Faits Divers

Trois policiers «séquestrés» - Le boucher: «Si zot bouze, mo koup zot likou»

Khaleel Anarath est connu des services de police pour son tempérament.
Un sergent de police et deux constables, affectés au poste de police de Plaine-Verte, sont loin d’oublier la soirée du mercredi 2 décembre. Ils allèguent avoir été « séquestrés » par un boucher de la localité pendant trois heures et qu’ils ont été contraints de visionner un clip sur le Jihad. Khaleel Anarath est connu des services de police pour son tempérament. « Li ena enn problem ner », nous indique un de ses proches. Mercredi, des policiers du poste de Plaine-Verte se sont rendus, en deux occasions, à son domicile pour lui parler.
En effet, au cours de l’après-midi de mercredi, une commerçante de la localité fait appel à la police indiquant que le boucher l’a menacée avec une arme tranchante. Les hommes en uniforme sont alors allés le voir pour le ramener à la raison. Ils lui expliquent qu’il risque d’être arrêté s’il ne se calme pas. Une fois cette mise en garde lancée, les policiers sont repartis. Mais les choses étaient loin d’être réglées. En début de soirée, vers 20 heures, le poste de police reçoit un nouvel appel. Cette fois-ci, c’est un proche du boucher qui appelle. Khaleel Anarath aurait brutalisé sa mère.

Le père du suspect: « Dès qu’il boit, il s’emporte »

Abdool, 68 ans, le père du suspect, explique que Khaleel est d’ordinaire une personne calme. « Mon fils est tranquille. Le seul souci, c’est qu’à chaque fois qu’il est sous l’influence de l’alcool, il s’emporte et devient violent ».

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Un sergent et deux constables se sont alors rendus chez le présumé agresseur. En arrivant sur les lieux, les policiers sont invités à entrer dans la maison. Selon les explications fournies par les hommes en uniforme à leurs collègues du Central Criminal Investigation Department (CCID), le boucher s’est montré hostile envers eux dès qu’ils ont pénétré dans le salon. « Il a verrouillé la porte, et s’est emparé d’un sabre et d’une torche électrique », a fait ressortir le sergent dans sa déposition. Le calvaire des policiers ne faisait que commencer. « Il nous a menacés. ‘Pena pou ale. Si zot bouze, mo koup zot likou’, nous a-t-il lancé », ajoute le sergent. Pour éviter que les policiers ne réclament du renfort, le boucher leur aurait aussi demandé de couper toute communication avec l’extérieur. « Il nous a dit d’éteindre nos cellulaires ». Les policiers se sont exécutés. Ils ont tenté de raisonner le forcené, mais en vain.

Le service de presse de la police: « Nous ne sommes pas des supermen »

Trois policiers séquestrés par un individu. Comment cela s’est-il passé? Pour l’inspecteur Siva Coothen du service de presse des Casernes centrales, les policiers se sont retrouvés dans une situation délicate. « Nous faisons de notre mieux. Il faut faire ressortir que généralement nous ne sommes pas armés dans l’exercice normal de nos fonctions. Une personne qui vous menace avec une arme tranchante n’est pas facile à gérer pour n’importe qui. Nous ne sommes pas des supermen », lâche le policier.

Selon la version des policiers, le boucher leur aurait tendu une tablette tactile et leur aurait fait visionner une vidéo sur le Jihad. À la suite de cette séance, Khaleel Anarath se serait de nouveau montré agressif. « Zot pa pou sorti vivan depi isi », aurait-il lancé. Les minutes passent et les policiers tentent toujours de faire comprendre au responsable de leur séquestration la gravité de son acte. Entre-temps, constatant que les trois policiers tardaient à rentrer, leurs collègues du poste de police de Plaine-Verte ont essayé de les contacter, mais ils étaient injoignables. Des éléments de l’Emergency Response Service ont alors été dépêchés  au domicile du suspect. Ils devaient constater que la porte de la maison était verrouillée. A l’arrivée des policiers venus en renfort, Khaleel Anarath a emprunté une porte située à l’arrière de la maison et s’est enfui.
Les policiers séquestrés ont finalement pu être libérés. Des policiers se sont ensuite lancés à la recherche du fugitif. Ce dernier a été appréhendé tôt jeudi. L’enquête a été confiée au CCID. Lors d’une perquisition chez le prévenu, les enquêteurs ont confisqué une torche électrique, une matraque et un couteau.

« Nous avons bu et mangé »

Khaleel Anarath a passé la nuit au centre de détention d’Alcatraz. Il a été entendu par les enquêteurs du CCID vendredi, en présence de son avocat, Me Ridwaan Toorbuth. Le suspect a nié les faits qui lui sont reprochés. Selon ses explications, il connaît les trois policiers qui étaient chez lui ce soir-là. « Ils sont venus me voir et nous avons conversé, mangé et bu », a-t-il fait ressortir lors de son interrogatoire. « À aucun moment, je ne les ai menacés ou séquestrés. Ils sont restés un bon bout de temps, puis sont repartis de leur plein gré ». Khaleel Anarath a été présenté devant le tribunal de Port-Louis, sous une charge provisoire de séquestration, de menaces et de possession d’arme dangereuse. La police a objecté à sa remise en liberté sous caution.  
   

Policiers en détresse

  Le 9 août dernier, quatre policiers, dont un sergent, avaient été victimes d’agression à Khoyratty. Ils se sont retrouvés face à un forcené et leur véhicule avait été incendié. Ils ont été blessés alors qu’ils tentaient de maîtriser le suspect et ont dû faire appel à du renfort. Quatre autres policiers avaient été victimes d’agression à Trou-aux-Biches, le 16 novembre dernier. Ils procédaient à l’interpellation de deux suspects lorsque l’incident s’est produit. Le suspect a sorti un sabre et leur a infligé des coups. Trois d’entre eux avaient dû recevoir des soins à l’hôpital. Le samedi 28 novembre, un policier participait à un exercice de ‘Community Policing’ dans le quartier de Cité-Barkly, à Beau-Bassin, lorsqu’il a été agressé par un motocycliste. Le suspect, connu des services de police, a assené plusieurs coups au policier avant de prendre la fuite. Il a, par la suite, été arrêté. Mercredi 2 décembre, un policier affecté à la Traffic Branch est agressé par un chauffeur d’autobus à Port-Louis. L’homme en uniforme allègue avoir demandé, lors d’un contrôle, à un chauffeur d’autobus de s’arrêter, mais ce dernier a poursuivi sa route. Il a poursuivi le véhicule qui s’est enfin arrêté. À la suite d’une altercation avec le chauffeur, le policier a reçu plusieurs coups. Le chauffeur a été arrêté et accusé d’agression contre un agent de l’ordre ainsi que de conduite dangereuse.
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