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Tourisme : 4 000 professionnels en manque dans l’hôtellerie

De g. à dr., le CEO de l’Ahrim, Jocelyn Kwok, le président sortant, Désiré Elliah, le ministre Steven Obeegadoo et le nouveau président Thierry Montocchio.

L’Association des Hôteliers et Restaurateurs Île Maurice a organisé, jeudi, son assemblée générale. Thierry Montocchio, Chief Executive Officer de Rogers Hospitality, a été élu président de l’association. Lors de cet événement,  les perspectives et les défis du secteur ont été évoqués. 

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L’Association des Hôteliers et Restaurateurs Île Maurice (Ahrim) compte un nouveau président : Thierry Montocchio, élu à l’issue de l’assemblée générale de l’association, tenue, le jeudi 26 octobre 2023, à l’hôtel Le Labourdonnais, Port-Louis.

Désiré Elliah, le président sortant, a fait ressortir que 2023 a dépassé les attentes des hôteliers. « La vitesse à laquelle notre industrie a retrouvé son dynamisme nous a tous agréablement surpris. Elle nous a permis de retrouver plus tôt que prévu une solide profitabilité », a-t-il avancé.  

Selon lui, ces excellents résultats témoignent les forces fondamentales de la destination. Il a salué, en particulier, l’effort et le dévouement des équipes. Désiré Elliah a affirmé que les hôtels opèrent toujours avec un personnel restreint. « Malgré des efforts et des discussions de part et d’autres, il manque toujours à l’industrie 4 000 professionnels pour être a la hauteur du service d’excellence attendu d’une destination 5-étoiles », a déploré le président sortant. Il a fait comprendre que les équipes ont travaillé dans des conditions difficiles. « Certains ont même dû travailler pour deux », a-t-il indiqué. 

Selon lui, chaque groupe hôtelier, chacun à sa façon, s’est remis en question pour déployer de nouvelles politiques RH. « Certains ont multiplié les bonus spéciaux, d’autres ont adopté une plus grande flexibilité, initié de nouveaux régimes de travail, introduit des programmes de reconnaissance et des nouvelles mesures d’inclusion et de bien-être », a-t-il soutenu. Désiré Elliah a affirmé que les employés se sentent de plus en plus engagés et « cet engagement s’est reflété dans les résultats du National Employee Engagement Survey entrepris par Business Mauritius ». « Selon ce baromètre national, c’est dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration que le plus fort taux d’engagement a été enregistré », a-t-il dit-il, estimant qu’à un moment où la jeune nouvelle génération déserte le secteur, il est important que « ces résultats soient divulgués et compris ». 

Trois Mauriciens pour un étranger

Le président de l’Ahrim, Thierry Montocchio a, lui aussi, mis l’accent sur la reprise dans le secteur. « On a connu deux bonnes années après la période post-Covid, et nous restons toujours optimistes », a-t-il déclaré. Cependant, « il y a toujours des défis à relever, en particulier, en ce qui concerne la formation ». 

La main-d’œuvre est un dossier qui reste « on top of the list » des priorités. « Les hôteliers ont repensé au mieux de leurs possibilités leurs politiques RH pour retenir les talents.  Mais on ne peut pas leur demander de fournir plus d’efforts qu’elles ne le font. On ne peut pas continuer à opérer un hôtel avec 20 % de personnel en moins et fournir le service hautement personnalisé sur lequel est construit notre modèle », a martelé Thierry Montocchio. Il a fait comprendre que durant la haute saison, « la clientèle paie le prix fort et son niveau d’exigence est plus élevé ».  

Pour combler le déficit de personnel, le Chief Executive Officer (CEO) de Rogers Hospitality est d’avis que le quota de trois Mauriciens pour un étranger est tout à fait raisonnable. « Il n’y a aucun risque que ce ratio ne compromette de quelque façon notre ADN », a-t-il appuyé. Par ailleurs, il estime qu’il faut relancer la formation et que le « mismatch » entre l’École Hôtelière et les besoins de l’industrie continue à se creuser.  « Il est temps de repenser notre École hôtelière », a-t-il soutenu. En ce qui concerne la destination, l’accent doit, selon lui, être mis sur la durabilité. « Nous devons nous concentrer sur une destination plus écologique », a avancé le président de l’association. 

Nouvelles incertitudes en 2024 

Quels seront les effets de la situation géopolitique qui reste tendue? L’inflation persistante va-t-elle impacter à long terme le pouvoir d’achat des voyageurs ? Voire, les Jeux olympiques de Paris pourraient-ils nous priver des vacanciers français ? Ce sont autant de questions que pose Thierry Montocchio. Selon lui, 2024 s’annonce ponctuée de nouvelles incertitudes. « Une façon certaine de se protéger de tout imprévu est de poursuivre la diversification de nos marchés. Il reste que sur ces facteurs externes, nous n’avons que peu de prise », a-t-il indiqué. En revanche, pour pérenniser la reprise, le CEO de Rogers Hospitality estime qu’il faut travailler sur les problématiques internes, renforcer les  stratégies d’adaptation au nouvel environnement

Les incidents à La Citadelle risquent de déchirer le tissu national, selon Obeegadoo

Steven Obeegadoo a aussi commenté les incidents survenus à La Citadelle  samedi dernier : « Ces incidents risquent de déchirer le tissu national. Je condamne fermement ce qui s’est passé. Si l’on n’est pas d’accord avec l’organisation d’un tel événement, on peut aller devant la justice pour contester. Mais il n’est pas question de prendre la loi entre ses mains. Il faut être vigilant. »

Le profil de Thierry Montocchio

Thierry Montocchio, expert-comptable, est le CEO de Rogers Hospitality depuis le 1er septembre 2019. Il a rejoint VLH en 2012 en tant que Chief Financial Officer et a été nommé sur son Conseil d’administration la même année. En 2021, VLH est devenu Rogers Hospitality et est amené à couvrir les pôles de l’hôtellerie, de la restauration et des loisirs. Son dernier projet abouti est l’ouverture de La Réserve Golf Links à Bel Ombre en 2023. Thierry Montocchio a aussi été le vice-président de l’Ahrim durant ces deux dernières années. Il a débuté sa carrière professionnelle en 1998 chez Bass Gordon, cabinet d’experts-comptables en Afrique du Sud, puis s’est retrouvé comme consultant en Angleterre en 2001. De retour à Maurice en 2002, il a rejoint BDO et, en 2007, il a été nommé Partner de la Corporate Finance Division. Pendant les 10 années passées chez BDO, il a agi comme conseiller financier sur de nombreux projets du secteur privé de Maurice. Marié et père d’une fille, Thierry Montocchio est un passionné de littérature, d’histoire, aime les voyages et les bons moments entre amis.

Steven Obeegadoo, ministre du Tourisme : «Une nouvelle politique bientôt annoncée»

Présent à l’AG de l’Ahrim, Steven Obeegadoo, ministre du Tourisme, a souligné que l’industrie touristique a réussi sur le plan quantitatif en termes d’arrivées et de recettes. Il a également souligné la nécessité d’aller au-delà pour tirer des leçons de la pandémie. Selon lui, le principal défi actuel pour le secteur est « de trouver des collaborateurs pour accompagner cette reprise ». Il a expliqué : « Au sein du Joint Working Group, nous avons travaillé ensemble pour formuler des propositions au gouvernement. Je pense qu’incessamment la nouvelle politique sera annoncée, permettant de réaliser un judicieux équilibre entre l’attractivité locale de l’industrie hôtelière pour attirer davantage de jeunes vers le tourisme, tout en ayant recours à la main-d’œuvre étrangère. » 

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