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Traumatisée par l’agression mortelle de son père : une brillante élève met fin à ses études

Zohra a arrêté ses études universitaires. | Photo illustration

C’est comme ça, sans que l’on s’y attende le moins du monde, que l’avenir d’une personne peut se briser d’un coup. Y a-t-il un moyen de se relever, de se reprendre ? Si on cherche, si on accepte de l’aide, oui. On l’espère pour cette jeune fille dont on raconte ici la tragique histoire.

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L’an dernier, lors d’un terrible après-midi, quelque part dans l’île, une jeune fille de 19 ans, que nous prénommerons Zohra, a assisté à l’agression mortelle de son père. Un père qu’elle aimait tant. « Son papa allait la déposer pour ses leçons particulières, puis c’est lui-même qui allait la chercher. Ils étaient inséparables. Il était au centre de son univers », raconte la mère de la jeune fille.

Depuis qu’elle a assisté au drame en compagnie de sa petite sœur, Zohra a été si traumatisée qu’elle a complètement perdu goût à la vie. « Elle fréquentait un collège d’Etat et était une brillante élève, la première de tout le collège. Après avoir passé son HSC, elle est entrée à l’université. Hélas, après le drame, elle a tout arrêté. Elle est absolument traumatisée. Elle ne veut plus rien faire, elle ne veut plus même trop sortir de la maison. Rien ne semble vraiment l’intéresser. Quel dommage que l’avenir d’une si brillante fille soit brisé par cette chose épouvantable qu’elle a vécue ! » se lamente sa mère.

La dame avance qu’elle fait tout pour remonter le moral de sa fille, pour ramener un peu de couleur dans sa morne existence. « Elle ne veut pas reprendre ses études. Toutefois, depuis un certain temps, j’ai remarqué qu’elle lit des choses sur Internet. Et elle parle aussi avec ses sœurs. Nous tous, nous l’encadrons, essayons de la soutenir. Des fois, quand je sors avec mes autres filles, j’arrive à la persuader de venir avec nous. Des fois, elle refuse. J’ai aussi des frères qui, eux aussi parlent avec elle, l’encouragent autant qu’ils le peuvent. J’aimerais tant qu’elle fasse le deuil et sorte de ce néant où elle doit se sentir terriblement seule sans son père. Je dois dire qu’à la maison, elle parle normalement et m’aide dans les tâches ménagères. Mais elle n’est plus la même fille qu’avant… », confie la maman.

Suivi psychologique

La mère de Zohra avoue qu’elle n’a pas cherché d’aide psychologique pour sa fille. Peut-être qu’elle ne savait pas comment s’y prendre, vers où se tourner. Sachez que l’État offre un suivi psychologique aux jeunes dans la même situation que Zohra. Prière de téléphoner au 213 0736, au département Psychologie du ministère de l’Égalité des genres et du Bien-être de la famille, pour prendre un rendez-vous.

Une veuve et ses filles

La mère de Zohra est encore jeune. Tout en portant une attention particulière à l’état de santé mentale de sa fille aînée, elle doit s’occuper de sa famille, qui se compose de cinq membres. C’est elle maintenant leur mère et leur père. Le vendredi 10 janvier, jour de l’admission à l’école, elle a accompagné la benjamine à la maternelle. Le même jour, son autre fille a été admise au collège. « C’est ma cadette qui l’a accompagnée pour les formalités. Elle n’a que 16 ans, mais elle prend déjà ses responsabilités », avance la dame.

Dans une famille, un père reste un père, un pilier irremplaçable. On peut imaginer l’impact que l’absence du père de ces filles si jeunes doit avoir sur elles. La vie ne sera plus jamais la même pour elles. Et pourtant, leur maman devra s’assurer, devra lutter pour qu’elles ne manquent pas d’affection. Mais ce ne sera, certes, pas une tâche facile pour cette femme, d’autant que son aînée reste terriblement affectée.

Pour survivre, la dame essaie de reprendre le flambeau de l’activité laissée par son mari, c’est-à-dire continuer le travail qu’il faisait. Toutefois, sur le plan financier, elle rencontre des difficultés. D’abord, son nikaah n’a pas été enregistré auprès du Muslim Family Council et, de ce fait, son mariage n’est pas reconnu par l’État civil, ce qui la prive de la pension de veuve. Et non seulement elle, mais ses enfants aussi n’ont pas droit à une pension. Un drame qui s’ajoute à un autre.

Dharma Ramjunum, assistant-commissaire, Sécurité sociale : «Sans mariage civil, on ne bénéficie pas du statut de veuve»

Une femme est reconnue comme veuve par l’État seulement si son mariage a été scellé par un officier de l’État civil. C’est ce qu’explique Dharma Ramjunum, assistant-commissaire de la Division des pensions de la Sécurité sociale. « Quand une femme est reconnue comme veuve, elle a droit à sa pension de veuve et ses enfants aussi ont droit à une allocation sociale. C’est ce que prévoit la loi », explique-t-il. « Si elle n’est pas reconnue comme veuve par l’État, une femme qui a perdu son compagnon et qui ne travaille pas ne pourra réclamer qu’une aide sociale », précise-t-il.

« Si ses enfants vont à l’école, elle pourra toutefois disposer d’une aide sociale pour le matériel scolaire », ajoute l’assistant-commissaire.

 

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