Un incident, une carrière dans l’enseignement qui s’efface et une nouvelle vocation dans le textile. Le parcours de la directrice de Queens Fashion Company Ltd confirme l’adage qui dit qu’il faut forger son destin. Dans son cas, il fallait l’écrire à la force d’un poignet jadis sans vie.
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Après des études au collège London où elle a étudié les mathématiques, la chimie et la physique, Poulavi Sornum intègre l’enseignement dans une institution privée. Son objectif : poursuivre parallèlement des études et s’investir dans son métier d’enseignante, écrire sur le tableau et partager son savoir avec ses élèves. Son parcours était tout tracé.
Un incident viendra contrarier ses ambitions. Elle ne ressent plus aucune sensation dans son poignet droit. Son kinésithérapeute la prévient : la thérapie sera longue. Poulavi Sornum a deux options pour redonner peu à peu vie à son poignet : soit employer une méthode destinée aux sportifs de haut niveau et tonifier un muscle essentiel à la vie d’un jeune, soit apprendre à manier une paire de ciseaux. Elle choisit la seconde option. Utiliser des ciseaux, sans savoir que cet outil essentiel au tailleur lui permettra de démarrer une autre vie d’entrepreneur.
« Je devais prendre la paire de ciseaux dans la main gauche, la placer dans celle de droite et tenter d’activer les doigts de la main pour que le poignet retrouve peu à peu sa mobilité », confie la chef d’entreprise.
« Je me mettais à couper du tissu. Les ciseaux partaient dans toutes les directions. Ma mère intervenait. Elle me recadrait. Elle m’initiait aux techniques de la couture. D’abord, c’était un drap, puis une taie d’oreiller. Nous nous retrouvions avec une centaine de draps et de taies, confectionnés avec l’aide d’une couturière qui venait aider à la maison. Le volume était tel qu’il fallait trouver des clients pour l’écouler. »
Diversifier la production
Rendez-vous est pris avec la direction de Jumbo de Riche-Terre. Mais la femme d’affaires en herbe n’a pas de société enregistrée à son nom, une condition essentielle pour conclure des contrats et réaliser des paiements. En septembre 2004, elle enregistre Queens Fashion Company Ltd. Pendant deux ans, sa firme fournira Jumbo en draps et taies d’oreiller très basiques. Son poignet droit retrouve des sensations de base. Elle s’engage dans cette voie, entamant une carrière inattendue de chef d’entreprise.
Elle se rendra compte que la vente de draps ne connaîtra pas de croissance exponentielle, vu que les Mauriciens n’en changent pas beaucoup durant l’année. Qui plus est, elle n’a pas les contacts qu’il faut avec de grosses entreprises clientes, dont les hôtels, pour écouler ses produits. Un fournisseur en accessoires de couture lui suggère de diversifier sa production et de confectionner des uniformes. Son premier réflexe sera de prendre un de ses chemisiers, de le défaire et de le remonter. Nous sommes fin 2006.
Début 2007, la machine est lancée. Avec l’aide et le soutien financier de ses parents, la chef d’entreprise transforme le sous-sol de la maison familiale en atelier de confection. Elle investira tous ses efforts et sa confiance dans son entreprise. Pour faire grandir Queens Fashion, elle rejoint la Small and Medium Enterprises Development Authority et Enterprise Mauritius. Elle suit des formations, participe à des réunions avec des entrepreneurs, voyage, s’initie aux techniques du Fashion and Design et de la découpe.
Aujourd’hui, son entreprise compte 27 employés et fournit des uniformes au Kenya. Les draps figurent toujours sur sa chaîne de production, quand pleuvent les commandes. Poulavi Sornum partage sa vie entre son entreprise, ses deux enfants et sa famille. Elle est sur pied dès 5 heures. À neuf heures, la voilà dans son atelier. L’après-midi, elle se consacre à sa famille. Son poignet a repris. Désormais son avenir s’inscrit dans le textile et non dans l’enseignement.
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