En cette période de l’année, les rues sont bondées. Inévitablement, les toilettes publiques sont davantage sollicitées. Sauf que leur état laisse fortement à désirer, entre actes d’incivisme et absence d’entretien.
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Les fêtes de fin d’année approchent à grands pas. Et qui dit festivités dit shopping. En cette période, les rues sont souvent bondées. Et lorsqu’une soudaine envie de vous vider la vessie se manifeste, vous trouverez des toilettes publiques dans presque toutes les villes. Sauf que, dans bien des cas, nombreux sont-ils à rebrousser chemin…
Tube lumineux ne tenant qu’à un fil, câbles électriques hasardeux, vieilles toilettes obstruées… Nous sommes aux toilettes publiques du jardin de Plaine-Verte. Entre l’odeur nauséabonde qui s’en dégage et le manque d’entretien flagrant, il faut avoir le cœur bien accroché… et surtout une envie vraiment très pressante.
Les messieurs ne sont pas mieux lotis. C’est même pire. Une fois la porte passée, le constat choque. Le lieu est devenu un terrain de jeu pour les toxicomanes. Des seringues jonchent le sol çà et là. On en oublie presque l’état déplorable des toilettes.
Plus loin, toujours dans la capitale, plus précisément à Renaissance, les passagers attendent l’autobus sur un arrêt collé aux toilettes publiques. S’y dégage une odeur fétide. À l’intérieur, spectacle affligeant…
Jayantee (prénom d’emprunt), une sexagénaire habitant la région, déplore le fait de devoir subir cette odeur quotidiennement. « Ça nous dérange. Malheureusement, nous n’avons pas d’autre choix que d’attendre le bus ici », lance-t-elle.
Elle demande aux autorités concernées de déployer une équipe pour le nettoyage des toilettes. « Ce n’est pas évident pour ceux qui attendent le bus ici. C’est dégoûtant ! Ce n’est pas là l’image d’une île Maurice qu’on voudrait projeter au monde », lâche-t-elle, remontée.
C’est dégoûtant ! Ce n’est pas là l’image d’une île Maurice qu’on voudrait projeter au monde»
À la Gare du Nord, âmes sensibles s’abstenir ! L’air y est irrespirable. Certains, toutefois, s’en accommodent, trouvant le moyen de griller une cigarette… Et pourquoi pas faire un brin de causette au téléphone tant qu’ils y sont ?
Du côté de la gare de Rose-Hill, deux services sont disponibles. D’une part, pour Rs 10, vous avez droit à des toilettes propres. Pas de rouille sur le robinet. Et même les réservoirs ont été camisolés au fil de fer afin d’éviter les vols. Cependant, on n’est pas à l’abri d’une petite lecture de graffitis pendant la pause-pipi. Des petits souvenirs laissés par les vandales.
Pour les toilettes publiques gratuites, c’est tout autre chose. Difficile d’éviter des flaques d’urine ça et là… Ou encore de contourner la difficulté d’utiliser un robinet cassé recouvert de plastique tout en évitant de causer une inondation. On fait comme on peut. Par ailleurs, en cas d’envie pressante et en l’absence de Rs 10, il faudra prendre son mal en patience, car l’une des deux toilettes a cédé, comme l’annonce subtilement la pancarte indiquant d’une flèche : « Toilet pas bon mersi ».
À Curepipe, on a également le choix entre les toilettes publiques payantes et non-payantes. Cependant, l’hygiène fait débat. D’une part, sol humide, robinet suspendu dans le vide ou laissés insoucieusement ouverts témoignent de l’incivisme des usagers. D’autre part, cartons trempés, murs délabrés, lances çà et là, mégots de cigarette dans les poubelles…
Avec la construction de la station du Metro Express, Rajen, receveur d’autobus, indique que les toilettes publiques se trouvent désormais à des kilomètres de la gare d’autobus. Celles récemment aménagées à la gare du Metro Express ne sont, elles, pas accessibles au public et aux receveurs et chauffeurs d’autobus. « Ces toilettes seraient réservées au personnel de Metro Express Ltd », dit-il.
Une situation qu’il qualifie de pénible. « Ce n’est pas évident pour nous qui voyageons des heures. Arrivés à la gare, nous devons parcourir des kilomètres pour nous soulager. Devons-nous nous résoudre à débourser Rs 10 à chaque fois que nous avons une envie pressante ? C’est inacceptable ! » tonne Rajen. Par conséquent, certains disent préférer se soulager dans un petit coin de la rue.
Réactions des autorités
Sollicité par Le Dimanche/L’Hebdo, Daniel Augustin, l’adjoint au lord-maire, affirme que les toilettes publiques situées à Renaissance ont été rénovées. Idem pour les autres aménagées dans la capitale. Quid des toilettes de Plaine-Verte ? Il indique que des travaux de rénovation seront bientôt entamés.
« Trois mois de cela, la mairie de Port-Louis a investi Rs 5 millions afin de refaire les infrastructures dans les toilettes publiques de la capitale. L’entretien est du ressort du prestataire de service chargé du nettoyage et de l’entretien des lieux d’aisance », fait savoir Daniel Augustin.
Il concède que les toilettes ne sont pas en parfait état, faisant souvent les frais des vandales. « C’est le cas des toilettes de Plaine-Verte où un vol a été rapporté il y a deux jours au poste de police. C’est pour cela qu’on laisse le choix aux Mauriciens en proposant des toilettes payantes, notamment au jardin de la Compagnie et à la gare Victoria, qui sont dans un état correct. »
Interpellé sur les seringues retrouvées aux toilettes publiques de Plaine-Verte, l’adjoint au lord-maire dit être conscient du problème. « Malheureusement, les toilettes de Plaine-Verte sont fréquemment utilisées par les toxicomanes. Nous devons informer les ‘contracteurs’ afin d’entamer une nouvelle fois les mesures nécessaires. »
David Utile, l’adjoint au maire de Beau-Bassin –Rose-Hill, souligne qu’une compagnie privée s’occupe de l’entretien des toilettes publiques. « Selon le contrat établi avec ce prestataire privé, une personne doit être sur place en permanence afin de nettoyer au courant de la journée, le matin et surtout l’après-midi », informe-t-il.
Et d’ajouter que la mairie a tenu à conserver le service des toilettes publiques non-payant pour le public afin d’en améliorer l’accès. Ce choix n’est toutefois pas sans inconvénient. « À Rose-Hill, nous avons souhaité garder les toilettes publiques sans frais, avec une considération spéciale pour ceux qui ne peuvent pas débourser cet argent. Cependant, nous faisons face à de nombreux inconvénients et des actes d’incivisme : graffitis sur les murs, vols des robinets… Certaines personnes utilisent aussi les toilettes n’importe comment », déplore David Utile.
Maintenir ce service a un coût, précise-t-il. « Au niveau de la mairie, nous faisons de notre mieux. Malgré le nettoyage, à la fin de la journée, c’est retour à la case départ. »
Nous avons également sollicité le maire de Curepipe, Hans Margueritte. Il est demeuré injoignable.
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