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Théâtre d’une précarité : huit personnes vivent dans une chambre à Barkly

Mélanie Mélanie vit dans cette petite chambre avec son mari, ses quatre enfants et ses deux petits-enfants.

L’argent n’a pas d’odeur mais la pauvreté en a une, surtout quand huit personnes vivent dans une chambre. Criblée de dettes et impuissante face aux comportements agressifs de ses deux frères toxicomanes, Mélanie (45 ans) vit, avec sa famille, dans une maison à Résidence Barkly dépourvue d’électricité et d’eau. Immersion dans l’univers impitoyable de la pauvreté.

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Lorsqu’on emprunte les escaliers de la maison, impossible d’imaginer qu’une chambre puisse être le théâtre d’une telle précarité. Mélanie ouvre la porte et nous laisse découvrir la petite pièce qui sert de logement. S’il ne sont pas éparpillés, les vêtements sont entassés dans des sacs en plastique. Deux matelas servent de lits pour huit personnes. Une télé se trouve sur une commode mais ne peut être utilisée par manque d’électricité.

La nuit, la famille vit à la lueur de bougies. « Je vis ici avec mon mari, mes quatre enfants et mes deux petits-enfants », confie Mélanie. Elle explique qu’en été, la petite pièce lugubre est une vraie fournaise mais en hiver tous doivent se blottir les uns contre les autres pour se réchauffer.

Ces quelques mètres carrés témoignent des maigres moyens de la famille. Mélanie ne peut pas déménager car seul son mari Jason, 43 ans, travaille en tant que peintre. Son salaire est irrégulier. Mélanie doit rester à la maison pour s’occuper de son benjamin Gabriel, cinq ans, qui est autiste. La quadragénaire a bien souvent du mal à arrondir les fins de mois. Avec sept bouches à nourrir, la famille doit parfois se coucher le ventre vide.

Une dette en amène une autre : elle a fait un emprunt pour faire une tabagie. Mais le commerce n’a pas abouti, selon Mélanie. Les factures impayées s’accumulent et la jeune femme ne peut éviter les coupures d’eau et d’électricité. Chaque matin, grâce à la générosité d’un voisin, elle remplit des tonneaux d’eau.

Isaac, le père de Mélanie est décédé en novembre.  La demeure familiale étant à son nom, elle est vite devenue source de conflits, résultant en coups et insultes de ses frères. Souffrant d’une maladie cardiaque depuis la naissance, Mélanie a récemment été opérée. « Mon souhait serait de trouver un logement social où je pourrais vivre avec mon mari et mes enfants », dit-elle.

Maigre repas

Jason la rejoint et la console. Il confie que vivre dans cette maison est difficile car ses beaux-frères ont de mauvaises fréquentations. Il nous fait faire le tour de la maison jusqu’à la cuisine. Là se trouvent deux éponges qui servent sans doute de lits. En ce lieu où les maigres repas sont préparés dorment un beau-frère et un autre homme dont Jason ignore l’identité. Puis on se dirige vers la salle de bains, les toilettes et le lavabo, utilisés par tous, y compris les inconnus qui font le va-et-vient.

On prend à nouveau les escaliers pour arriver dans une chambre sombre inutilisée. Jason soutient que son beau-frère y emménagera bientôt et il sait d’avance que d’autres inconnus y séjourneront aussi. Plus loin, il y a une porte cadenassée. Derrière se trouve une chambre où vit un autre beau-frère, sa conjointe toxicomane, un chien et un chat.

Il est 14 h 15. La porte d’un van scolaire s’ouvre et un gamin accourt pour sauter dans les bras de Mélanie. Lui, c’est Gabriel. Il a cinq ans et est autiste. Deux mots : maman et papa. C’est tout ce qu’il peut dire. Ses parents se réjouissent car ils ont attendu longtemps avant de l’entendre parler. Derrière son sourire innocent, Gabriel est inconscient de la triste réalité de sa famille.

Repli sur soi, comportements perturbateurs, intérêts restreints, difficulté à entrer en relation avec autrui…  C’était le quotidien de Gabriel, raconte Mélanie qui a multiplié les démarches afin qu’il aille à l’école. Des refus, elle en a eus mais elle a persévéré pour que son fils surmonte son handicap.

Si l’accompagnement se fait de préférence à la maison, grâce au soutien d’une organisation non gouvernementale, Gabriel fréquente depuis février une école spécialisée pour son développement personnel. Mélanie avoue que cette aide lui est très précieuse. Car l’enfant est plus à l’écoute depuis qu’il va à l’école. Mélanie est aussi la mère d’Adeline (21 ans), Anna (14 ans) et Gavin (12 ans). Elle a deux petits-enfants en bas âge. La mère de famille s’est retrouvée avec deux bouches de plus à nourrir car Adeline, victime de violence domestique, s’est réfugiée chez elle avec deux enfants.

La famille lance un appel à l’aide à toute personne qui pourrait l’aider à faire des démarches pour avoir un logement social. Elle a aussi besoin de vivres et de matériel scolaire pour Anna, Gavin et Gabriel.

Jenna Ramoo

 

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