
Alors qu’elle faisait une descente à Résidence Barkly, l’Adsu a été repoussée. Un agent a été grièvement blessé à la tête par un « guetteur ». Face à l’organisation toujours plus agressive des trafiquants, des limiers réclament une révision de leurs conditions de travail jugées précaires par rapport aux risques croissants.
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Résidence Barkly est-elle devenue un « No man’s land » ? Si ce n’est pas encore le cas, la présence de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu), elle, est devenue particulièrement indésirable. Pas plus tard que le jeudi 12 juin 2025, la Western Division de l’Adsu a été repoussée par des nervis opérant pour le compte de barons de la drogue.
Lors de l’opération, un policier a été grièvement blessé à la tête et au visage par un « guetteur ». Il a dû être conduit d’urgence à l’hôpital dans un état grave. Les autorités ont ouvert une enquête pour identifier l’auteur de cette agression. L’individu se trouvait près d’un arbre de letchis dans l’enceinte du point de vente au moment de l’attaque.
Depuis un moment, le trafic de stupéfiants gangrène ce faubourg de Beau-Bassin. L’organisation y est redoutable. Aux principaux points d’entrée – station de métro, collège du quartier et poste de police local – des « guetteurs » surveillent en permanence. Leur mission : alerter dès qu’une présence suspecte de l’Adsu est détectée. « Sa bann martin la bien konn bann transpor l’Adsu. Zot mem rekonet bann ofisie la zot figir. Kouma enn transpor lous aparet kouma dir transpor l’Adsu, zot kriye ‘krapo’ ou bien zot kominik par telefonn », explique un policier qui a travaillé dans la région.
Protection organisée
Le trafic est si florissant qu’il ne se cache même plus. Cannabis, héroïne, drogue synthétique, comprimés psychotropes ou papiers imbibés de produits chimiques s’écoulent au grand jour. Pour protéger leurs points de deal, les trafiquants financent des individus chargés de faire obstruction à toute tentative d’intervention.
La descente du 12 juin confirme cette protection organisée pour repousser l’unité antidrogue. Les enquêteurs avaient placé sous surveillance un important point de vente situé à l’avenue Nelson Mandela, à Barkly. Ils avaient appris que le commerce de drogue battait son plein en toute liberté. Il est environ 13 h 30 lorsque l’Adsu donne l’assaut et investit les lieux. Scène hallucinante : une centaine de personnes font la queue pour s’approvisionner en stupéfiants. Cette file d’attente, composée d’hommes et de femmes, attend tranquillement d’être servie tandis que la brigade antidrogue fait irruption.
À l’arrivée des véhicules de la brigade, c’est la débandade générale. La foule se disperse. Les policiers posent pied à terre. Ils procèdent aux fouilles corporelles habituelles. C’est alors que la tension atteint son paroxysme. Pour repousser la brigade antidrogue, les complices des trafiquants montrent leur hostilité.
Conditions de travail précaires
Un individu, posté dans la cour du présumé dealer, s’empare d’un morceau de parpaing (« blok »). Il le lance directement au visage d’un agent. Projeté au sol, cet enquêteur de l’Adsu saigne abondamment de la bouche et de la tête. Ses collègues le prennent immédiatement en charge et l’évacuent vers l’hôpital. Cette agression a provoqué une vive réaction au sein des rangs de l’Adsu. Les collègues de l’agent blessé lancent un appel pressant à leur hiérarchie des Casernes centrales. Ils réclament une révision urgente de leurs conditions de travail, tout en dénonçant un manque de protection face aux risques croissants.
« Zot pintir kamera Safe City »
« Kan enn polisie blese ‘on duty’, pena okenn lasirans ki kouver nou. Enn polisie Adsu gagn Rs 1 800 Risk Allowance. Li fer ou Rs 100 par zour. Lot kote, trafikan pe depans gro kas pou protez zot tranzaksion. Fami sa polisie blese la bizin fer tou pou li. Linn gayn zis ‘injury leave’ », déplorent-ils.
Selon un limier d’expérience de la brigade antidrogue, malgré l’installation de caméras Safe City dans différents secteurs de Résidence Barkly, l’effet dissuasif reste limité contre les barons de la drogue. « Dan bann sime kot zot fer trafik, zot pey dimounn pou pintir kamera Safe City. Bizin rapele ki dan Pointe-aux-Sables, dan le pase, trafikan ti manipil kamera Safe City pou kapav debark ladrog depi dan lamer », ajoute l’enquêteur expérimenté. Face à cette énième agression à l’encontre d’un agent des forces de l’ordre, l’Adsu doit impérativement revoir sa stratégie d’intervention. L’objectif : ne pas perdre de terrain face aux barons, toujours plus organisés et déterminés.

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