
Derrière de fausses promesses d’emploi, des femmes étaient séquestrées et contraintes à se prostituer dans des bungalows à Flic-en-Flac et Bain-Bœuf. La justice mauricienne frappe fort face à ce fléau. Le 26 mai dernier, elle a infligé quatre ans de prison à trois Malgaches.
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Les trois condamnés sont Antsa Adrien Rakotonomenjanahary (27 ans), Fabrice Andriantahiana Maheriniaina (31 ans) et Tahirin’ny Aina Fiderana Razafimahatratra (27 ans). Ils répondaient chacun à une accusation de « aiding and abetting the authors of a crime (Trafficking in persons) » et avaient tous plaidé non coupables.
Antsa Adrien Rakotonomenjanahary était accusé d’avoir fourni des femmes de nationalité malgache à des clients à des fins d’exploitation sexuelle, contre rémunération, au profit d’un certain Vicky et d’une dénommée Laurence. Le délit s’était déroulé entre mai 2020 et décembre 2023. Quant à Fabrice Andriantahiana Maheriniaina, il lui était reproché d’avoir transporté, en novembre 2023, des clients masculins dans un bungalow à Bain-Bœuf, à des fins d’exploitation sexuelle au profit du dénommé Vicky.
De son côté, Tahirin’ny Aina Fiderana Razafimahatratra avait fourni des femmes malgaches à des hommes, également à des fins d’exploitation sexuelle, au profit du même Vicky et de Laurence. Ce délit avait été commis le 19 décembre 2023 à Flic-en-Flac. Par ailleurs, le 28 avril 2025, le Directeur des poursuites publiques (DPP) a émis un « discontinuance of proceedings » contre Tiana Nomenjanahary Ramanatenasoa, une Malgache de 31 ans également impliquée dans cette affaire, du fait qu’elle a plaidé non coupable. Elle fait actuellement face à un procès séparé.
Les faits de cette affaire révèlent que les trois Malgaches faisaient partie d’un réseau de traite d’êtres humains. Plusieurs femmes malgaches, recrutées par un certain Vicky pour travailler à Maurice comme serveuses dans le secteur du tourisme, étaient en réalité contraintes à la prostitution. Ces femmes étaient retenues contre leur gré dans des bungalows situés à Flic-en-Flac, Bain-Bœuf et Pereybère, utilisés à des fins sexuelles.
Privées de leurs passeports, elles ne pouvaient pas se déplacer librement hors des bungalows, qui étaient équipés de caméras. Elles devaient monter en sous-vêtements sur un podium devant plusieurs hommes, qui choisissaient ensuite les femmes avec lesquelles ils souhaitaient avoir des relations sexuelles. Les victimes devaient également rembourser les frais engagés pour leur voyage à Maurice avant d’être autorisées à retourner dans leur pays d’origine.
Les accusés avaient reconnu avoir participé à la surveillance des déplacements des femmes, au transport des clients vers les bungalows, ainsi qu’à la collecte d’argent auprès des clients pour le compte des Mauriciens.
Dans son arrêt, la magistrate Magalie Lambert-Henry a déclaré avoir pris en compte les circonstances entourant ce procès. Elle a noté que les trois accusés ont un casier judiciaire vierge. De plus, ils ont présenté des excuses et demandé l’indulgence de la Cour. Ils ont aussi expliqué que leur famille a besoin de leur soutien et les attend à Madagascar. Tahirin’ny Aina Fiderana Razafimahatratra a souligné, pour sa part, qu’il vit dans la pauvreté et qu’il a été tenté par le gain facile.
La magistrate a fait ressortir que cette affaire met en lumière un problème très grave, qui suscite depuis plusieurs années de vives inquiétudes dans notre société.
Face à la forte demande de main-d’œuvre dans certains secteurs à Maurice, la protection des travailleurs étrangers exige une approche plus stricte des infractions liées à la traite des êtres humains, lesquelles visent à exploiter des personnes vulnérables. En raison de la gravité du délit, elle estime qu’une peine d’emprisonnement est pleinement justifiée dans ce procès.

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