
- La somme de Rs 1,2 million (2 000 livres sterling) promise à une convoyeuse de drogue
- La mère de l’enfant de sept ans : « Je le regrette maintenant »
Un important réseau de trafic international de cannabis, ayant pour but d’inonder le marché mauricien, est dans le viseur des autorités. Les officiers de la Cans et de l’Adsu constatent l’émergence d’une nouvelle route d’importation reliant la Thaïlande, l’Angleterre et Maurice.
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Le dimanche 22 juin, un groupe de passeurs, composé de six Britanniques et d’un Roumain, a débarqué à Maurice. Leur tentative de faire croire aux limiers de l’Adsu/Cans qu’ils étaient simplement venus profiter des plages idylliques du pays pour des vacances dans des hôtels de luxe a échoué. En effet, en s’engageant dans ce pari à haut risque, ils ignoraient qu’à Plaisance, les agents étaient bien décidés à démanteler les filières du trafic de drogue international.
Un contrôle de leurs bagages a permis de découvrir qu’ils transportaient tous – y compris un enfant de sept ans – un total de 161,91 kilos de cannabis, d’une valeur marchande de Rs 194,2 millions. Les enquêteurs soupçonnent que cette drogue provient de l’axe entre la Thaïlande, l’Angleterre et Maurice.
Depuis l’apparition de cette filière internationale, la Customs Anti Narcotics Section (Douane), conjointement avec l’antenne de l’ADSU à l’aéroport, a renforcé ses contrôles sur les vols de British Airways et Emirates Airlines. Ces contrôles concernent notamment les vols en transit. « L’Angleterre et Dubaï sont désormais les points de transit privilégiés des passeurs de cannabis. Quand vous êtes en escale, les bagages restent à bord de l’appareil depuis sa destination primaire, ce qui fait qu’ils ne sont pas soumis à des contrôles lors des points de transit », explique un employé du secteur de l’aviation.
Si les trafiquants profitent de cette aubaine, en revanche, à Plaisance, l’exercice de contrôle porte ses fruits. « Ena dimoun abitye dir bann trafikan zot avoy enn ou de pasazer ki gagne trap avek la drog, lerla apre dis paseur reysi rantre par derie, me la nou finn trouv, lapolis pe ramass par grappe ant set a uit enn sel kou », fait ressortir un limier de l’ADSU.
Derrière ces importations massives de cannabis se cache un réseau international bien structuré, opérant depuis l’extérieur, notamment en Angleterre et en Thaïlande. Les sept passeurs interpellés dimanche dernier ont avoué qu’ils ont accepté cette expédition à haut risque pour des raisons financières. Ce sont Natashia Arzu Artug, 35 ans, et son compagnon Cornel Florian Lisman, un ressortissant roumain, ainsi que cinq autres Britanniques : Patrick Lee Wilsdon, Lily Watson, Shannon Ellen Josie Holness, Laura Amy Kappen, et Shona Campbell.
Ces ressortissants étrangers ont tenté d’introduire un total de 275 paquets de cannabis compressé dans leurs bagages respectifs, dont dans celui qui appartient à un enfant de 7 ans. Il s’agit du fils de Natashia Arzu Artug qui a vécu un véritable traumatisme en assistant à l’arrestation de sa mère à l’aéroport. Alors que les valises de cette dernière contenaient 29 paquets de cannabis, le bagage de l’enfant n’était pas en reste. En examinant ce dernier, enregistré à son nom, les douaniers ont retrouvé 24 colis de cannabis. Face à cette découverte, la mère a avoué : « C’est moi qui ai enregistré ce bagage au nom de mon fils et je le regrette maintenant ».
Le réseau se dévoile, les passeurs parlent
Au fil des jours, l’Adsu commence à mieux cerner l’organisation de ce trafic, ainsi que les rémunérations promises aux passeurs. Lily Watson, qui a introduit 32 colis de cannabis pesant 8,6 kilos, a confirmé qu’elle a accepté cette mission en échange d’un montant considérable. « Après la livraison, j’allais percevoir la somme de Rs 2 000 livres sterling », a-t-elle révélé.
Les interrogatoires des autres suspects ont permis aux enquêteurs de mieux comprendre le mécanisme de cette filière. L’une des passeuses a avoué que c’est à l’aéroport de Gatwick, à Londres, qu’on lui avait remis les bagages contenant 33 colis de cannabis.
Les valises munies de traceurs
Ce n’est pas la première fois que des Apple AirTags sont retrouvés dans les valises des passeurs de drogue à Plaisance. L’examen des bagages de ces sept passeurs a confirmé qu’ils étaient tous équipés de ces traceurs miniatures émettant des signaux sécurisés. Un logiciel qui a aussi pour but de savoir si ces marchandises sont arrivées à bon port.
« Chef importasion sa bann drog la, li fini konn konbien letan valiz pe reste dan aeroport apre aterisaz avion. La mem li kapav dedir si so bann paseur inn fer esek ou non dan zot importasion drog », confie un agent de douane expérimenté.
Fin mai : une saisie record de cannabis à Plaisance
Le 29 mai dernier, les unités de l’Adsu de l’aéroport ont réalisé une saisie record de 212 kilos de cannabis, d’une valeur marchande de Rs 252 millions. Huit mules, venant d’Angleterre, du Portugal et de la République dominicaine (trois hommes et cinq femmes), ont été arrêtées à leur descente d’un vol Emirates.
Bien que la tête pensante du réseau ait envoyé un facilitateur chargé de créer une diversion en protestant violemment contre les contrôles pour permettre aux passeurs de traverser discrètement le « Green Channel », leur mission a échoué. Les huit mules ont été interpellées et la drogue a été saisie.

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