. Camp-de-Masque State College
5. Mahatma Gandhi SSS Moka
6. New Eton College
7. Emmanuel Anquetil SSS
8. Sookdeo Bissoondoyal State College
9. Loreto Mahébourg College
10. Swami Sivananda SSS)

Selon les chefs d’établissements, l'ET établit un nouveau précédent pour l'excellence éducative à Maurice. Cette nouvelle filière est considérée avec tout le sérieux possible par les autorités. D’ailleurs, la parité d'estime et d’équivalence académique a été faite au niveau du Cambridge School Certificate (SC), soulignant l'engagement du gouvernement à élever la formation professionnelle au même niveau que les voies académiques traditionnelles. La création de ce nouveau programme d'études est le fruit d'une planification minutieuse et de l'expertise des spécialistes locaux au ministère de l'Éducation, au Mauritius Institute of Education (MIE) et au Mauritius Examinations Syndicate (MES).

Le MIE et le MES ont joué un rôle clé dans la formation des enseignants. Ces derniers ont été familiarisés avec le syllabus d'enseignement et l’évaluation de l'apprentissage. Ils ont été équipés du matériel nécessaire. Les bases ont été posées pour une expérience éducative solide. De plus, la promesse d'une formation continue garantit que les éducateurs restent à la pointe des avancées pédagogiques. 

En termes de ressources, le MIE a été mandaté pour la production et la livraison à temps du matériel didactique, assurant que tous les élèves soient bien équipés pour entamer le cours de Technology Education. Un des dix chefs d’établissements soutient que : « l'effort d'alignement avec les normes internationales est évident à travers la collaboration entre le British Council et le ministère de l'Éducation. Ce partenariat vise à atteindre le benchmark et les bonnes pratiques par rapport aux meilleures mondiales, assurant que les élèves mauriciens reçoivent une éducation et une formation non seulement localement pertinentes, mais aussi compétitives à l'international ».

Abordant les défis potentiels de front, le ministère de l'Éducation a établi une ligne directe de communication avec les différents collèges, soulignant l'importance de la proximité pour favoriser un dialogue efficace. Cette approche souligne la flexibilité et la réactivité comme composants clés dans le déploiement réussi de la Technology Education, assurant que tout problème soit rapidement géré.

Soulignons que le New Eton College de Rose-Hill a investi dans deux salles de classe additionnelles, afin de dispenser les cours de Technology Education dans les meilleures conditions. 

Bright Up Programme : 1 100 élèves dans huit centres du MITD 

Le Bright Up programme est une initiative transformative pour ceux qui ont rencontré des défis dans leur parcours éducatif. Avec 1 100 élèves inscrits, ce programme découle de l'engagement du gouvernement à cultiver le potentiel de chaque élève.

Le directeur du Mauritius Institute of Training and Development (MITD), Sayadaly Maudarbocus, soutient qu’il existe différentes raisons pour lesquelles les élèves ne parviennent pas à obtenir le National Certificate of Education (NCE) ou le National Certificate Level 1 in Adult Literacy. Le Bright Up Programme est destiné à combler ce fossé, en adoptant une approche holistique et intégrée pour autonomiser les jeunes avec les compétences nécessaires pour avancer dans le monde du travail.

Cette initiative cible spécifiquement ceux qui ont suivi le National Certificate of Education (NCE) Extended Programme, mais qui, pour diverses raisons, n'ont pu obtenir le certificat. De plus, elle étend sa portée à ceux qui détiennent le National Certificate Level 1 in Adult Literacy. Ce programme reconnaît la diversité des talents et des aspirations au sein de notre société et vise à offrir des solutions sur mesure qui ouvrent des portes à des opportunités auparavant inaccessibles. 

Le directeur précise que le MITD est un partenaire majeur du Bright Up programme et collabore avec la National Social Inclusion Foundation (NSIF) et le Mauritius Sports Council (MSC). Le programme s'étale sur une année et débouche sur l’obtention d’un National Certificate 2 et est mis en œuvre dans huit centres du MITD. L'objectif est d'autonomiser les jeunes en leur offrant une voie pour poursuivre leurs études, et ainsi avoir la possibilité de rejoindre les cours de NC3 proposés par le MITD après avoir réussi le programme.

Le Bright Up programme est conçu comme un parcours intégré, mêlant la formation technique à l'éducation aux compétences de vie. Par conséquent, les stagiaires acquerront non seulement une expertise technique, mais seront également équipés de compétences de vie essentielles qui leur seront utiles dans leur cheminement vers le monde du travail.

« Dans les mois et les années à venir, nous anticipons la transformation des individus qui émergeront de ce programme en tant que contributeurs qualifiés, confiants et résilients à notre force de travail. Cette initiative bénéficiera non seulement aux participants, mais aussi à leurs familles, à leurs communautés et, in fine, à toute la nation. Le Bright Up programme n'est pas seulement une étape importante ; c'est un engagement inébranlable à créer un avenir où l'éducation est un chemin pour tous, quelles que soient les difficultés auxquelles on peut être confronté », soutient le directeur.