Live News

Trafic de passeports mauriciens : des Congolais paient jusqu’à Rs 500 000

trafic de passeports mauriciens Des Congolais ont été arrêtés en début de semaine car ils auraient eu recours à des moyens frauduleux pour obtenir des documents d'identité mauriciens.

Pour s'offrir une nouvelle identité et vivre à Maurice ou en Europe, des Congolais sont prêts à payer jusqu'à Rs 500 000 pour des faux papiers d'identité. Ce vaste réseau, mis au jour en début de semaine, existerait depuis au moins deux ans et demi. Une soixantaine de Congolais auraient déjà utiisé ce mode opératoire avec succès.

Publicité

Ils auraient payé jusqu'à Rs 500 000 pour obtenir la carte d'identité nationale ou encore le passeport mauricien. C'est ce qui a été révélé après la mise au jour d'un réseau de faux documents d'identité mauriciens utilisés par des Congolais. En effet, des Congolais ont été arrêtés en début de semaine car ils auraient eu recours à   des moyens frauduleux pour obtenir une carte d’identité nationale ou un passeport mauricien. À ce stade de l’enquête, les policiers veulent savoir si le paiement a été effectué à Maurice.

Ce sont des compatriotes congolais qui leur auraient demandé de fortes sommes d’argent, jusqu'à Rs 500 000, pour le changement de leur identité. Des proches du dossier expliquent que les Congolais voulant s’accorder un nouveau départ peuvent opter pour le « All-inclusive package ». Celui-ci comprend les frais pour l’obtention de la carte d’identité nationale et la falsification de documents, dont les actes de mariage de leurs pseudo-parents, leurs actes de naissances et leurs passeports congolais mais également l’hébergement, l’obtention du passeport mauricien et le déplacement vers l’Europe ou des pays francophones.

Le réseau existe depuis 2015

Qui plus est, il semblerait que ce réseau existe depuis au moins deux ans et demi. En effet, depuis 2015, soulignent des hauts gradés affectés au Passport and Immigration Office (PIO), une soixantaine de Congolais ont utilisé ce mode opératoire afin de se retrouver en Europe avec le passeport mauricien en main, celui-ci étant valide dans 136 pays. Ces derniers, selon nos interlocuteurs, auraient eu recours au même réseau.

Les données du PIO démontrent que le présumé cerveau du réseau, qui est également d’origine congolaise, a voyagé une dizaine de fois en Europe avec le passeport mauricien. Ses déplacements à l’étranger, qui durent entre quatre et cinq jours, sont réguliers. Selon les enquêteurs du CCID, il serait « en contact permanent et régulier » avec ses confrères congolais qui se sont établis en Europe.

Le cerveau détenteur de la carte biométrique

Pour rappel, le cerveau présumé a été arrêté par les hommes du sergent Roveendradev Joyeprakash du département « Production » du PIO, il y a deux semaines, dans la région de Surinam. Il était en compagnie de son complice.

Le présumé cerveau, qui détient la carte d’identité biométrique nationale et le passeport mauricien, aurait débarqué chez nous avec un visa de touriste. Selon des recoupements, ce serait un Mauricien qui lui aurait donné un coup de main pour obtenir sa carte d’identité biométrique nationale.

Sollicité par Le Défi Plus, le sergent Roveendradev Joyeprakash, des services de l’immigration, avance que l’enquête suit son cours et que les ressortissants congolais, incluant le cerveau du réseau, seront jugés, déclarés « persona non grata » par les autorités mauriciennes et rapatriés au Congo.

L’ASP Narendrakumar Boodhram, le responsable du PIO, souligne une fois de plus que les services de l’immigration seront prévenus afin de rendre les passeports invalides. Les pseudo-mamans seront également interrogées. Il souligne que tous les dossiers des Congolais détenteurs de passeports mauriciens seront épluchés. Les officiers de l’immigration tenteront de remonter jusqu'aux parents des bénéficiaires.

L’un des suspects : «Nous ne savions pas que les documents étaient faux» 

L’un des sept Congolais arrêtés dans le courant de la semaine s’est confié au Défi Plus. Ce dernier explique que c’est en voulant échapper à la situation au Congo qu’ils ont entrepris les démarches nécessaires en vue de venir à Maurice avant de mettre le cap sur l’Europe pour commencer une nouvelle vie.

« En ce moment, ça ne va plus au niveau de la politique au Congo et le gouvernement ne veut pas quitter le pouvoir, raconte-t-il. On a commencé à avoir des menaces de la part de nos compatriotes en cas de résistance. Avec le temps, on ne se sentait pas en sécurité. C’est pour cela qu’on a décidé de quitter le pays. On a entrepris des démarches auprès d’autres pays mais les services de l’immigration réclamaient un visa et c’était difficile pour nous. Quelque temps plus tard, on a fait la connaissance d’un Mauricien qui nous a dit qu’il pouvait nous aider sans qu’on dépense le moindre sou. Il nous a promis que les documents seraient prêts en quelques semaines. »

Selon lui, les Congolais qui ont débarqué à Maurice avec des visas de touristes ont séjourné dans divers endroits du pays. Ils détenaient tous un montant avoisinant 1 500 euros ainsi que leur argent de poche afin de ne pas être inquiétés par les officiers du Passport and Immigration Office à Plaisance.

« Nous ne savions pas »

« Une fois à Maurice, nous avons réglé le loyer et nous avons cotisé pour acheter de la nourriture. Nous n’avons aucune idée des moyens employés par notre contact pour la réalisation ou la falsification des documents qui nous ont été remis. Lorsque nous avons eu les documents en main, nous avons eu l’instruction de nous rendre à l’autorité responsable de la réalisation des cartes d’identité biométrique. Une fois là-bas, on a remis les documents aux officiers. Ces derniers ont pris nos empreintes digitales, nos actes de naissances et nos photos mais nous ne savions pas que les documents était faux et que nous étions dans l’illégalité. D’ailleurs, nous sommes allés récupérer nos cartes d’identité sans être inquiétés par les officiers », relate le Congolais. Il souligne qu’ils ont obtenu leurs cartes d’identité deux mois après leur arrivée à Maurice.

C’est dans la presse qu’ils ont appris qu’ils avaient bénéficié du coup de main d’un présumé escroc et que ce dernier était le présumé cerveau d’un réseau. « On n’a pas su quoi faire quand on a vu sa photo dans la presse. Pourtant, il paraissait tellement professionnel. Il nous a promis qu’on trouverait du travail à Maurice après avoir obtenu la carte d’identité nationale et le passeport mauricien et qu’on pourrait aussi trouver du travail à l’étranger. On ne sait plus quoi faire. Notre maman est décédée et notre père est porté disparu. On ne sait pas s’il y a eu falsification de documents. On veut travailler et rester à Maurice. C’est la raison pour laquelle on cherche à obtenir le passeport mauricien », plaide-t-il.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !