Le CCID est en possession de documents prouvant qu’un contrat de Rs 128,1 millions accordé à une firme sud-africaine a été falsifié. Un ajout à la main a permis à sa filiale mauricienne de tirer profit de la situation.
Le Central Criminal Investigation Department (CCID) peut enfin démarrer son enquête sur la falsification alléguée d’un contrat de transferts de déchets évalué à Rs 128,1 millions, au ministère des Collectivités locales. Durant la semaine écoulée, l’équipe de l’assistant commissaire de police Heman Jangi a pu mettre la main sur les originaux des documents d’appel d’offres et autres auprès du Central Procurement Board (CPB).
Comme révélé par Le Défi Quotidien en janvier dernier, l’exercice d’appel d’offres remonte au 19 décembre 2013 et porte sur le transport de déchets, sur une durée de trois ans, de la Roche-Bois Transfer Station vers le centre d’enfouissement de Mare-Chicose.
Après que le CPB eut octroyé le contrat à Interwaste Pty Ltd (IPL), une correction avait été apportée à la main, sur le document officiel, afin d’y ajouter le mot ‘Mauritius’. C’est ainsi que la filiale mauricienne de la firme sud-africaine, Interwaste Mauritius Ltd (IML), a pu entrer en scène, au grand dam des sociétés locales en lice. S’estimant lésée, l’une d’elle, Maxi Clean Ltd (MCL) avait saisi le CCID.
MCL explique que IPL a donné la garantie au CPB qu’elle allait importer des poids-lourds d’Afrique du Sud pour honorer ce contrat. Cependant, dans les faits, des camions-taxis locaux ont été loués par IML pour effectuer le travail. Ce qui, selon MCL, est un cas flagrant de manipulation et de non-respect d’un contrat alloué par l’État.
Techniquement, la gestion du centre de transfert de Roche-Bois et le transport de déchets jusqu’à Mare-Chicose ont été estimés par l’État à Rs 177,5 millions. Lors de l’ouverture des « bids » le 18 février 2014, l’offre d’IPL a été considérée comme étant la moins chère. à titre de comparaison, Sotravic Ltée exigeait Rs 159,3 millions, contre Rs 167,4 millions pour Securiclean (Mauritius) Ltd et Rs 169,6 millions pour Compagnie Régionale de Service et de l’Environnement Ltée.
MCL avait déjà saisi l’Independent Review Panel (IRP) l’année dernière, arguant que IPL opérait illégalement à Maurice. Elle avait saisi cette instance pour contester le « Open Advertised Bidding » du ministère de l’Environnement quant à la gestion de la station de transfert de Poudre-d’Or. Pour MCL, cet exercice aurait dû se faire au niveau local car le pays a suffisamment d’entreprises spécialisées dans ce domaine. L’IRP avait toutefois jugé « frivolous » cette requête.
Sotravic Ltée avait également saisi l’IRP le 8 avril 2014, soutenant que le document d’appel d’offres a été modifié le 20 décembre 2013 afin d’inclure les sociétés étrangères, qu’IPL n’a aucune « legal entity » à Maurice et que sa proposition pour la gestion du centre de transfert de Roches-Bois était « abnormally low ». Les arguments de Sotravic Ltd avaient éte « dismissed ».
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