
Ils sont nés à trois, vivent à cent à l’heure et transforment chaque jour en une aventure intense. Entre chaos, tendresse et amour multiplié, leurs parents racontent une vie chamboulée… mais magnifiée par la présence de leurs triplés.
Après 20 ans d’attente, le miracle des Gukool

Roshni et Suraj Gukool se sont dit « oui » un 22 août 1999, portés par l’amour, la complicité… et un rêve commun : fonder une famille. Un rêve simple, sincère, mais que les années se sont chargées de mettre à l’épreuve. Car après le mariage, vinrent les espoirs, puis les déceptions. Les rendez-vous médicaux. Les tentatives infructueuses. Et ce silence, lourd, douloureux.
Vingt ans. Deux décennies d’attente. D’anniversaires fêtés avec en toile de fond un vide que rien ne comblait. « Chaque année, c’était un rappel cruel de ce que nous n’avions pas », confie Roshni, la voix calme, mais les yeux encore habités par l’émotion.
Et puis, un jour, le miracle.Quand Roshni découvre qu’elle est enceinte, l’émotion est immense, presque irréelle. La joie s’entremêle à la peur. Après tant d’années, cela peut-il vraiment arriver ? La première échographie vient balayer les doutes… en les multipliant. Trois cœurs. Trois battements sur l’écran. « On était émus, émerveillés, un peu paniqués aussi… mais surtout très heureux », se souvient Suraj, encore ému.
Trois bébés après 20 ans d’attente ? Un cadeau du ciel. Mais ce bonheur allait devoir s’épanouir dans un contexte inattendu : en pleine pandémie mondiale. Le 16 juin 2020, alors que le monde est à l’arrêt, confiné, inquiet, Roshni donne naissance à ses triplés dans un hôpital sous tension. Les protocoles sanitaires sont drastiques, les visites interdites. Et l’isolement devient une épreuve supplémentaire. « C’était très dur. On était seuls, on n’avait pas le droit d’avoir nos parents à nos côtés. Pas de famille pour nous soutenir. Et on avait peur. Peur pour les bébés, peur du virus… » raconte Roshni.
Advedh, Tanishka et Dharshil naissent en bonne santé. Mais leur petite taille et le contexte sanitaire rendent tout plus compliqué. Chaque geste est délicat, chaque nuit épuisante. Il faut tout gérer seuls, ou presque. Heureusement, leur beau-frère et leur belle-sœur ne les laisseront pas tomber. « Sans eux, on n’y serait pas arrivés », reconnaît Suraj. « Ils étaient là, même à distance, pour nous épauler. Nourriture, conseils, réconfort… leur soutien a été précieux. »
Car avoir des triplés, c’est une aventure à plein régime : les couches, les biberons, les pleurs en stéréo… tout se vit à l’intensité maximale.
« On ne dormait presque pas. Et avec la pandémie, c’était encore pire : pas de visite, pas d’aide extérieure. Mais on n’avait pas le choix. Ces enfants, c’était notre miracle. »
La foi récompensée
Aujourd’hui, les triplés ont soufflé leur cinquième bougie. Le lundi 16 juin, la famille a célébré ensemble cet anniversaire pas comme les autres. Une date gravée dans le cœur de Roshni et Suraj, comme un symbole de leur plus belle victoire.
Advedh, Tanishka et Dharshil ne se souviennent pas de leurs premiers mois, mais leur lien est évident. Une complicité palpable, presque magique. « Ils ont chacun leur personnalité. Mais dans leurs gestes, leurs attitudes, leurs façons de faire… il y a entre eux une connexion très forte. Ils se comprennent sans parler. » Ils jouent, se chamaillent parfois, se protègent toujours. Une vraie fratrie, soudée par la tendresse et la résilience.
Roshni travaille au secrétariat d’un supermarché. Suraj est store clerk. Pour assurer un quotidien digne à leurs enfants, il enchaîne les petits boulots : manutention, livraison, bricolage. « Je fais tout ce qu’il faut pour qu’ils ne manquent de rien », dit-il. Pour Roshni, la mission est claire : « Ce qu’on veut, c’est les voir réussir. Les voir heureux. C’est notre mission de vie maintenant. »
Les nuits blanches, les fins de mois difficiles, l’épuisement… rien n’entame leur énergie dès qu’il s’agit de leurs enfants. Leur histoire est celle d’un amour inébranlable face à l’adversité. Une foi récompensée. « Être parents après vingt ans d’attente, c’est comme recevoir un trésor qu’on pensait perdu. Chaque sourire, chaque progrès, chaque câlin de nos enfants est une victoire. On ne les prend jamais pour acquis. On mesure chaque jour la chance qu’on a. »
Ils ne savent pas ce que l’avenir leur réserve, mais une chose est certaine : leur foyer est aujourd’hui rempli de rires, d’énergie, de chamailleries… et d’un amour démultiplié par trois. Le lundi 16 juin, autour d’un gâteau d’anniversaire décoré avec soin, Roshni et Suraj ont soufflé, avec leurs enfants, cinq années de vie. Cinq années de défis. Cinq années d’un bonheur mérité. Et dans les yeux d’Advedh, Tanishka et Dharshil, brillaient sans doute un amour immense, forgé dans l’épreuve, mais taillé pour durer toute une vie.
Louise, Linsay et Leanne : les guerrières Vitry

La première échographie laisse deviner un petit cœur qui bat. Déjà, les larmes montent. Deuxième rendez-vous : deux battements, deux bébés. Deux surprises. Le couple sourit, incrédule mais rayonnant. Puis vient la troisième échographie… et c’est le silence, suspendu, presque irréel. Trois. Trois cœurs. Trois petites vies. Trois destins en formation.
« C’était irréel. On n’y croyait pas », souffle Sabrina Vitry, encore bouleversée par ce souvenir. Avec Arnaud, son époux, ils formaient alors un trio heureux, avec leur fils Thibault, trois ans. En quelques mois, leur cocon s’est transformé en un tourbillon à puissance trois.
Mais cette joie foudroyante s’est vite teintée d’inquiétude. Louise, Linsay et Leanne sont nées à seulement 32 semaines, chacune pesant un petit kilo. Des poupées de verre, silencieuses, frêles, reliées à une jungle de câbles et surveillées par une armée de moniteurs en unité néonatale. « On savait qu’elles seraient toutes petites… Mais quand on les a vues, c’était un choc immense. On ne pouvait pas les toucher, ni les prendre dans nos bras. Même l’allaitement était impossible. » Ces premiers instants, que tant de parents idéalisent, se sont révélés pour eux une épreuve, presque une douleur.
Pendant plusieurs semaines, la vie s’est jouée entre la maison et la clinique, entre la peur et l’espoir. Un quotidien suspendu à des regards à travers la vitre des couveuses, à des biberons soigneusement apportés, à des petits signes de progrès guettés avec ferveur. Et jour après jour, Louise, Linsay et Leanne ont montré qu’elles avaient le cœur vaillant. Bien plus fort que leurs 1 000 grammes.
Le retour à la maison ? Un autre choc, tout aussi intense. « Heureusement que nos parents étaient là. Nous étions dépassés. Il fallait gérer trois nourrissons, tout apprendre d’un coup, sans mode d’emploi… tout en continuant à s’occuper de Thibault, qui avait encore besoin de toute notre attention... » Une mission impossible ou presque.
Aujourd’hui, les triplées ont huit ans. Des filles pétillantes, pleines de vie, chacune avec son tempérament, ses petits secrets partagés entre sœurs et ce lien fusionnel si particulier aux multiples. « Être parent de triplées, c’est comme diriger une caserne. Tout est millimétré », plaisante Arnaud. Réveil à l’aube, petit-déjeuner, tenue, école, puis goûter, devoirs, bain, dîner à 19 heures, coucher en simultané. « Pas de discussion possible », lance Sabrina dans un éclat de rire.
Cette logistique s’applique également au budget familial. « Avec quatre enfants, l’amour ne suffit pas, il faut aussi jongler avec le budget. Noël, c’est un vrai exercice d’équilibre. On planifie, on achète utile, on mise sur l’ambiance. » Des cadeaux choisis avec soin, pas avec excès. Pour le couple Vitry, ce sont les moments passés ensemble, les rires, les chansons et la complicité qui valent de l’or. « Noël, pour nous, c’est créer des souvenirs, pas remplir une hotte. »
La santé, longtemps source d’angoisse, s’est heureusement stabilisée. « Quand elles étaient petites, c’était l’effet domino. L’une tombait malade, et les deux autres suivaient. On se retrouvait parfois avec trois bébés fiévreux en même temps. Nos mères ont été nos anges gardiens. » Comment tenir bon dans la tempête ? « On n’avait pas le choix. On s’est dit : soit on s’adapte, soit on coule. Alors on a choisi de flotter, coûte que coûte. »
Comprendre la dynamique unique entre Louise, Linsay et Leanne ? Un casse-tête quotidien. « Elles sont très complices. Longtemps, elles voulaient tout faire ensemble : les mêmes habits, les mêmes jouets, les mêmes copines… » Peu à peu, les parents leur ont appris à cultiver l’individualité. Chacune sa couleur, ses activités, ses envies. « Elles ont leur propre langage, une sorte de télépathie. Parfois, on préfère ne pas trop s’en mêler », s’amuse Arnaud.
Et derrière cette complicité, trois personnalités distinctes se dessinent. « Ce sont trois filles très différentes quand on apprend à les connaître. Mais elles restent unies par une force invisible, comme si leur naissance commune leur avait tissé une alliance indestructible. »
Avant l’arrivée des triplées, Sabrina croyait savoir ce que signifiait être parent : amour, patience, attention. Mais depuis, une nouvelle réalité s’est imposée. « Avec trois bébés en même temps, j’ai découvert une autre parentalité : celle de l’endurance, de l’adaptation constante, du lâcher-prise parfois. On n’a pas besoin d’être parfait. Il faut juste être présents, à l’écoute, disponibles. » Chaque jour est un petit exploit. Chaque crise traversée, une preuve de résilience. Et chaque sourire d’enfant, une récompense silencieuse.
Un mot pour résumer tout ça ? Sabrina n’hésite pas : « Mission. » Une mission parfois épuisante, souvent débordante, mais toujours magnifique. Et si le chemin est loin d’être facile, il est aussi rempli d’éclats de rire, de moments suspendus et d’un amour démultiplié. Car lorsqu’on donne la vie à trois petites étoiles d’un coup, on ne voit plus jamais le ciel de la même manière.
Azeem Khodabux

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