À la nuit tombée, des étrangers sortent. Certains pour faire leur jogging ou pour prendre un verre, alors que d’autres prennent leurs postes de travail. La majorité d’entre eux sont des Nigérians. Certains étudient et travaillent à temps partiel. D’autres sont ici pour travailler uniquement.
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Les Mauriciens sont habitués à voir des travailleurs étrangers sur notre sol, et dans certaines régions (Ouest et Nord), les travailleurs africains sont nombreux. Certains soupçonnent, même, ces travailleurs d’utiliser des subterfuges pour travailler au noir. Toutefois, cet argument est grandement contesté par des membres de la communauté des étudiants/travailleurs africains et par le service des Passeports.
C’est ainsi que nous rencontrons Ezéchiel (prénom modifié), un ressortissant nigérian qui habite l’Ouest du pays. Il est, presque chaque soirée, dans le centre du pays. Il dit être un étudiant de 21 ans en management. Il bosse, aussi, à temps partiel. « Je ne suis pas un immigrant illégal. Je travaille dans des fast-foods ou avec des commerçants pour me tenir occupé et gagner de l’argent de poche », affirme le jeune homme. Ce sont des compatriotes à lui qui travaillent à Maurice, qui lui ont facilité l’accès à ces petits boulots. Il vit dans un appartement payé par ses parents et compte repartir dans son pays ou rejoindre l’Afrique-du-Sud pour travailler après ses études.
Nous l’avons interrogé sur son avenir à Maurice et s’il compte rester. « Pour faire quoi ? Excusez-moi, mais l’Australie ou l’Afrique-du-Sud est plus attrayant, il y a plus d’opportunités aussi ». Mais, pourquoi Ezéchiel a-t-il choisi d’effectuer ses études à Maurice ? Ses parents ont les moyens de l’envoyer en Australie ou en Europe, ils déboursent un minimum de $ 15 000 par année pour ses études. C’est son choix de venir étudier dans une université affiliée à une institution étrangère, à Maurice. Il explique que ce n’est pas facile d’essayer de tromper le système ici. « Les contrôles et les vérifications sont sévères. Déjà, il faut aller en classe et ne pas sécher les cours. Ensuite, il y a une série de documents et de preuves à présenter pour pouvoir effectuer des études ici », affirme l’étudiant. Il explique qu’un jeune n’irait pas dépenser un minimum de $ 10 000 par an pour s’enregistrer dans une université, rien que pour pouvoir travailler pour un salaire d’environ Rs 15 000 à Rs 20 000 par mois.
Les boulots à temps partiel ne suffisent pas
Comme Ezéchiel, d’autres étudiants africains effectuent des petits boulots après les heures de cours. Mais, certains sont mieux lotis et travaillent pour acquérir de l’expérience ou « pour le fun ». Nous avons rencontré ces étudiants dans une université du centre. Liam vient de l’Inde et étudie la communication, Cynthia vient du Zimbabwe et étudie le business management en deuxième année et Tay vient de l’Afrique-du-Sud et étudie l’entrepreneuriat. Ils sont des étudiants vivant à Maurice. Cynthia est entièrement financée par ses parents et vit dans une maison seule. Par contre, Liam travaille à temps partiel dans un centre de plongée et Tay travaille à temps partiel en tant que trader. Ils effectuent ces boulots pour le fun et en passant, ils se font de l’argent de poche.
Néanmoins, c’est difficile pour un étudiant de se faire suffisamment d’argent pour payer la location d’une maison, se nourrir et économiser. Pour les métiers qu’ils effectuent, un salarié normal ne touche pas plus de Rs 20 000 par mois. La location d’un appartement dans les parages de leurs universités coûte, au minimum Rs 10 000 par mois. Il faudra Rs 5000 de plus pour se nourrir et un métier à temps partiel ne suffit pas. Ajouté à cela, il faut trouver au minimum Rs 200 000 par an pour payer les cours, sans compter les autres frais. Cela décourage les étrangers à prendre des études comme prétexte pour travailler à Maurice.
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