Arrêté il y a deux ans avec près de Rs 7 millions de plants de gandia à St-François, Grand-Gaube, le skipper Vishakam Cunee s’est envolé pour la Grande île en janvier. Le CCID a pris le relais en raison des soupçons que des agents de la brigade antidrogue aient pu l’aider.
L’enquête ouverte par l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) sur la fuite du présumé trafiquant de drogue, Vishakam Cunee, vers Madagascar en début d’année vient de changer de main. Elle a été confiée au Central Criminal Investigation Department (CCID) étant donné l’éventualité que des agents de la brigade anti-drogue aient pu être mêlés à l’évasion de ce cultivateur de gandia, qui avait une clientèle essentiellement étrangère.
En attente de son procès aux Assises, le skipper de Cap-Malheureux a profité de sa remise en liberté conditionnelle en décembre dernier pour rallier la Grande île par avion grâce au passeport de son frère cadet, Shanmuganaden Cunee, le lundi 23 janvier dernier. Le pot aux roses n’a été découvert que le vendredi 11 août dernier, sur la base de certains renseignements précis, aucune piste liée à l’utilisation de ce passeport n’ayant été exploitée durant ces sept derniers mois.
Âgé de 43 ans, Vishakam Cunee avait été interpellé par l’Adsu de Grand-Baie, le mercredi 9 septembre 2015, dans une maison qu’il louait à St-François, Grand-Gaube. Sous surveillance depuis plus de deux semaines, il a été surpris avec les 2 273 plants de gandia d’une taille variant entre cinq et 80 cm qu’il cultivait sous serre. Il a été inculpé pour culture de gandia et trafic de drogue, car une récolte à terme lui aurait rapporté la coquette somme de Rs 7 millions.
Détention préventive
Des éléments à charge, tels qu’une balance électronique, son répertoire téléphonique et un agenda où il notait ses ventes, ont poussé l’Adsu à le maintenir en détention préventive au vu de ses aptitudes à pouvoir mettre les voiles pour n’importe quelle destination. Quinze mois plus tard, le tribunal de Mapou a rejeté les craintes formulées par la brigade antidrogue en accédant à la motion de remise en liberté conditionnelle présentée par les avocats Rama Valayden et Sanjeev Teeluckdharry.
Vishakam Cunee s’est donc présenté au poste de police Grand-Baie matin et soir comme stipulé parmi l’une des conditions de sa remise en liberté. Le lundi 23 janvier, il était au poste le matin, mais n’a pas donné signe de vie dans la soirée. Une descente a été effectuée à son domicile, à Cap-Malheureux, et nul n’a eu la présence d’esprit de vérifier s’il n’a pas eu recours au passeport d’un de ses proches pour s’exiler. Son frère a finalement été arrêté le vendredi 11 août pour entente délictueuse en vue d’usurper l’identité d’une tierce personne.
L’officier du Passeport and Immigration Office (PIO), qui a vérifié le passeport de Shanmuganaden Cunee lorsque Vishakam Cunee s’est présenté devant lui au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport (SSRIA), à Plaisance, a déjà été entendu. Il sera interrogé de nouveau, car les deux frères n’ont pas de grandes ressemblances.
Le présumé trafiquant est moins basané et a moins de cheveux que son cadet. L’officier a déjà fait comprendre que le détenteur d’un passeport ne correspond pas forcément à la photo figurant sur le document, car sa physionomie s’altère au fil des années.
Avec cette affaire, une enquête sera dorénavant effectuée sur l’entourage de toute personne accusée de trafic de drogue se trouvant en liberté conditionnelle afin d’éviter qu’il « n’emprunte » un passeport pour fuir la justice. L’hôtel du gouvernement devra également renforcer le nombre d’agents du PIO au SSRIA : sur les dix-huit comptoirs du service de l’immigration, seuls sept sont occupés. Avec environ 5 000 documents de voyage à vérifier par jour, les agents sont vite débordés.
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