Il a importé des conteneurs à l’insu de plusieurs sociétés depuis plusieurs années
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L’intermédiaire du trafiquant Peroomal Veeren a importé 24 conteneurs d’Afrique du Sud au nom de six sociétés à leur insu en 2015. La Mauritius Revenue Authority soupçonne le courtier maritime marron d’avoir usé de ce stratagème depuis plusieurs années.
Il est un homme décidemment plein de ressources. Navind Kistnah n’a pas seulement adopté une fausse identité pour importer des conteneurs bourrés d’engins de chantier d’Afrique du Sud. Intermédiaire du caïd Peroomal Veeren dans l’affaire des 157 kilos d’héroïne dissimulés dans des sableuses à pression, il a également eu recours à un autre subterfuge pour introduire différents produits issus de ce pays à Maurice au nez et à la barbe du service des douanes.
Des documents confidentiels en présence du Défi Plus démontrent que le suspect actuellement détenu par l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) a utilisé le nom de plusieurs sociétés à leur insu depuis au moins quatre ans. Le fait qu’il n’a pas été inquiété jusqu’à la saisie record évaluée à Rs 2,4 milliards laisse penser à l’Hôtel du gouvernement qu’il a bénéficié de soutiens à la Mauritius Revenue Authority (MRA) pour mener à bien ses activités illicites.
Le pot-aux-roses a été découvert par le plus grand des hasards, il y a un peu plus d’un an par le ressortissant indien Satpal Singh Mann. Spécialisé dans l’exportation de vieilles ferrailles, il s’est rendu compte que la firme ED Logistics a traité des documents relatifs à l’importation de plusieurs conteneurs au nom de sa société MKM Recycling Management Ltd. Sans que ses employés ou lui-même en soient au courant. En procédant aux vérifications, Satpal Singh Mann a appris qu’au moins huit conteneurs ont été importés d’Afrique du Sud à son insu.
ED Logistics a alors dénoncé Navind Kistnah auprès du service des douanes. Il est celui qui a fait appel à ses services pour le dédouanement des conteneurs importés au nom de MKM Recycling Management Ltd. Elle a aussi informé le service des douanes qu’elle ne s’est jamais interrogée sur les agissements du fondateur de la KUN Management INT Company Ltd car il lui a présenté le numéro d’enregistrement de la TVA de la firme de Satpal Singh Mann.
Mieux : ED Logistics a révélé que Navind Kistnah avait reproduit cette méthode aux dépens des sociétés Automotive Equipment & Tools, Bisenco et Fibre Marine depuis 2013. L’enquête diligentée par la MRA a alors indiqué que Navind Kistnah avait aussi importé des produits à l’insu de Pex Hydraulics (Mauritius) Ltd et Powersure Ltd. Rien que pour l’année 2015, 24 conteneurs remplis d’équipements divers, dont des compresseurs et des cylindres, ont été importés au nom de ces six sociétés par le courtier marron.
À la MRA, c’est à demi-mot que certains responsables commentent cette affaire, vu qu’elle est suivie de près par l’Hôtel du gouvernement. Ils font toutefois ressortir qu’une enquête avait été ouverte sur des opérations « louches », dont MKM Recycling Management Ltd avait été victime. Sur les sept importations inscrites en son nom par Navind Kistnah en 2015, elle n’a commandé qu’un unique conteneur. Satpal Singh Mann a même produit les documents relatifs à ses activités pour étayer ses dires.
Les cinq autres sociétés que Navind Kistnah a utilisé pour importer ses produits ont également confirmé n’avoir jamais commandé 18 conteneurs. Soit 6 pour Automotive Equipment & Tools, 6 pour Bisenco, 2 pour Fibre Marine, 2 pour Pex Hydraulics (Mauritius) Ltd et 2 pour Powersure. La MRA est alors arrivée à la conclusion que l’intermédiaire de Peroomal Veeren a importé des conteneurs selon le même mode opératoire depuis plusieurs années et qu’il fallait enquêter davantage.
Tandis que l’Adsu avoue ignorer cet aspect des activités du courtier marron, la police criminelle, elle, n’a pas oublié que Satpal Singh Mann lui a déjà permis d’arrêter Hemant Kumar Ramdin — l’homme porté disparu que Navind Kistnah présente comme un complice dans l’importation d’héroïne — en train de découper un de ces deux conteneurs à Cottage en 2013. Remplis de 20 tonnes de vieille ferraille évaluées à Rs 250 000, ils avaient été volés à Mare-d’Australia.
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