La contrebande et l’exploitation humaines se déroulant sur le sol mauricien prennent une proportion démesurée. Outre la surexploitation d’ouvriers étrangers, qui opèrent dans la clandestinité, certaines régions du pays sont témoins de la prostitution de mineures et... d’Européennes débarquant à Maurice « avec un visa touriste ». Tour d’horizon.
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Le récent rapport du département d’État américain salue l’effort de Maurice dans la lutte contre le trafic humain. Cela, même si le pays « demeure un point de transit pour le trafic humain ». Les policiers du Passport and Immigration Office (PIO) sont sur les traces de plusieurs réseaux exploitant des femmes issues des pays de l’Europe de l’Est (Bulgarie, Ukraine ou Russie). Ces femmes débarquent chez nous avec des visas touristes et « s’adonneraient à la prostitution de luxe » dans les régions de Flic-en-Flac et de Grand-Baie. Très fréquentés par les touristes, ces villages sont dans le collimateur des policiers.
Un haut gradé du PIO explique. « Rien ne laisse deviner ce que ces Européennes qui foulent notre sol viennent faire chez nous. à l’aéroport, elles ne présentent aucun signe démontrant qu’elles ont des contacts à Maurice et qu’elles viennent s’adonner à la prostitution. Leurs contacts à Maurice les prennent en charge.En contre-partie, elles proposeront leurs services dans des boîtes de nuits ou autres clubs. Une centaine d’Européennes s’adonneraient à la prostitution sur une base tournante. Elles vont, elles viennent, repartent et reviennent. Il est très difficile d’établir leur nombre exact », souligne ce haut gradé.
Les ressortissantes africaines et malgaches, qui débarquent avec un visa touriste, sont également dans le viseur des services de l’Immigration. « Elles sont soupçonnées de s’adonner à la prostitution. L’opération menée en mars dernier a abouti à l’arrestation de 16 Malgaches. Elles ont été cueillies dans une boîte de nuit de Grand-Baie. Des sommes de Rs 2 500, 1 960 euros, 60 dollars et 100 000 yuans ont été retrouvés sur l’une d’elles. Ce qui a intrigué les policiers, car cette dame n’avait que 350 euros en sa possession à son arrivée à Maurice.»
Contrebande et exploitation
Les lois internationales sont claires concernant l’exploitation humaine. D’ailleurs, le terme « trafic humain » tourne autour de deux mots clés : smuggling (contrebande) et trafficking (exploitation). L’exploitation humaine (Human trafficking) est un acte commercial impliquant une personne de moins de 18 ans, alors que la contrebande humaine est l’importation d’êtres humains en bafouant les lois de l’Immigration.
Les officiers du Central Criminal Investigation Department (CCID) sont sur les traces de plusieurs « contacts locaux » qui faciliteraient la tâche aux étrangers travaillant clandestinement à Maurice. Ces derniers sont largement originaires des pays africains (Nigeria, Ghana et Cameroun). Ils débarquent à Maurice avec des visas touristes, sachant qu’ils s’adonneront à autre chose une fois chez nous.
Contrairement aux Indiens, Népalais ou Bangladais, les Africains débarquent à Maurice dans un but précis : travailler pour économiser en vue d’épouser un (ou une) autochtone. Les autorités sont sur les traces de « deux importants réseaux » impliquant des pseudoétudiants africains clandestins domiciliés à Maurice.
La problématique de la surexploitation des ressortissants africains est que les agents ont été naturalisés mauriciens. Le pseudoétudiant peut facilement se faire passer pour un proche de l’agent, sans être inquiété par les policiers des services de l’Immigration lors des opérations. Ce qui n’est pas le cas des ressortissants indiens, népalais, bangladais ou pakistanais, qui viennent à Maurice avec des visas touristes. Ceux-ci vivent dans des dortoirs.
Proposition saluée
Les éléments du CCID et du PIO saluent la proposition américaine de réaliser un abri spécialisé pour les « victimes de trafic humain ». Ils soulignent toutefois que « l’État mauricien doit s’impliquer dans la gestion de ce Victim Support Center, dont le but est de prodiguer des conseils et offrir une réhabilitation aux victimes ».
« Outre la réhabilitation, l’État doit également assurer le rapatriement, voire l’exil des victimes, pour qu’elles ne soient plus en contact avec leurs agents », indique un autre haut gradé du PIO. « Le véritable problème, c’est le système judiciaire. De nombreux dossiers de trafic humain poirotent au bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP). Le dernier cas remonte à février de l’année en cours. Deux ressortissants népalais sont assignés comme témoins dans cette affaire. Ils demeurent au pays. Pourtant, des arrestations ont eu lieu et le réseau a été démantelé en mars… », déplore ce haut gradé du CCID.
Prostitution infantile
Outre le trafic et la surexploitation d’ouvriers étrangers, il y a également la prostitution des mineurs. Selon le Central Criminal Investigation Department, les régions ciblées comme étant les centres de ces réseaux de prostitution sont Flacq, Trèfles, Flic-en-Flac et Grand-Baie. La police est sur la piste de trois réseaux de prostitution impliquant des mineurs.
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