Voyager, découvrir de nombreux pays et leur culture, tout en touchant un salaire est une expérience… enrichissante. Travailler sur un bateau de croisière est un rêve pour beaucoup de Mauriciens. Bien que beaucoup le voient comme un travail saisonnier, l’opportunité d’y faire carrière est bien réelle. Tour d’horizon.
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Sultana Peerbocus : « Il y a beaucoup de possibilités de carrière »
Sultana Peerbocus est passée d’Assistant Cabin Steward à Butler dans le Yatch Club VIP sur un bateau de croisières. « J’ai dû faire mes preuves. Ce n’était pas chose facile. On nous demande d’être impeccables, mais j’aime ce que je fais. » C’est en 2011 qu’elle quitte le cocon familial pour embarquer sur le MSC Cruise Ship.
Grâce à ses efforts, elle a gravi les échelons. « C’est une question de persévérance. Il faut vouloir progresser. C’est cette attitude qui nous permet de faire de notre mieux », explique-t-elle.
Après trois contrats et une bonne évaluation, Sultana entre dans la cour des grands, en quelques années, en devenant, successivement, Junior Butler et Butler dans le Yacht Club VIP. « Je ne savais pas qu’il y avait autant de possibilités de carrière sur un bateau de croisières. Nous devons travailler dur et honnêtement tout en gardant le sourire », raconte-t-elle. Bien qu’elle évolue professionnellement loin de sa famille et de son pays, Sultana se dit fière de son parcours. « Il faut vouloir progresser. J’ai laissé mes parents, mais ils sont fiers de moi. »
Kabir Vedth Bhoyroo : « Je suis très sollicité sur le marché américain »
Ce sont la discipline et la rigueur qui expliquent la réussite de Kabir Vedth Bhoyroo dans sa carrière sur bateau de croisières. Il a embarqué à bord de cette aventure en 2008 comme ‘buffet boy’.
« Durant mon premier contrat, j’ai été promu assistant serveur et j’ai obtenu le poste de serveur dans le deuxième », indique notre interlocuteur. Bien qu’il a eu des moments très durs, il confie n’avoir jamais baissé les bras.
« La restauration n’est pas un métier facile. La discipline et les règles à bord sont très strictes. Nous travaillons 77 heures par semaine. Dans ce domaine, il faut être rapide et garder le sourire, même quand cela ne va pas. Il faut être précis dans son travail, savoir communiquer. En fait, il faut réunir plusieurs qualités pour pouvoir donner le meilleur et, parfois, ce n’est pas évident de se montrer à la hauteur de ce qu’on attend de vous. »
De plus, il y a la distance avec sa famille, souligne Kabir. Toutefois, il n’abandonnera pas et redoublera d’efforts pour se voir, au bout de cinq ans, promu au rang de chef de service. « Je suis très sollicité sur le marché américain. Je me suis fait aussi beaucoup d’amis, non seulement avec les autres employés, mais aussi avec les clients. »
Oumesh Arjoon, agent recruteur : « Il faut se dévouer pour évoluer »
« Travailler sur un bateau de croisière comporte beaucoup d’avantages », explique Oumesh Arjoon, directeur d’Oumesh Viaggi Shipping Co. Ltd (OVSC). Il travaillait, lui-même, en tant que Chief housekeeper sur un bateau de croisière en 2011 et gère, aujourd’hui, sa propre agence de recrutement. « Il y a une grande possibilité d’évolution de carrière dans ce domaine, mais il faut se dévouer. »
En sus de voyager aux frais de la compagnie et de découvrir des dizaines de pays, l’employé de croisière peut facilement économiser de l’argent, souligne l’agent recruteur. « Pas besoin de s’inquiéter du loyer, de l’électricité et des autres factures. Plusieurs jeunes viennent travailler à bord des croisières pour pouvoir aider leur famille et ils y arrivent très bien », indique le directeur d’OVSC.
Aussi, poursuit notre interlocuteur, les Mauriciens ont également l’occasion de rencontrer les gens de différents pays du monde. « Les membres d’équipage sont de différentes nationalités. Ils vivent les uns avec les autres pendant plusieurs mois et ce métier leur permet d’échanger et de partager sur leurs différentes cultures et leurs modes de vie. »
Gérard, la cinquantaine : « C’était trop dur à supporter »
Pour Gérard, les voyages, les découvertes, l’argent, c’est bien, mais embrasser son épouse et serrer ses enfants dans ses bras, c’est mieux. Gérard, la cinquantaine, embarquait à bord d’un bateau de croisières, il y a quelques années, pour assurer l’avenir de ses deux enfants, mais le manque de la famille et du pays était omniprésent. « Quand vous êtes marié et que vous avez des enfants, c’est beaucoup plus dur de se séparer pour aller travailler pendant quatre ou six mois. Je pensais que je pourrais le faire, mais c’était trop dur à supporter », confie le père de famille.
Pourtant, le chef de cuisine rempilera pour un deuxième contrat… pour ses enfants. « C’est mon rôle de subvenir aux besoins de ma famille. Je dépense en moyenne vingt mille roupies par mois rien que pour les enfants, notamment les frais de scolarité et de transport, entre autres. » Toutefois, lors de son deuxième contrat, les choses ont commencé à changer et le chef se retrouvera… au four et au moulin ! « Nous manquions de main-d’œuvre, beaucoup avaient abandonné et, en attendant le recrutement d’autres employés, nous devions accomplir plusieurs tâches à la fois et j’étais fatigué. »
Gérard n’avait plus le temps ni la force pour contacter sa famille et c’était de plus en plus très dur pour lui de gérer la situation. « Les emplois secondaires prenaient tout notre temps libre. Nous ne pouvions même pas descendre du bateau pour visiter les pays que nous accostions. » Les employés doivent suivre des règles très strictes. Ainsi, un tiers des membres de l’équipage doit être disponible tout le temps à bord en cas d’urgence.
« Parfois notre temps de repos était réduit », déplore l’ancien chef de croisière. Après son deuxième contrat, Gérard n’a pas voulu continuer et évolue, aujourd’hui, dans l’hôtellerie. « C’est tout aussi fatiguant, mais au moins je suis avec mes enfants. Les métiers de croisières rapportent beaucoup, mais avant de partir pour cette aventure en mer, il faut se demander si l’on est prêt à tout sacrifier… »
Perspectives d’emploi
Faire connaître les perspectives d’emploi dans le secteur maritime. Tel était l’objectif de la journée portes ouvertes, le mardi 28 février, à la salle de conférences BPML de la CyberTower 1 à Ebène. L’initiative revient au ministère de l’Economie océanique, des Ressources marines, de la Pêche et des Affaires maritimes et a bénéficié de la collaboration du Human Resources Development Council (HRDC).
Lors de cette journée, la Mauritius Maritime Training Academy (MMTA), le Mauritius Institute of Training Development, le HRDC ainsi que des recruteurs étaient sur place pour présenter les possibilités de carrière dans ce secteur. Plus de 2 000 personnes ont fait le déplacement. Certains ont pu s’inscrire pour les formations offertes sous le National Skills Development Programme du HRDC par la MMTA. Les admissions étaient uniquement réservées aux jeunes de 21 à 35 ans, ayant au minimum la Form III.
Ceux ayant un emploi ne tombent pas dans les critères de sélection. À noter que les frais de formation sont pris en charge par le HRDC et les bénéficiaires recevront une allocation mensuelle de Rs 5 000 et Rs 1 000 pour le transport. Plusieurs employés étaient aussi de la partie pour faire part de leur expérience aux jeunes.
Les principales compagnies de croisières
- MSC Croisière (10 navires)
- Costa Croisière (15 navires)
- Royal Caribbean Cruise (35 navires)
- Carnival Corporation (86 navires)
- Groupe Apollo Management (22 navires)
2 500 postes à pourvoir
Il y a actuellement 2 500 postes à pourvoir pour les Mauriciens à bord des bateaux de croisières, indique Chandra Seepaul, directeur de CSCS International Manning Ltd and Hiring Partner for Royal Caribbean Cruise Lines.
« Les bateaux de croisières recherchent principalement des serveurs, des cuisiniers à tous les niveaux, des ‘Housekeepers’, des hôtesses, des techniciens et des stewards. Par ailleurs, il y a aussi une grande demande pour les ‘Spa Therapists’, les esthéticiennes, les coiffeuses et les animateurs », indique-t-il. Les jeunes s’intéressent de plus en plus aux métiers de croisière, ajoute-t-il. « Ils ont compris que ce sont des métiers qui ne vont jamais se perdre avec le temps. »
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