Jusqu’à recemment, un candidat doit obtenir cinq Credits au niveau du School Certificate pour passer en Higher School Certificate. Cependant, le ministère de l’Éducation a ramené exceptionnellement le nombre de Credits requis à trois cette année. Cette décision ne fait pas l’unanimité car cinq Credits restent la base pour le recrutement.
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Les étudiants qui ont obtenu trois Credits au School Certificate (SC) et qui ont été admis en Lower 6 peuvent pousser un ouf de soulagement. Mais, les avis sont mitigés en ce qui concerne leur avenir, car certaines universités rehaussent leurs critères d’admission et le monde du travail devient de plus en plus compétitif.
Est-ce que ces candidats qui ont eu trois Credits en SC seront pénalisés lors de la sélection pour un emploi ? « Oui et non », dit la Human Resource Professional, Jessyca Joyekurun. Elle précise que certains employeurs prennent en considération majoritairement les résultats du Higher School Certificate (HSC).
Cependant, souligne-t-elle, certains postes requièrent un niveau très avancé en français, en anglais et en mathématiques. Et les candidats qui ont mal travaillé dans ces matières seront pénalisés. « Il va de soi que les élèves qui n’ont eu que trois Credits et qui ont mal travaillé devront redoubler d’efforts et réussir avec brio aux examens du HSC. Ils devront travailler dur et apprendre plus pour mettre toutes les chances de leurs côtés. Cependant, on trouve aussi une catégorie d’élèves, qui, malgré des résultats scolaires moyens, font extrêmement bien dans le monde du travail ».
Par exemple, le secteur Business Process Outsourcing (BPO) requiert souvent un niveau de français ou d’anglais élevé écrit et parlé. Pour la personne qui n’a pas eu de bons résultats dans ces matières, une formation linguistique est recommandée quand il rejoint l’entreprise.
Notre interlocutrice est d’avis qu’il n’y a aucune discrimination par rapport aux candidats qui ont seulement trois Credits. « Je dirais qu’il y a une différence importante de salaire entre une personne ayant une licence universitaire ou une qualification professionnelle et une personne ayant seulement le HSC. »
Par ailleurs, pour Jessyca Joyekurun, cela aura un impact sur la qualité. Elle soutient que les entreprises laissaient jusqu’ici au système éducatif le soin de faire son tri par rapport à la qualité, car la sélection était rigoureuse. Cependant, dit-elle, quand une personne obtient un diplôme dans une filière non adaptée à ses compétences, cela peut jouer contre elle, car son diplôme sera d’un niveau médiocre.
« Souvent, je trouve que ces personnes auraient mieux fait dans un milieu vocationnel. Beaucoup de personnes qui ont réussi à Maurice ont décroché un travail après le HSC et après des années d’expérience se sont élevées dans la hiérarchie, grâce à leur dur labeur et certains même ont entrepris des études par correspondance après avoir réalisé dans quel secteur ils souhaiteraient évoluer. »
Et d’ajouter que les universités et autres institutions d’enseignement supérieures ne doivent pas regarder que le côté commercial. Elles ont la tâche professionnelle et morale d’élever le niveau de la sélection et de ne pas inscrire des élèves, qui ne seront pas adaptés à leurs cursus académiques. Il ne faut pas oublier que de nombreux jeunes diplômés sont sans emploi et que cela prendra peut-être des années pour qu’ils trouvent un job alors que d’autres préféreront l’exode.
Krish Ponnusamy : «Cinq Credits au SC restent la base pour le recrutement»
Quand le ministère de l’Éducation vient de l’avant avec une telle décision, il doit expliquer le pourquoi de cette décision. Le rapport sur cette initiative a-t-il été rendu public ? demande Krish Ponnusamy.
L’ancien Senior Chief Executive (SCE) au ministère du Service civil explique que la fonction publique est un secteur qui réglemente le recrutement à partir d’un Scheme of Service. « Un candidat est appelé à respecter le Scheme of Service. Celui-ci comprend tous les critères détaillés de recrutement : diplômes, fonction, devoirs et compétences pour le poste, entre autres », poursuit-il. La Public Service Commission (PSC) risque d’avoir des ennuis avec le Public Bodies Arbitration Tribunal, si elle enfreint les règlements du Scheme of Service.
Pour le SCE, cinq Credits en School Certificate (SC) restent la base. « Les résultats du SC comptent, même si le candidat a un diplôme universitaire. Un élève peut avoir accès au Higher School Certificate (HSC) après avoir eu trois Credits en SC, mais le candidat ne sera pas recruté dans la fonction publique. Idem pour un lauréat. Il ne sera jamais éligible pour un poste dans la fonction publique. Car, il ne possède pas la base de ses qualifications. Il aura plus de chance dans le secteur privé, car celui-ci a ses critères pour le recrutement », explique-t-il. Il affirme que la PSC est contre la décision du ministère de l’Éducation concernant les trois Credits nécessaires pour passer en HSC.
Krish Ponnusamy indique que le ministère de l’Éducation devra respecter la procédure, afin d’amender le Scheme of Service de la PSC. « Le ministère de l’Éducation devra convaincre celui du Civil Service Affairs pour la révision du Scheme of Service. De là, des décisions nécessaires seront prises », souligne notre interlocuteur.
Anushka M., 17 ans : «Nous devons éviter les deux poids, deux mesures»
Pour Anushka M., 17 ans, la mesure de passer en HSC après avoir obtenu trois Credits aux examens du SC est démotivante. Cette habitante de Terre-Rouge est en Lower VI. « Nous devons éviter les deux poids, deux mesures. Le fait de décrocher cinq Credits aux examens du SC est en lui-même une bénédiction déguisée. Cela motive un élève à faire plus d’efforts pour réussir aux examens du HSC. De ce fait, cette réussite laissera une forte impression sur l’élève. De là, il réalisera qu’il faut beaucoup d’efforts et de sacrifices pour réussir dans la vie que ce soit au niveau personnel ou professionnel », explique-t-elle.
« Au début, cela me semblait difficile. Mais, j’ai persévéré. Je me suis appliquée dans mes études, j’ai sacrifié mon temps libre à faire des révisions, entre autres. Évidemment, j’ai eu de bonnes notes aux examens du SC », relate l’adolescente.
Thierry Goder : «Nous nous assurons que le candidat ait une maîtrise des langues et du domaine»
Trois Credits ou plus, des fois on a tendance à trouver qu’il y a un problème au niveau de l’écriture, quand on reçoit un Curriculum Vitae, indique Thierry Goder, d’Alentaris. « Personnellement, je ne pense pas que le fait d’avoir que trois Credits soit une lacune pour décrocher un emploi, car il y a des emplois qui demandent des Soft Skills. Le candidat peut faire bonne impression pendant l’entretien et on peut estimer qu’il est prêt à apprendre plus pendant sa formation pour avoir les compétences requises ».
Thierry Goder précise qu’Alentaris travaille avec beaucoup de compagnies qui ont besoin des cadres supérieurs. « On se concentre plus sur leur dextérité à rédiger des rapports et à préparer des dossiers. Par exemple, le problème peut se poser dans les métiers touchant à l’économie et à la gestion, entre autres. De ce fait, nous nous assurons que le candidat ait une maîtrise du domaine concerné et des langues ».
Par rapport à l’impact de la décision du ministère sur la qualité de l’éducation, il est d’avis que le problème est tout autre. « C’est tout le système éducatif qu’il faut revoir. Un élève peut avoir quatre ou cinq Credits, mais le niveau de français ou d’anglais peut laisser à désirer. C’est l’occasion pour l’élève qui obtient seulement trois Credits de se ressaisir et de mettre le paquet sur sa performance en HSC. »
Ramparsad Mungar : «L’éducation aide un élève à s’épanouir intelligemment»
Pour Ramparsad Mungar, secrétaire de la Managers of Private Secondary Schools Union (MPSSU), le niveau des élèves dans les écoles de nos jours est très faible. « Le parcours scolaire des élèves est à suivre. Les élèves en Grade 1 ne passent pas tous en HSC. Que 30 % d’entre eux arrivent à ce niveau. Dans cette optique, cette nouvelle mesure permettra de rehausser le niveau des élèves dans les collèges jusqu’à la fin du parcours secondaire », explique-t-il.
Ramparsad Mungar est d’avis que la nécessité d’obtenir cinq Credits aux examens du SC est injuste envers les élèves de niveau moyen. « Cette mesure empêche les élèves faibles académiquement de progresser dans leur vie. L’éducation ne signifie pas de former un élève à trouver un emploi, mais aider l’élève à s’épanouir intelligemment. Ainsi, ce n’est pas une question d’examens, mais d’éducation des jeunes à devenir de bons citoyens. Car, l’avenir du pays se trouve entre leurs mains », avance le secrétaire du MPSSU.
« Les élèves qui ont trois Credits peuvent devenir intelligents et des jeunes indépendants. Ils peuvent décrocher des emplois dans le secteur privé ou même devenir des entrepreneurs, voire mécanicien, soudeur, entre autres », dit-il.
On doit rechercher l’expertise singapourienne pour trouver la pédagogie appropriée pour mieux encadrer les élèves qui sont faibles académiquement. Ces derniers ne doivent pas être pénalisés.
« Un système d’enseignement et d’apprentissage doit être mis sur pied pour libérer l’esprit des élèves tout en les motivant pour poursuivre leurs études », recommande notre interlocuteur.
Reshma : «Le problème reste les critères d’admission à l’université»
Reshma prend part pour la deuxième fois aux examens du School Certificate cette année. Selon elle, cette décision du ministère de l’Éducation est avantageuse pour certains. « Tout dépend des capacités des candidats. Parfois certains sont pénalisés, car ils n’ont pas obtenu assez de Credits pour être inscrits en HSC. Au lieu de refaire une année, c’est mieux de donner la chance aux élèves qui le méritent de passer en HSC. Si dans l’ensemble, les résultats sont remarquables, je pense que l’élève peut mieux faire en HSC », dit-elle.
Cependant, selon elle, le problème reste les critères d’admission à l’université. « Le niveau a été rehaussé et cela peut être un problème pour ceux qui ont été en HSC avec trois Credits. Que se passe-t-il si le candidat a d’excellents résultats en HSC, mais que l’université exige tout de même cinq Credits ? », fait-elle observer.
Reshma est aussi d’avis que certains auront des difficultés à trouver un emploi dans la fonction publique. « De nos jours, les jeunes veulent être rémunérés selon leurs diplômes et cherchent une sécurité d’emploi. Personne ne voudra être embauché pour un maigre salaire et être exploité, parce qu’il a obtenu trois Credits. En effet, le School Certificate est une étape décisive. Si on veut une carrière et des diplômes poussés, c’est mieux d’avoir une bonne base. Ceux qui veulent suivre des études techniques et veulent être des Skilled Workers peuvent se contenter de trois Credits. Il ne faut pas oublier que le pays a aussi besoin d’eux. Tout le monde ne peut pas être médecin ou avocat », estime-t-elle.
Pourquoi le ministère de l’Éducation a-t-il pris cette décision ?
Le ministère de l’Éducation dit avoir pris cette décision « dans un souci de plus de souplesse envers les élèves ayant pris part aux derniers examens du SC ».
Cette décision aura-t-elle une répercussion sur les diplômes des élèves à l’avenir surtout dans le monde d’emploi ?
Les élèves qui feront des efforts parviendront graduellement à bien faire dans plusieurs domaines/matières. Ce qui les ouvrira d’autres portes ou même des nouvelles possibilités en termes de formation future, de carrière et d’emploi, estime une source au ministère de l’Éducation.
Par ailleurs, le ministère de l’Éducation a précisé qu’à partir de 2018, pour être promu en Grade 12, anciennement appelé le Lower Six, un élève devra avoir obtenu un minimum de quatre Credits au niveau du SC ou l’équivalent en General Certificate of Education. Toutefois, exceptionnellement pour 2018, des élèves ayant trois Credits seulement, pourront être considérés pour l’admission en Grade 12 sous les conditions suivantes :
Une demande officielle du collège pour son admission en G12.
La conformité aux critères d’éligibilité pour le choix des matières en HSC.
La disponibilité de sa combinaison de matières dans son collège.
« Ces élèves auront à se présenter une nouvelle fois aux examens de SC/GCE, en vue d’obtenir un Credit dans une quatrième matière au minimum. En 2019, seuls les élèves qui auront obtenu quatre Credits ou plus pourront être promus en G12. Ces élèves auront à se présenter une nouvelle fois aux examens de SC/GCE en vue d’obtenir un Credit dans une cinquième matière au minimum », indique une source du ministère de tutelle. Il ajoute qu’à partir de 2020, l’élève devra obligatoirement avoir cinq Credits pour être promu en G12.
Le ministère de l’Éducation précise aussi que pour toute promotion en G12, l’élève ne doit pas avoir atteint l’âge de 19 ans au 1er janvier de l’année de son admission en G12. L’élève doit aussi satisfaire les conditions spécifiques aux matières principales choisies.
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