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Tournée d’Olivier Bancoult aux États-Unis : la question chagossienne sous l’œil du Washington Post

Olivier Bancoult à Capitol Hill, entouré de Roger Alexis, un Chagossien, et Philip Ah-Chuen, qui a accompagné le groupe aux États-Unis.

Sous le titre « They were deported to build a U.S. naval base. Now they want réparations », le très réputé Washington Post s’intéresse à la question chagossienne.

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Le média américain consacre un long article dans son édition du dimanche ainsi que sur son site web à la tournée d’Olivier Bancoult, président du Groupe Réfugiés Chagos, aux États-Unis, et au sort des Chagossiens.

Le Washington Post fait état des demandes de réparations financières et autres des Chagossiens qui ont été évincés de force de l’archipel des Chagos - le dernier Chagossien ayant quitté l’endroit c’était en 1973, pour permettre la création d’une base militaire américaine sur Diego Garcia.

Pendant des décennies, les îles étaient administrées par la colonie britannique de Maurice. Mais au début des années 1960, le gouvernement britannique accepta de louer une partie de la colonie aux États-Unis pour y construire une base navale, séparant ainsi les îles Chagos de Maurice pour former une nouvelle colonie britannique appelée Territoire britannique de l’océan Indien », note le Washington Post.

« Selon des archives judiciaires, le gouvernement américain a insisté pour que les Chagossiens qui y vivaient – une population descendant des esclaves africains amenés par les Français dans les années 1700 – soient expulsés pour permettre la construction de la base navale. En 1971, le commissaire du Territoire britannique de l’océan Indien, Bruce Greatbatch, a promulgué une ordonnance interdisant l’accès des îles aux autochtones des Chagos », précise-t-il.

Depuis plus de 50 ans, les Chagossiens affirment que leurs droits ont été bafoués. En 2004, ils ont commencé à demander justice devant les tribunaux internationaux, arguant que les gouvernements britannique et américain avaient violé leurs droits humains en les forçant à quitter leur pays.

En tournée aux États-Unis, Olivier Bancoult s’est rendu à Washington pour rencontrer des membres du Congrès et pour « exiger que le gouvernement américain présente des excuses et paie des réparations pour le renvoi forcé. Nous voulons mettre le gouvernement américain face à sa responsabilité », a-t-il dit.

 Au cours de sa visite, Bancoult a assisté à une projection et à une discussion à l’American University du documentaire de 2022 « Absolutely Must Go », qui raconte la lutte des Chagossiens pour rentrer chez eux.

Citée par le Washington Times, Cristina Becker, directrice associée du programme américain de Human Rights Watch, a déclaré que « nous arrivons à un point où les membres actuels du Congrès et le président Biden ne peuvent plus dire qu’ils ne sont pas conscients des crimes contre l’humanité que le gouvernement américain continue de commettre contre le peuple chagossien ». Elle trouve « stupéfiant » que les gouvernements américain et britannique « refusent continuellement aux Chagossiens l’accès à la cohabitation ou même au travail sur la base américaine qui les a déplacés, bien qu’ils aient accordé cette autorisation à d’autres civils ».

Lors de son passage, Olivier Bancoult devait préciser que les Chagossiens n’ont jamais demandé le retrait de la base américaine, mais simplement la possibilité de vivre dans leur lieu de naissance. « Je pense qu’il existe une certaine discrimination à l’encontre des Chagossiens », a déclaré Olivier Bancoult. « Partout dans le monde, là où nous avons une base militaire américaine, nous avons des logements pour la population locale. C’est le seul endroit où nous avons une base militaire américaine à laquelle la population locale n’a pas eu accès. »

Human Rights Watch souhaite que les gouvernements du Royaume-Uni et des États-Unis versent des réparations aux personnes qui ont été forcées de quitter leur pays et leur permettent un « retour permanent sans entrave ». L’ONG demande également des excuses au roi Charles III.

Rappelons qu’en 2017, les Chagossiens et Maurice ont porté leur cause devant la Cour internationale de Justice. Deux ans plus tard, le tribunal a statué que la création du territoire britannique de l’océan Indien était « illégale » et que Maurice était le souverain légitime des Chagos. Le tribunal a appelé le Royaume-Uni à « mettre fin le plus rapidement possible à son administration continue de l’archipel des Chagos ». L’Assemblée générale des Nations unies a répondu quelques mois plus tard en adoptant une résolution ordonnant au Royaume-Uni de coopérer avec Maurice pour aider les Chagossiens au retour.

Depuis la fin de l’année dernière, les gouvernements britannique et mauricien sont en négociation par rapport aux Chagos. Ces pourparlers avancent -du moins c’est ce que l’on affirme dans un camp comme l’autre- dans la bonne direction. Rappelons que le gouvernement mauricien, notamment à travers Pravind Jugnauth, Premier ministre, a affirmé à plusieurs reprises que les Chagossiens pourront se réinstaller aux Chagos et que l’existence de la base militaire américaine n’est pas remise en question.

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