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Trafic de drogue : l’omerta, règle d’or des trafiquants

Paul Lam Shang Leen, Peroomal Veeren et Navind Kistnah De gaughe à droite

L’omerta dans le milieu des trafiquants de drogue est un volet crucial dans les conclusions de la commission d’enquête. Si depuis la fin des auditions, l’ancien juge Paul Lam Shang Leen et ses assesseurs, Sam Lauthan et Ravin Domah, ainsi que l’ASP Hector Tuyau s’affairent à la rédaction des rapports, la loi du silence dans le milieu de la mafia bénéficiera d’un large volet, apprend-on de sources proches de la commission.

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Synonyme de loi du silence, l’omerta est une règle imposée par la mafia, pour s’assurer... du silence des membres des réseaux de trafiquants. La base comprend la non-dénonciation de crimes et des faux témoignages. Cette loi s’impose sur les trafiquants et toute personne détenant des preuves ou des informations. La punition pour la violation de l’omerta est une agression violente, ou même la mort. L’omerta vise à protéger les intérêts des différents clans de trafiquants, face aux dénonciations potentielles par des concurrents. Cette convention non-écrite est respectée par les mafieux, et ces derniers étant bien conscients que s’ils la bafouent pour compromettre les opérations du clan ennemi, l’adversaire peut en faire de même à leur égard. Les mafieux respectent donc cette loi non-écrite. Pour éviter son autodestruction, la mafia s’impose cette règle qui a été bien respectée jusqu’à présent (à l’exception de quelques repentis). L’omerta explique, en grande partie, le fait que la mafia soit toujours aussi puissante après plus d’un siècle de traque.

L’argent ou le plomb ?

Silver or lead ? Un terme originaire de la fameuse phrase de Pablo Escobar : « Plato or Plomo », signifiant l’argent ou le plomb. Ainsi, entre trafiquants, c’est un terme commun lorsqu’il s’agit de négociations entre différentes bandes de trafiquants. L’omerta prévoit des accords afin qu’il n’y ait jamais de dénonciations concernant les modus operandi des différents réseaux de drogue, ni même de la concurrence.

Lors de son passage devant la commission Lam Shang Leen, Peroomal Veeren n’avait pipé mot sur Navind Kistnah, son présumé lieutenant. Mais cependant, il avait pointé du doigt les frères et la mère du courtier maritime. Ainsi, il aurait fait preuve de respect envers l’omerta, en refusant de dénoncer Navind Kistnah. Lorsqu’il avait été interrogé sur ses complices et le fonctionnement du trafic de drogue, Peroomal Veeren avait indiqué à la commission qu’il n’était pas le Boss, mais un simple trafiquant qui s’est bâti une réputation au sein de la prison.

Ce système, qualifié de règlements très complexes dans les milieux des trafiquants, interdit également la dénonciation d’autres membres, voire des compétiteurs. Ainsi, Peroomal Veeren n’avait rien avancé sur Navind Kistnah, même si ce dernier n’avait pas hésité à le montrer du doigt lors de ses séances d’interrogatoires, aux Casernes centrales.

Parallèlement, hormis Parveeza et Aftab Jeeva, tous les autres présumés complices, qui ont été interrogés par la Commission Lam Shang Leen, n’ont pas incriminé Peroomal Veeren, même si, à plusieurs occasions, les éléments accablants recueillis par l’Enquiring Team de la commission, indiquaient l’ombre de Peroomal Veeren. C’est un système qualifié de complexe car c’est difficile à établir des éléments de preuves sur ce modus operandi.

Ils sont plusieurs détenus ayant côtoyé Peroomal Veeren dans le milieu carcéral à avoir été entraînés afin d’être en mesure de poursuivre le trafic du caïd, une fois leurs sentences complétées. Si plusieurs parmi ces détenus sont mis au parfum du déroulement du trafic de drogue, on apprend que chacun des protagonistes concernés est briefé uniquement sur les aspects qui seraient liés à son rôle respectif dans le réseau.

Ces anciens détenus sont souvent utilisés comme des recruteurs d’intermédiaires pour le compte du réseau. À leur tour, ils s’assurent que la loi du silence est respectée par ces individus. Les gens recrutés occupent alors des rôles divers : jockeys, transporteurs, convoyeurs d’argent ou blanchisseurs d’argent.

L’Omerta mise en pratique

Méthodes

Les trafiquants n’ont guère froid aux yeux. La violence utilisée lors de plusieurs cas sont dignes d’un film sur les mafieux. Agression à coups de gourdin, enlèvement, maisons saccagés, tous ces délits sont souvent utilisés en guise de règlement de comptes ou simple avertissement. Les trafiquants n’ont aucune limite et c’est la loi de la jungle. Nos sources proches de l’antidrogue évoque un cas où un « jockey » soupçonné d’avoir vendu la mèche, qui a mené à l’arrestation d’un Boss se faire agresser en public à coups de machette, dans une cité des Plaines-Wilhems. Le vol de marchandise est également puni. Souvent, les jockeys sont eux-mêmes des toxicomanes. Le règlement de comptes se fait en lui offrant une dose de drogue nettement supérieure à sa consommation habituelle, provoquant une overdose. La dose mortelle est souvent offerte en guise de « remerciement » pour sa contribution au business.

Denis Fine

La mort de Denis Fine, un Mauricien établi en France et soupçonné d’être impliqué dans le trafic de Subutex entre Maurice et Paris, est fortement soupçonné d’être un règlement de comptes. Le motif est facilement lié aux règlements de l’omerta. Denis Fine, soupçonné d’avoir été un pion actif sur l’axe Paris/Maurice, dans ce trafic, avait été abattu d’une balle dans la tête, à Pamplemousses. Si la police avait procédé à l’arrestation de plusieurs suspects, le motif était fortement soupçonné d’être un règlement de comptes entre deux réseaux de trafiquants de Subutex.  

« Pablo Escobar » passé à tabac

Franco Jonathan Edouard, qui s’était vanté d’être un caïd, face aux journalistes de M6 dans le cadre d’un reportage, avait été violemment agressé par d’autres trafiquants de la région de Port-Louis Nord. Les faits remontent à janvier 2012, après la diffusion du reportage. La victime, qui s’était présentée sous le pseudonyme de Pablo Escobar, avait fait des révélations sur le fonctionnement d’un réseau de drogue. Arrêté dans cette affaire, Jimmy Marthe, alias Colosso, avait nié les faits. Il avait fourni un alibi à l’effet qu’il avait accompagné son fils à l’hôpital Dr A.G Jeetoo à Port-Louis alors que la police avait établi que c’était la mère qui avait accompagné l’enfant ce jour-là.

 

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