L’affaire du terrain à bail de la mère de Steven Obeegadoo a été décortiquée dans l’émission « Au Cœur de l’Info ». Le Premier ministre adjoint et ministre du Logement et des terres a affirmé qu’il ne s’agit pas d’un renouvellement, mais d’un changement d’objet du bail.
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L’affaire du terrain à bail de la mère du Premier ministre adjoint, Steven Obeegadoo, à Port-Louis, a été le sujet principal de l’émission « Au Cœur de l’Info » sur Radio Plus et TéléPlus, le mercredi 18 septembre 2024. La journaliste Jane Lutchmaya a reçu sur son plateau Osman Mahomed, député du Part travailliste (PTr), Géraldine Hennequin, leader d'Idéal Démocrate, et Subash Gobine, éditorialiste. Steven Obeegadoo est intervenu au téléphone. Le politologue Avinash Munohur est intervenu par visioconférence.
Steven Obeegadoo déclare avoir récemment découvert que ses parents ont un bail sur un terrain à Port-Louis depuis une soixantaine d’années. Il explique que la demande ne concerne pas le renouvellement du bail, mais son objet. « Si ma maman n’avait pas fait la demande de changement, le renouvellement annuel aurait continué. Je n’étais pas au courant, je ne m’intéresse pas à ces affaires de terrains. »
Selon lui, le terrain était destiné à un collège. « A la suite du décès de mon père, ma mère a décidé d’en changer l’objet pour en faire une résidence pour personnes âgées. Elle m’en a informé et pour éviter le conflit d’intérêts et la perception de conflit d’intérêts, j’ai renoncé à mes droits de succession. »
Steven Obeegadoo ajoute ne pas avoir la date de soumission du dossier. « Je ne suis impliqué en aucune façon dans le traitement du dossier. Une demande de bail prend plus de temps qu’un changement d’objet. Dans un esprit de transparence, le ministère a demandé qu’il soit référé au Conseil des ministres car il s’agit d’un changement d’objet du bail. Cela s’est passé en mon absence du pays. Évidemment, il y a des palabres », commente le ministre.
Steven Obeegadoo insiste : « Ce que dit l’article de presse est faux. Nous sommes en précampagne électorale, nous sommes en période ‘zet labou’. Un principe élémentaire du journalisme est de demander le point de vue de toutes les personnes impliquées dans un article. Tel n’a pas été le cas. J’invite qui que ce soit qui a des éléments contre moi d’aller devant les autorités concernées, mais pas sur ‘lor enn kes savon’. »
« J’ai la conscience claire », poursuit le Premier ministre adjoint. Il assure que « n’importe quel citoyen ayant un bail depuis 60 ans, qui demande un changement d’objet, voit son dossier être traité de la même manière ». Et de maintenir : « Je n’ai pas signé le dossier. Je n’ai certainement pas été piégé. En politique, nous avons des ennemis. Est-ce que le membre de la famille d’un politicien ne peut pas faire des démarches administratives comme tout le monde ? Si vous pensez qu’il y a eu une faveur, allez devant les autorités concernées. Ma mère n’a reçu aucun privilège. Utiliser le terme ‘deal mama piti’ n’est pas une allégation, c’est un jugement. »
Commentant l’intervention de Steven Obeegadoo, Osman Mahomed fait remarquer que contrairement à d’autres cas, le terrain à bail n’a pas été repris alors qu’il n’y a pas de développement. Il dit douter qu’une enquête contre Steven Obeegadoo soit éventuellement ouverte. Plus tôt, avant l’intervention en direct du Premier ministre adjoint, Osman Mahomed avait déclaré : « Selon mes informations, le dossier a été traité en trois semaines. Est-ce le cas pour le Mauricien lambda ? Ils attendent bien longtemps. »
Subash Gobine, qui confie avoir de bonnes relations avec la famille Obeegadoo, s’est étonné que Steven Obeegadoo n’ait pas été au courant du dossier. Selon lui, le Premier ministre adjoint reconnaît que la fuite pourrait venir de quelqu’un caché dans son camp. Il est d’avis que l’affaire peut encourager des jeunes à entrer en politique pour aider des membres de leurs familles. Un peu plus tôt, il avait fait remarquer que le timing du renouvellement du bail pose des questions.
Pour Géraldine Hennequin, cette affaire maintient la perception de népotisme. « La sanction ne viendra pas des institutions dans lesquelles plus personne ne croit, mais des urnes », estime-t-elle.
Avinaash Munohur déclare qu’il y a un sentiment d’attente d’élections générales, notamment sur les réseaux sociaux. « N’importe qui peut venir dire n’importe quoi sur les réseaux sociaux. Nous devons faire extrêmement attention aux fake news et aux attaques. C’est un problème global. La liberté d’expression a ses limites. Il ne faut pas prendre une information comme étant une vérité acquise », lance le politologue.
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