Les travaux pour la réalisation du Metro Express ont démarré il y a deux semaines. Et les embouteillages qui en résultent touchent tous les usagers de la route. Les employés peinent à respecter les horaires imposés par leurs employeurs. Reportage.
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Port-Louis, 8 heures. La chaleur est étouffante. Les artères menant vers la capitale sont bondées de véhicules. Ce qui génère un concert de klaxons et des ralentissements.
Des policiers régulent la circulation à cause de la fermeture, depuis près de deux semaines, d’une voie principale menant vers le centre-ville. C’est la pagaille ! Pourtant, les usagers de la route sont compréhensifs et obtempèrent.
À Les Salines, Kevin Martin, 30 ans, est sur le point d’enfourcher sa moto. Il avance que ces embouteillages constituent un véritable problème pour lui. « C’est dur. Une voie menant vers la capitale a été fermée et on doit emprunter d’autres rues pour aller dans le centre-ville. Ma vie a complètement changé ces derniers jours. Auparavant, je circulais librement. Maintenant, je dois me réveiller à 4 h 30. Je pense que les autorités concernées aurait dû procéder aux travaux durant de la soirée », dit-il.
Joy Ramgoolam, un habitant de Quatre-Bornes, prend son mal en patience. « Pour me rendre dans la capitale, je sors 30 minutes plus tôt. Ainsi, j’évite les embouteillages », laisse-t-il entendre. Selon lui, « tout est une question d’adaptation ». « C’est sûr qu’il y aura des inconvénients, mais les pays qui ont adopté le métro ont fait des avancées », poursuit-il.
« La circulation est plus qu’au ralenti. Et la chaleur n’arrange pas les choses. Ce n’est pas évident. Des fois, on se demande s’il n’est pas préférable de descendre de l’autobus et de poursuivre la route à pied », lâche Jacqueline Sansfaçon.
La mère de famille déconseille au public de se rendre à Port-Louis pour le moment, si c’est pour faire du lèche-vitrine. Elle est d’avis que les autorités doivent mettre en place des mesures afin de faciliter la vie des usagers de la route pendant la durée des travaux.
« C’est le stress total. Il faudrait trouver un mode de transport autre que les voitures pour véhiculer ceux se rendant dans la capitale », suggère-t-elle.
Retard au travail : l’employé pas exempté de sanction
L’avocat Neil Pillay est catégorique : tout le monde a un contrat de travail stipulant les heures d’arrivée et de départ. L’employé est supposé respecter les clauses de son contrat à la lettre. Cependant, les employeurs devraient faire preuve de flexibilité, vu les circonstances, fait-il ressortir.
« Tout dépend de la façon dont l’employeur veut traiter la chose. S’il est strict, il peut tenter de pousser le salarié vers la porte de sortie. Un projet d’infrastructure, qu’il soit d’envergure nationale ou pas, n’est pas le problème de l’employeur », ajoute l’avocat.
Il explique qu’un employé raisonnable devrait proposer de faire des heures supplémentaires, en vue de compenser son retard. C’est une question de bonne volonté, précise Me Neil Pillay. Comme sortir plus tôt pour se rendre au travail, à cause des embouteillages liés à la réalisation du Metro Express.
« Les employeurs sont souvent stricts, en ce qu’il s’agit des horaires de travail. Il faudrait déterminer si ceux-ci occasionnent réellement des retards ou si la situation n’est pas utilisée comme prétexte par les employés », fait-il remarquer.
Eddy Boissezon, ministre de la Fonction publique : «Dix points stratégiques de la capitale analysés»
Le ministre de la Fonction publique, Eddy Boissezon, souligne qu’il y a déjà un protocole concernant les retards des fonctionnaires. Ces derniers doivent travailler après les heures, afin de compenser le retard accumulé, précise-t-il. Concernant les retards liés aux travaux du Metro Express, Eddy Boissezon déclare que certaines zones seront analysées et des actions seront prises si nécessaires.
« Il n’y a que deux façons d’entrer dans la capitale. C’est soit par le Nord, soit par le Sud. Dix points stratégiques de la capitale seront analysés. Le contrôle s’étalera sur une quinzaine de jours. Nous essayerons d’établir s’il y a effectivement des retards liés aux travaux entourant la réalisation du Metro Express. Nous prendrons des décisions à la lumière de ces analyses et dépendant des anomalies décelées. L’étude a débuté mercredi avec le concours de la force policière », avance le ministre.
Pour lui, il n’y a pas eu d’embouteillage lié au Metro Express. Le ralentissement de la circulation, la semaine dernière, est, explique-t-il, lié au pèlerinage en marge de la fête Maha Shivaratree. « Je ne vois vraiment pas comment ces travaux auraient un impact sur le trafic routier. Pour le moment, nous sommes en mode Business as usual dans la Fonction publique. Il n’y a pas eu de retards sauf lundi, quand il y a eu un problème de congestion routière dans la capitale », poursuit-il.
Vinod Ramkoosalsing, psychiatre : «C’est du surajouté pour les personnes à problèmes»
Le psychiatre Vinod Ramkoosalsing, qui est également le président de la Mental Health Federation, est d’avis que les personnes à problèmes pourraient être affectées, si elles se retrouvent souvent dans des embouteillages.
« Ces embouteillages sont perçus comme du surajouté pour les personnes à problèmes, par exemple pour ceux qui sont confrontés à des soucis financiers. Puis, il y a les parents qui ont des adolescents à problèmes. Il y a aussi les personnes qui se sentent mal dans leur peau. Ces congestions routières peuvent provoquer une dépression sévère sur ces catégories de personnes, entraînant l’hypertension ou une insuffisance cardiaque. Le stress peut aussi déstabiliser un diabète bien contrôlé », avance le psychiatre.
Au volant, explique le Dr Vinod Ramkoosalsing, la personne est facilement agacée en temps normal. « Maintenant, imaginez-vous dans un embouteillage par cette chaleur estivale ? » fait-il ressortir. Il lance un appel aux automobilistes et au public pour qu’ils fassent en sorte que ce contre-temps n’influe pas sur leurs emplois et leurs familles.
« Il est évident que les travaux liés au Metro Express causeront des bouchons dans divers endroits du pays, mais surtout dans la capitale. Les personnes qui cumulent plusieurs professions seront pénalisées, en raison des embouteillages. Et quand on n’arrive pas à subvenir aux besoins de la famille comme il faut, des problèmes peuvent surgir », poursuit le médecin.
« Ce genre de scénario aura un effet cumulatif sur le stress. Ce qui peut s’avérer dangereux et causer une hypertension, des migraines et des douleurs lombaires. Par ailleurs, si l’anxiété est à son comble, l’insomnie et la dépression peuvent s’installer. Ce qui, au fil du temps, influera sur la productivité de l’entreprise. Il peut même y avoir des conflits entre collègues en cas d’incompréhensions, entre autres soucis », précise le psychiatre.
Le Dr Vinod Ramkoosalsing est d’avis que le sport est le meilleur moyen de combattre le stress. Il propose la natation, le jogging et des exercices physiques. « Ceux qui consomment des boissons alcoolisées pour s’endormir ou décompresser ne trouveront jamais la porte de sortie. Les somnifères doivent être administrés uniquement sur avis médical et ce, pendant une courte durée », soutient le psychiatre.
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