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Trafic humain et mariage blanc : des Africains agissent comme intermédiaires à Maurice

Les services de l’immigration enquêtent sur un important réseau de trafic humain impliquant des ressortissants africains domiciliés à Maurice. Ces derniers, mariés à des Mauriciennes, exploiteraient leurs compatriotes en leur proposant du travail dans des restaurants, des ‘fast-food’ et d’autres domaines. Depuis janvier, une quinzaine de cas a été recensée.

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Le trafic humain sur le sol mauricien touche non seulement les ressortissants asiatiques mais aussi des Africains. Cela dure depuis environ deux ans. Ces derniers, qui débarquent au pays grâce à des visas de touristes et particulièrement d’étudiants, utilisent leurs temps de séjour pour s’adonner à autre chose. Des hauts gradés basés au Passport and Immigration Office (PIO) avancent que leurs compatriotes, domiciliés à Maurice, agissent comme intermédiaires entre des agents basés dans les pays africains et des ressortissants étrangers, car ils ont déjà la citoyenneté mauricienne. Selon le PIO, les pays les plus concernés sont Nigéria, Ghana, Togo et Congo.

Dans leurs dépositions, les clandestins arrêtés en début d’année ont expliqué avec moult détails comment ils ont rencontré leurs « agents » en Afrique. Ils ont fait ressortir avoir déboursé entre 2 000 et 3 000 dollars pour pouvoir entrer à Maurice. Pour ne pas être inquiétés à l’aéroport de Plaisance, ils débarquent avec le montant exigé par le PIO, soit 100 USD quotidiennement. Une fois chez nous, les pseudo-étudiants et touristes qui sont « en vacances » sont remis entre les mains de leurs contacts, qui leur « facilitent la tâche ».

Contrairement aux ressortissants asiatiques, ces Africains sont « hébergés et nourris » par leurs intermédiaires qui se chargent aussi de leur trouver du travail.

Mariages blancs

Les intermédiaires exaucent également les vœux de certains clandestins africains, qui souhaitent épouser des Mauriciennes en vue de ne pas être inquiétés par les services de l’immigration. Selon le PIO, ces derniers dépenseraient de fortes sommes d’argent, avoisinant les Rs 20 000, pour l’occasion. Depuis le début de l’année, les services de l’immigration a enregistré une dizaine de mariages entre des Mauriciennes et des Africains.

Le dernier remonte à fin mars. Il y a deux ans, un ressortissant nigérian débarque à Maurice pour des études supérieures. Par la suite, il a deux enfants avec une Mauricienne avant de faire une demande pour se marier avec elle. Les services de l’immigration objectent au délai supplémentaire de séjour. L’affaire est traduite en cour, mais le Nigérian obtient gain de cause.

À la Spouse section du PIO, on explique que « les mariages blancs sont monnaie courante à Maurice ». « À notre niveau, nous procédons à une série de vérifications avant la finalisation des documents, explique un officier. À travers nos données, nous vérifions si le ressortissant étranger a déjà eu des démêlés avec la justice de son pays par le biais d’Interpol et si son temps de séjour a été respecté, entre autres. »

Le réseau à la loupe

Dans le courant de la semaine, un clandestin africain, qui travaille comme apprenti-garagiste et dont le visa de touriste est expiré depuis novembre 2015, a été arrêté dans la région de Rose-Hill, avant d’être rapatrié. La tracking team du PIO est sur les traces de deux des réseaux qui agissent comme intermédiaires par les pseudos étudiants africains et autres touristes qui séjournent illégalement à Maurice. Ces réseaux sont, entre autres, basés dans l’Ouest et le centre du pays. Le réseau, précise le PIO, est « surveillé à la loupe et des opérations ne sauraient tarder ». L’affaire sera ensuite référée au CCID à des fins d’enquête.

Une centaine de rapatriements depuis janvier

Environ 100 clandestins ont été rapatriés depuis le début de l’année. Ils sont Indiens, Népalais, Ghanéens et Nigérians, entre autres. La dernière opération remonte à mardi dernier. Six clandestins, trois Bangladais et trois Africains, ont été arrêtés à la suite des opérations de la tracking team du PIO. Ils ont débarqué à Maurice comme touristes, mais ils travaillaient comme aide-cuisiniers, apprenti-mécaniciens, etc. Le permis de séjour de l’un des clandestins africains est expiré depuis le 20 novembre 2015. Dans leurs dépositions, ils se disent victimes de trafic humain sur le sol mauricien.

 

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