Société

Transport des malades: un manque de personnel grippe le service

Le service ambulancier est souvent pointé du doigt. Les ambulances, selon des membres du public, arrivent souvent trop tard dans certains cas. « Apre la mor la tisann », scandent-ils. Nous avons tenu à comprendre le pourquoi du comment de ce problème… Comme c’est le cas chaque matin, c’est le ballet des ambulances pour déposer les malades à l’hôpital, notamment pour la physiothérapie, la chimiothérapie ou la dialyse, entre autres. Ce n’est qu’en étant dans le milieu qu’on se rend compte de l’énorme travail que le personnel doit abattre afin de sauver des vies et aider les patients à se rendre à l’hôpital pour leurs traitements. Ce service existe dans tous les hôpitaux et est mis à la disposition des malades qui ne peuvent se déplacer autrement qu’en ambulance, en raison de leur état de santé. Il s’adresse aussi à ceux qui sont en mobilité réduite. Le service fonctionne 24/7 et, en journée, c’est particulièrement pour les patients qui ont rendez-vous que les ambulances dites de la catégorie B, donc non-médicalisées, sont utilisées. Ces ambulances peuvent aussi être sollicitées à n’importe quel moment pour le transport d’un malade qui a besoin d’être conduit à l’hôpital. Pour les cas plus urgents où la vie du patient est en péril, ce sont les ambulances de catégorie A (médicalisées) du Service d’aide médicale urgente (Samu) qui sont de sortie. Alors que ce service est indispensable pour de nombreuses personnes, d’autres usent et en abusent souvent pour des peccadilles. « Certains membres du public prennent les ambulances pour des taxis. Des fois, rien que pour avoir deux comprimés de Panadol, certains font appel à une ambulance pour venir à l’hôpital et demandent à ce qu’on les retourne chez eux par la suite. D’autres font semblant d’être malades rien que pour avoir un moyen de transport pour rentrer chez eux après une fête ou pour aller jouer au casino », déplore Krishnadev Boodia, président du Ministry of Health Transport Workers Union.

Cruel manque de personnel

Ce qui est au détriment d’autres cas plus graves, déplore un chauffeur d’ambulance qui a tenu à garder l’anonymat. Selon un de ses collègues  Ismaël Nasser, il y a tellement de patients à transporter chaque jour qu’il est difficile parfois de répondre à l’appel. Le service fait face à un manque cruel de personnel et d’ambulances, ajoute-t-il. Citant le cas de l’hôpital Jeetoo, Ismaël Nasser explique que la zone desservie par cet établissement est très vaste et s’étend de jusqu’à Nouvelle-Découverte, en passant par l’Espérance, Dagotière, Quartier-Militaire, Baie-du-Tombeau, Pointe-aux-Sables, Albion, Bambous et Beau-Bassin. Cinq ambulances assurent le service pour toute cette région ce qui est loin d’être suffisant, selon lui.

Recrutement urgent

Un avis que partage un infirmier urgentiste qui a tenu à garder l’anonymat. Pour lui, il y a un urgent besoin de recruter du personnel tant pour le service des ambulances non-médicalisées, que celui du Samu. Le service n’est cependant pas exempté de tout reproche. Les ambulances qui assurent le transport des malades ne sont que de simples vans qui ont été aménagés pour être utilisés comme des ambulances. Il affirme que ceux qui doivent voyager dans des ambulances de la catégorie B ne sont pas entièrement en sécurité, particulièrement celles qui sont munies de banquette latérale. Le danger, c’est qu’en cas de freinage brusque, le passager peut être projeté à l’avant, car il n’a rien à quoi s’agripper. Bien que cela ne soit pas explicitement mentionné dans la loi, une source auprès de la National Transport Authority a attiré notre attention à l’effet que les sièges des mini-vans, à l’exception des Goods Vehicules et les semi-low floor buses, doivent faire face à la route. Selon notre interlocuteur, même si rien n’interdit les ambulances d’avoir des banquettes latérales, cette pratique aurait dû cesser déjà avec les nouveaux règlements de la Road Traffic (Construction and Use of Vehicules) Regulation 2010. Notre source nous apprend aussi que les inspections devraient commencer. Cela, afin de veiller à ce que tous les véhicules respectent les critères de sécurité comme explicités dans la nouvelle loi. Toutefois, léger vent de fraîcheur dans le service, le ministre Anil Gayan a annoncé, depuis plusieurs mois, la mise en service de nouvelles ambulances. D’ailleurs, lors de l’inauguration du nouveau complexe de l’hôpital Victoria, deux ambulances hautement équipées ont été offertes par le gouvernement chinois. Elles seront attachées au nouveau complexe, dit Krishnadev Boodia.  
   

En sous-effectif

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"5297","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-9949","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1920","height":"1080","alt":"Ambulance"}}]]Comme pour le service des ambulances, le Samu fait face à un manque de personnel, affirment Krishnadev Boodia et notre infirmier urgentiste. Sur la dizaine d’ambulances médicalisées, seulement cinq sont en service 24/7, faute de personnel. Ce qui fait que de 16 à 9 heures le lendemain matin, il n’y a qu’une seule ambulance du Samu de disponible dans chaque hôpital. Selon lui, le service ne compte qu’une quarantaine d’infirmiers et 23 médecins urgentistes alors qu’il aurait dû compter 80 et 40 respectivement. Nous avons à plusieurs reprises sollicité le ministère de la Santé pour la confirmation de ces chiffres. Nos nombreux appels sont restés vains.  
   

Krishnadev Boodia, président de la Ministry of Health Transport Workers Union: « Il est temps de faire l’éducation du public »

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[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"5298","attributes":{"class":"media-image wp-image-9947","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"400","height":"627","alt":"Krishnadev Boodia"}}]] Krishnadev Boodia, président de la Ministry of Health Transport Workers Union

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/div> Quels sont les problèmes que vous rencontrez dans votre métier ? Nous faisons face à de nombreux problèmes, dont des cas d’agressions verbales et parfois physiques de la part des membres du public. Dans un récent cas, un chauffeur d’ambulance a été insulté par les habitants de la région qui lui ont reproché son retard, alors qu’une ambulance revenait de la même localité quelques minutes seulement auparavant. Notre syndicat a adressé plusieurs plaintes au ministère de la Santé et au Commissaire de police concernant cette situation. Estimez-vous que le personnel du service ambulancier pratique un métier à risque ? Oui. Nous faisons face à de nombreuses con-traintes. Ce même collègue a déjà été agressé dans l’exercice de ses fonctions à coups de sabre. Nous travaillons dans un service d’urgence, mais les gens ne réalisent pas l’importance de ce service et les contraintes auxquelles nous devons faire face. Ils passent leur temps à nous faire des reproches. S’ils pouvaient venir voir comment le service fonctionne de l’intérieur, ils verraient que parfois nous n’avons même pas le temps de prendre notre pause déjeuner. Qu’est-ce qui explique ces retards que les membres du public vous reprochent si souvent ? La zone de couverture de chaque hôpital est très vaste et nous faisons face à un manque d’effectif et de véhicules. Par exemple, pour l’hôpital Victoria la zone de couverture s’étend jusqu’au Morne en passant par Forest Side, Dubreuil et Rose-Hill, entre autres. Quelles sont les autres contraintes ? Concernant les ambulances non-médicalisées, on peut embarquer un seul membre de la famille pour accompagner un malade. Mais, bien souvent, c’est toute la famille qui veut accompagner le patient. Or, ce n’est pas possible. Les gens refusent de comprendre, ce qui entraîne alors des discussions inutiles et parfois nous devons solliciter le soutien de la police. Cela nous fait perdre du temps et peut mettre en péril la vie du malade. Ce genre de problème survient particulièrement le soir. Que préconisez-vous pour éviter ce genre d’abus ? Nous souhaitons que des spots publicitaires sur la manière d’utiliser les différents services mis à la disposition du public soient retransmis à la télé. Il semble que pour certains, parce que le service est gratuit, cela veut dire qu’ils peuvent abuser. Il est temps de faire leur éducation.
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