- Environ 80 personnes traitées mensuellement
- Les familles devront surveiller de près les patients afin d’éviter toute rechute
D’ici à fin février ou début mars, le Drug Users Administrative Panel (DUAP) sera opérationnel. Il sera présidé par Abdurafeek Hamuth. L’ancien juge sera assisté de deux médecins spécialisés dans le domaine de l’addictologie.
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Le DUAP, qui s’inscrit dans le Dangerous Drugs (Amendment) Act 2022, viendra changer la donne en ce qui concerne la politique de drogue, considérée comme « trop répressive » à Maurice. La réhabilitation sera ainsi renforcée, au lieu de la criminalisation des usagers de drogue, comme le souhaitent les ONG et l’Organisation des Nations unies (ONU).
Selon nos recoupements d’informations, des membres du personnel médical et paramédical suivent actuellement des cours théoriques. Les sessions pratiques débuteront en janvier. Ce traitement sur mesure, apprend-on, comprendra la participation du personnel médical, des organisations non gouvernementales (ONG), ainsi que des proches des victimes.
Dans la pratique, les consommateurs de drogue qui sont arrêtés et dont la drogue était destinée uniquement à leur consommation personnelle, auront le choix entre la voie judiciaire (pour des poursuites légales) et le traitement. Cela se fera à la lumière de l’enquête policière et après que le Directeur des poursuites publiques (DPP) a analysé leur dossier. Ceux qui opteront pour le traitement de désintoxication (NdlR : qui débutera par une phase résidentielle), verront leur dossier être référé au DUAP. Si leur demande est approuvée par le board, ils seront immédiatement placés sous traitement.
Méthadone, suboxone, naltrexone…
Le traitement, qui cible toutes les drogues, sera dispensé uniquement à l’hôpital psychiatrique Brown Séquard de Beau-Bassin. Il gravite autour de huit programmes. Quelques-uns comprennent le traitement à la méthadone, suboxone, naltrexone, la thérapie de famille, le counseling, ou encore le cannabis counseling, entre autres.
Le Défi Quotidien a également appris qu’il y a environ quatre psychiatres, une dizaine de psychologues et 12 médecins généralistes attachés à ce traitement de désintoxication. Environ cinq ONG, dont Lakaz A et le centre Idrice Goomany, seront appelées à collaborer avec le ministère de la Santé et du bien-être dans le cadre de la mise sur pied de ce projet.
Il est fort possible qu’une autre aile de l’hôpital soit opérationnelle en fonction du nombre de patients admis. « Une fois le projet sur les rails, nous pensons traiter 80 patients, voire plus, mensuellement », précise une source au bureau du Premier ministre (PMO).
Quid de la durée du traitement ? « La cure de désintoxication, qui s’étalera sur au moins trois mois, ne sera soumise à aucune limite de temps. Cependant, après une période déterminée, le traitement prendra une autre orientation. En effet, sur recommandation du BSH, les patients seront invités à poursuivre leur cure de désintoxication dans les différents centres de santé et autres hôpitaux à travers le pays », indique-t-on.
Les proches des patients joueront un rôle très important à ce moment-là, ajoute-t-on. « Ils devront les surveiller attentivement. À la moindre tentative de rechute, il leur faudra impérativement emmener le patient à l’hôpital psychiatrique de Beau-Bassin pour une ‘respite admission’. Sur place, celui-ci sera soumis à des tests sanguins et urinaires afin de déterminer les substances illicites présentes dans l’organisme », souligne-t-on.
Qu’en est-il des patients qui ne manifestent aucun intérêt pour la cure de désintoxication ? Leurs dossiers, indique-t-on, seront renvoyés au bureau du DPP et ils devront faire face à la justice. Au niveau des autorités concernées, on affiche la confiance par rapport à l’entrée en vigueur imminente de ce projet. « Il s’annonce très prometteur. Mais pour qu’il puisse produire les résultats escomptés, il faut le dévouement et le sérieux nécessaires.»
Un haut gradé de la PHQ SST : « Il faut le coup de main de tous »
« Chacun a sa part de responsabilité. La lutte contre le trafic de drogue est un travail énorme qui nécessite le coup de main de tous. Les trafiquants rusent d’ingéniosité et ont toujours une longueur d’avance sur la police », fait ressortir un haut gradé de la PHQ Special Striking Team (SST).
Ally Lazer, président de l’ATSM : « La prison n’est pas faite pour les consommateurs »
« Je l’ai répété à maintes reprises. Un consommateur de drogue est avant tout une victime. La prison n’est pas faite pour les consommateurs, mais plutôt pour les trafiquants. La cure de désintoxication destinée aux consommateurs de drogue est une très bonne initiative. ‘Samem pou fer trafikan ladrog perdi kas sa’ ! » dit-il.
Danny Philippe de DRIP : « Le suivi psycho-social est important »
« Le DUAP est une très bonne chose. Mais le panel devrait être mis sur pied comme proposé initialement. C’est-à-dire avec un homme de loi, un travailleur social, un psychiatre ou encore un addictologue qui siégeront sur le board. Le suivi psycho-social est d’autant plus important. Je pense que la formation doit également être axée sur la pauvreté, le chômage et l’inégalité sociale, car la grande majorité des toxicomanes sont issus des quartiers pauvres », déclare-t-il.
Sam Lauthan, travailleur social : « 85 % du traitement réside dans la prévention de la rechute »
« La désintoxication ne représente que 15 % de la cure. 85 % du traitement réside dans la prévention de la rechute. Malgré tous les traitements administrés, la majorité des toxicomanes rechutent », indique-t-il. Sam Lauthan précise également qu’il existe de nombreux facteurs pouvant contribuer à la rechute, citant, par exemple, la colère et la désolation, entre autres.
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