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Trois ans après le naufrage du MV Wakashio : difficultés économiques et problèmes de santé perdurent

La marée noire causée après le naufrage du MV Wakashio sur les récifs à Pointe-d’Esny.

Un atelier de travail visant à évaluer l’impact du naufrage du MV Wakashio a eu lieu le mercredi 14 juin sur l’île des Deux Cocos. Cette initiative, organisée par l’ONG Eco Sud, comprenait également la présentation d’un rapport préparé par Jasheena Naggea de l’université de Stanford, qui offrait un aperçu de la situation.

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  • Difficultés économiques 

Après le confinement (mars-juin 2020), la marée noire a entraîné une importante baisse des revenus des ménages (-47,5 %) dans la région touchée, selon le rapport préparé par Jasheena Naggea de l’université de Stanford. En novembre, les revenus de ces familles avaient encore diminué (-56,6 %). Les travailleurs saisonniers, notamment ceux liés à la pêche et à la collecte de produits de la mer, ont subi une baisse allant jusqu’à 71 % de leurs revenus. La persistance de cette diminution dans les indicateurs socioéconomiques évalués suggère que ces individus pourraient rencontrer des difficultés à se rétablir financièrement. 

Conclusion : la marée noire a exacerbé les vulnérabilités de ces populations. Les difficultés économiques ont impacté leur capacité à se procurer des produits alimentaires essentiels, à faire face aux dépenses courantes du foyer et à couvrir les frais liés à leurs activités économiques. Les résultats ont clairement démontré que les difficultés économiques ont été amplifiées par la marée noire, alors que le confinement lié à la pandémie de Covid-19 en 2020 avait déjà entraîné une perte de revenus pour ces ménages.

  • Problèmes de santé

D’autres conséquences sociales ont été observées : l’augmentation de l’anxiété et de la dépression due à la pandémie, ainsi que l’exposition physique au fioul et un sentiment de colère accru causé par la marée noire, ont entraîné des problèmes de santé physique et mentale. Des familles n’ont pas pu envoyer leurs enfants à l’école, car elles ne pouvaient plus se permettre de leur offrir un déjeuner. Cette situation a été particulièrement préoccupante, car les écoles étaient déjà fermées pendant le confinement entre mars et juin 2020, puis à nouveau en août 2020 en raison de la marée noire. Les pêcheurs ont été plus fortement touchés sur le plan psychologique. La perturbation de leur « mode de vie » - la pêche étant bien plus qu’un simple métier pour eux - a altéré leur vision du monde, entraînant des inquiétudes quant à l’avenir et à la recherche d’autres sources de revenus. 

La combinaison des conséquences psychologiques de la pandémie et de la marée noire du MV Wakashio, le fardeau financier considérable, l’accumulation de dettes, l’insécurité alimentaire, la perturbation du calendrier scolaire, l’impact sur la santé et la distribution inégale de l’aide risquent de piéger de nombreuses personnes dans le cycle de la pauvreté et de fragiliser le tissu social de la région. Sans aide ni soutien, les habitants des zones côtières continueront de subir les conséquences combinées de ces deux événements.

  • L’aide du GM 

L’aide fournie par le gouvernement pendant le confinement, en comparaison avec celle offerte après la marée noire, a suscité des sentiments mitigés parmi les personnes interrogées. Alors que la majorité était satisfaite de l’aide accordée pendant la pandémie, elles étaient pour la plupart insatisfaites du soutien reçu après la marée noire. Plusieurs problèmes ont été soulevés, notamment une réaction jugée lente au début de la marée noire, une méfiance accru en raison d’une communication et d’informations scientifiques insuffisantes sur les mesures qui seraient prises et les impacts environnementaux de la catastrophe.

Les autorités rassurent

Les représentants du ministère de l’Environnement et de la National Coast Guard, qui se sont exprimés sur les différentes études menées après le naufrage du MV Wakashio, se sont montrés rassurants. « Plusieurs études ont été menées chaque trois mois afin de déterminer de la qualité des poissons et autres dans le lagon de Mahébourg. Aucune trace de carbure n’a été détectée », ont-ils soutenu. Le gouvernement a ainsi autorisé la pêche dans le lagon depuis 2021. Ces arguments n’ont pas convaincu les membres de la communauté locale. Pour beaucoup d’entre eux, ce n’est que dans les années à venir que l’on témoignera des conséquences de cette marée noire sur la santé.

Sébastien Sauvage, d’Eco Sud : « Une meilleure collaboration est nécessaire »

Selon le CEO d’Eco Sud, il est impératif d’établir des collaborations plus étroites entre les organisations non gouvernementales et le gouvernement afin de mieux se préparer à d’éventuelles catastrophes similaires à celle du Wakashio en 2020. « Je constate qu’il est nécessaire de continuer à travailler dans cette direction, car des difficultés persistent », a déclaré Sébastien Sauvage. « Nous attendons davantage de transparence et d’engagement de la part des autorités », a-t-il ajouté. Il a également souligné que l’année 2020 avait été marquée par la tragédie du naufrage du MV Wakashio à Maurice, provoquant une importante marée noire qui a eu des répercussions dévastatrices sur l’écosystème marin. « Cet événement a mis en évidence la nécessité d’une meilleure collaboration entre les autorités et les organisations de la société civile pour faire face à de telles situations. »

Louis Noël Telva, pêcheur de 64 ans : « Une empreinte indélébile » 

Le récit poignant de Louis Noël Telva, un pêcheur de 64 ans originaire de Mahébourg, met en évidence les conséquences dévastatrices de la marée noire sur les communautés côtières de Maurice. « La destruction des écosystèmes marins et la perte des moyens de subsistance ont laissé une empreinte indélébile sur la vie des pêcheurs et de leurs familles », a-t-il déclaré. « Avant la catastrophe, la mer était généreuse et regorgeait de vie, offrant des ressources abondantes aux habitants des régions côtières de Maurice. Cependant, tout a changé depuis la marée noire », déplore-t-il. 

En ce qui concerne l’attention portée par les autorités à la communauté des pêcheurs, Louis Noël Telva déclare : « Nos appels à l’aide et nos préoccupations ont été ignorés. Ils ne nous ont pas écoutés », déplore-t-il. En cas d’une autre marée noire, les conséquences seraient « encore plus dévastatrices » pour les communautés côtières déjà fragilisées. « Les pêcheurs et les résidents se sentent abandonnés et impuissants face à la situation », ajoute-t-il.

  • defimoteur

     

 

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